Depuis plus d’un mois, des millions de manifestants qui descendent dans les rues du pays contre le système au pouvoir parlent d’une seule voix et refusent de politiser le mouvement. Des figures montantes apparaissent cependant un peu plus régulièrement sur les réseaux sociaux.
Ce n’est pas du côté des partis politiques qu’il faut chercher pour trouver ces figures. D’abord parce que dès le début, les citoyens mobilisés ont prévenu : « pas de récupération politique ! »
Moustapha Bouchachi
Un militant des droits de l’homme âgé de 67 ans a certes connu le monde de la politique car est un ancien président de la Ligue algérienne pour la Défense des droits de l’Homme, celle reconnue par la Ligue Internationale des Droits de l’homme.
Bouchachi a dénoncé la présence à la tête du gouvernement nommé dimanche 31 mars de Nouredine Bédoui, ancien ministre de l’Intérieur et à celle du pays, même le temps de la transition, d’Abdelkader Ben Salah, président du Conseil de la Nation, le Sénat algérien. « Nous n’accepterons jamais que ce chef du gouvernement, qui était derrière toutes les fraudes électorales qu’a connu l’Algérie depuis des années, organise les élections », explique Moustapha Bouchachi. Et il ajoute : Les Algériens ne peuvent pas avoir confiance en ce gouvernement, comme ils n’accepteront pas non plus que le président du Sénat devienne le chef de l’État.
Zoubida Assoul
Agé de 63 ans Zoubida Assoul est présidente du mouvement UCP et porte-parole du mouvement « Mouwatana ». Une structure qui en réunit plusieurs, fondée en juin 2018, et qui depuis militait contre une nouvelle candidature de Bouteflika à l’élection présidentielle. « Un cinquième mandat serait irresponsable », disait-elle déjà en novembre dernier sur le plateau de France 24, déplorant également que « son quatrième mandat était un blocage total pour le pays ».
Karim Tabou
Quand il apparaît dans les cortèges, Karim Tabou, 46 ans, est souvent entouré de jeunes l’acclamant et le filmant avec leurs smartphones. Ancien Premier secrétaire du Front des Forces Socialistes (FFS), il en a démissionné pour créer l’Union Démocratique et Sociale. Lui non plus ne veut se contenter de la démission de Bouteflika. Assez apprécié de la jeunesse, notamment parce qu’il est un adepte des nouvelles technologies, il se bat contre l’embrigadement des Algériens par l’islam et la corruption. Fier de voir qu’Alger est devenue « la capitale la plus respectée au monde en raison du caractère pacifique extraordinaire de la mobilisation », il estime qu’aujourd’hui que « la priorité n’est pas à la structuration de la rue mais à la restructuration de l’État, pour un pays qui se trouve dans une impasse culturelle, économique et politique ».
Dans cette liste pourraient aussi figurer les supporteurs de football, en tête dans les cortèges et chants hostiles à Bouteflika et au régime étaient entonnés depuis longtemps dans les tribunes des matchs.
Tous devraient encore sortir ce vendredi pour un septième grand rendez-vous. Et pour demander la fin du système. La transition telle qu’elle est proposée par la Constitution ne leur convient pas. Mais l’absence dans le pays d’une opposition structurée, solide et qui n’ait jamais été associée à un moment ou un autre au pouvoir reste un problème à régler, pour assurer l’avenir politique d’un peuple qui veut tout reconstruire.