Qui détient la décision économique ?

Qui détient la décision économique ?

La bataille de la transparence

Qui décide en matière économique en Algérie ? Une question à laquelle il est très difficile de répondre. Tant notre système de gouvernance est caractérisé par l’opacité. Néanmoins, plusieurs sources concordantes font état d’un double pouvoir. Le premier, apparent, est détenu par le président de la République qui semble concentrer tous les pouvoirs, les ministres dans leurs secteurs respectifs, l’APN pour le législatif, notamment concernant la loi de finances, les walis.

Le pouvoir réel, le véritable décideur, est celui qui, derrière d’épais rideaux, tire les ficelles. Des ministres, des premiers responsables des institutions publiques, des juges, des P-DG de banques, des responsables locaux sont là pour exécuter leurs décisions, confient les mêmes sources.

Ce système de gouvernance montre que l’Algérie est loin d’être un État de droit. Ces puissants au-dessus des lois de la République sont en train de mener l’Algérie vers une impasse économique et sociale et sont à l’origine de la stagnation du pays depuis des décennies. Une situation qui explique pourquoi l’import-import est si puissant en Algérie, les producteurs si marginalisés et l’informel si dominant.

Le système fournit la réponse à l’impunité qui caractérise aujourd’hui la justice algérienne, dévoilée par les lenteurs à juger les grandes dossiers de corruption et de dilapidation de deniers publics : affaires Sonatrach et Sonatrach bis, affaire de l’autoroute Est-Ouest…

En fait, “la fossilisation” de l’Algérie économiquement et socialement tient en deux raisons élémentaires : l’appétit du gain facile et le maintien des privilèges de clans au pouvoir. Une caractéristique d’un système foncièrement rentier au service des prédateurs ainsi que des hommes de l’ombre.

Conséquence : l’Algérie s’enfonce dans une régression profonde. À tel point que les lobbies de l’import-import, des hommes d’affaires véreux, détiennent aujourd’hui une influence sur la décision économique.

Cette intrusion de l’argent sale dans le politique s’est manifestée à travers l’autorisation du commerce de la friperie, l’opposition au chèque dans les transactions et la conquête, au prix de la “chkara”, de sièges de députés et de présidents d’APW et d’APC dans les législatives et les élections locales de 2012.

Fort heureusement, des patriotes fort nombreux, honnêtes et compétents, anonymes ou tapis dans l’ombre, œuvrent pour faire barrage à ces forces favorables au statu quo. De ce combat aujourd’hui feutré émergera tôt ou tard une économie beaucoup plus puissante, orientée vers la production, beaucoup plus transparente, où la concurrence loyale constitue l’une des principales règles du marché. Sans quoi, le pays se dirige droit vers le chaos.

K. R