Qui consomme quoi en Algérie: zetla, psychotropes et… un peu de « drogues dures »

Qui consomme quoi en Algérie: zetla, psychotropes et… un peu de « drogues dures »

n-ADDICTION-large570.jpgEn Algérie où la question de la légalisation du cannabis n’est pas posée publiquement, les informations sur les arrestations de trafiquant et les saisies de drogues font partie de la  »routine ».

Dimanche dernier, le chef de la sûreté de la Wilaya d’Alger, Nouredine Berrachdi a annoncé l’arrestation de trois  »barons » et la saisie de sept quintaux de résine de cannabis (chira) et 5.000 comprimés de psychotropes (ecstasy). C’est l’arrestation d’un consommateur qui a permis de remonter la filière où l’on retrouve les ingrédients habituels pour le cannabis notamment: le produit est introduit du Maroc par une  »bande criminelle transfrontalière » pour être, en partie, revendu sur place.

A Alger, un bilan des activités de la Police judiciaire pour le mois de mars 2015 fait état de 2241 affaires traitées ayant entraîné l’arrestation de 2095 personnes dont 783 pour trafic de drogues. L’activité est décidément prisée…

Mais qui consomme et quoi en Algérie ? Il est difficile d’avoir des réponses précises, les chiffres disponibles ne concernent que les personnes souffrant d’addictions qui sont traitées dans les structures publiques.

Ils sont quelques 19000 toxicomanes à être traités dans les centres publics en Algérie. La consommation reste largement dominée par les drogues douces (cannabis) et les psychotropes mais les drogues dures font une entrée même si les quantités saisies apparaissent modestes.

Entrée en « douce » de drogues « dures »

Au cours des dernières années, deux saisies de 150 kg et de 80 kg de cocaïne ont été effectuées en Algérie, a indiqué à l’APS, le directeur général de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), Mohamed Abdou Benhala.

Ces petites quantités de drogues dures qui entrent en Algérie sont la cocaïne, l’héroïne, le crack et les NSP (Nouvelles substances psychoactives). Leur provenance, Afrique de l’Ouest pour la cocaïne via l’Amérique latine et Afrique de l’est et Asie (Afghanistan, Pakistan, Iran) pour l’héroïne, témoignent à l’échelle algérienne de la mondialisation du marché.

L’appréciation du directeur général de l’ONLCDT qui s’exprimait en marge d’un séminaire euro-méditerranéen sur le traitement de substitution aux opiacés oscille entre la minimisation de l’ampleur du trafic des drogues dures en Algérie et la description d’un marché qui se met en place doucement, porté par l’inexorable mouvement de mondialisation des trafics.

Cela commence, note-t-il, par des petites quantités qui pénètrent  » le temps que le réseau de trafic s’organise et que le marché soit créé. Après ces quantités se font de plus en plus importantes ».

Pour l’heure, l’Algérie n’est pas le destinataire principal de ces drogues dures mais une voie de transit pour l’Europe. Les principales saisies dans ce domaine ont lieu au niveau des aéroports confirmant ainsi le statut de « pays de transit ».

Mais l’Algérie peut devenir un pays de « destination » par nécessité comme cela s’est fait pour le cannabis. Les quantités de cannabis venant du Maroc à destination de l’Europe ou de la Tunisie, la Libye et l’Egypte ont tendance à ne plus se contenter de transiter.

« Une bonne quantité » est consommée sur place, en Algérie, en raison, explique-t-il, du contrôle sévère des voies maritimes menant à l’Europe. Les difficultés d’acheminement vers l’Europe poussent, dit-il, les « trafiquants à orienter une bonne partie de leur drogue vers l’Algérie ».

Entre 13 et 35 ans

Mohamed Abdou Benhala reconnait qu’il est impossible d’estimer les quantités de drogue consommées en Algérie où celles qui y transitent. Le seul indicateur disponible est celui du nombre de toxicomanes (19.000 en 2014) traités dans les centres publics.

Mohamed Chekali du ministère de la santé donne le chiffre de 18.000 toxicomanes âgés en 13 et 35 ans recensés en 2015. Sur ces personnes accrocs, 2000 consomment des drogues autres que le cannabis et les psychotropes. Là également, les chiffres ne concernent que les centres de désintoxication publics. Le nombre des accrocs à l’héroïne et la cocaïne n’est pas connu.

300.000 consommateurs, selon une étude de 2010

En 2010, une étude de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONCLDT) faisait état d’environ 300 000 Algériens, de 12 à 35 ans, qui consomment de la drogue, principalement le cannabis et les psychotropes.

95% des consommateurs sont de sexe masculin contre 5% pour le sexe féminin. La consommation qui était essentiellement urbaine a commencé à s’étendre aux zones rurales. Elle touche également les universités et les cités universitaires.

L’étude mettait en exergue le fait que la drogue était un des facteurs d’augmentation de la criminalité, de la violence dans les stades, des accidents de la route et des accidents du travail » dans le pays.