Mohammed El-Korso a tenu à rappeler que son intérêt pour la question des déportations en Nouvelle-Calédonie remonte à quelques années, grâce au film de Saïd Eulmi qui a su éveiller sa curiosité d’historien.
La Fondation Slimane-Amirat a encore donné la preuve, avant-hier, de son attachement à la connaissance de l’histoire de l’Algérie. En effet, l’organisation, créée en 2000 et présidée par Zoubida Amirat, la veuve du moudjahid, a organisé une conférence-débat sur la résistance algérienne contre le colonialisme français, à travers l’histoire des Algériens déportés en Nouvelle-Calédonie.
La rencontre s’est tenue, au siège de la fondation, sis à la rue Ben Ali (ex-Parmentier), à Alger, et a été animée par l’historien Mohammed El- Korso. D’emblée, ce dernier a tenté de placer le thème dans le contexte de l’époque du XIXe siècle, en rappelant qu’il s’agit d’Algériens “qui se sont retrouvés dans l’ailleurs” et forcés de partir dans “une colonie pénitentiaire” : la Nouvelle- Calédonie. “Ces Algériens ont été déportés, car ils ont fait acte de résistance contre la colonisation. Nous sommes donc en présence d’une punition coloniale”, a-t-il expliqué.
Pour l’intervenant, l’histoire de ces déportés est “une histoire oubliée” qui demande à être connue. De plus, ajoutera-t-il, les écrits sur nos compatriotes exilés sur cette terre lointaine sont rares, pour ne pas dire insignifiants.
Dans son exposé, Mohammed El-Korso a tenu à rappeler que son intérêt pour la question des déportations en Nouvelle-Calédonie remonte à quelques années, grâce au film de Saïd Eulmi qui a su éveiller sa curiosité d’historien. Un documentaire racontant l’attachement des descendants de déportés algériens à leur pays d’origine et le travail réalisé par leur association (Association des Arabes et amis des Arabes de Nouvelle-Calédonie), pour préserver leur identité.
Le conférencier a en outre livré quelques statistiques en sa possession, montrant qu’un certain Braham Mohamed, exilé en 1864, est le premier déporté algérien en Nouvelle-Calédonie. Il a également révélé que seulement pour la période allant de 1864 à 1884, 1 702 Algériens figuraient parmi les déportés arabes. “Plus de 93% des déportés en Nouvelle-Calédonie sont d’origine algérienne”, a-t-il affirmé, notant que 45% d’entre eux étaient du Constantinois, 23% de l’Oranie et 32% de l’Algérois. Par ailleurs, l’historien a informé que les 1 700 dossiers relatifs aux déportés dévoilent que 7% étaient âgés entre 16 et 20 ans, 54% appartenaient à la tranche d’âge 21-30 ans, 31% à celle des 31-40 ans, 7% à celle des 41-50 ans et 1% à celle des 51 ans et plus.
L’étude matrimoniale de ces dossiers montrent, quant à elle, que 42% des déportés algériens étaient célibataires, 51% des hommes mariés, 5% des veufs et 2% des divorcés.
M. El-Korso a aussi annoncé que les déportations concernaient les hommes seulement, sans leur femmes ni leurs famille. “Les déportés algériens étaient exclus des lois de 1870, 1872 et 1873 qui permettaient aux déportés d’être accompagnés par leurs femmes”, a-t-il souligné.
Autrement dit, les Algériens, mariés en Algérie, et ceux en âge d’être mariés, allaient contracter des unions, surtout avec des Européennes, “des femmes perdues ramenées de Frace”.
La rencontre de la Fondation Amirat a offert l’opportunité de discuter sur la communauté algérienne en Nouvelle-Calédonie, qui reste méconnue.
Elle a surtout mis en évidence le “traumatisme” et “le déracinement” de ces hommes déportés, soumis à la violence, séparés de leurs femmes et de leur famille, vivant dans des “conditions de vie extrêmes qui affectent le mental” et subissant “l’aliénation”.
H A