Partout dans le monde, la sélection nationale se produit dans la capitale. En Algérie, Antar Yahia et ses camarades font exception, ils préfèrent le petit stade de Tchaker à Blida à l’imposante enceinte du 5-Juillet, à Alger.
Maintenant qu’il s’avère que l’arène blidéenne ne sera pas prête pour accueillir les deux prochains matches des Verts, on cherche une solution de rechange à Annaba, Constantine et Tlemcen.
Le stade olympique semble honni. Qui a donc peur du 5-Juillet ? En tout cas, pas Benchikha qui, dit-on, aurait eu un entretien avec Raouraoua pour l’assurer qu’il est prêt à affronter le public exigeant, mais connaisseur d’Alger, prêt surtout à relever le défi de charmer ce public en lui offrant le football qu’il réclame. Le boss de la Fédé hésiterait encore à dire oui. Entre-temps, on a jugé utile de contacter les anciens internationaux, ceux qui ont fait la gloire de l’EN de 1982. Trois acteurs témoignent, ils sont unanimes pour clamer le retour au 5-Juillet. Un stade qui les a vus grandir, qui les a fait grandir et qui leur a permis d’émerveiller le monde en Espagne. Prenez lecture de ce que disent Belloumi, Korichi et Mansouri. Ils se passent de commentaires. Il reste à espérer que Ziani et ses équipiers en soient jaloux et apprennent à réclamer le stade du 5-Juillet. Une arène où lorsqu’on arrive à y faire ses preuves, on ne craint plus les autres, même quand on est appelés à retourner au Caire… A. B.
Belloumi : «Le 5-Juillet, c’est pour
les grands»
Pour Lakhdar Belloumi, la question ne se pose même pas. L’équipe nationale d’Algérie doit jouer au stade du 5-Juillet. «Le public a changé, les joueurs aussi…
Franchement, je ne comprends pas ces joueurs ni ces gens qui veulent fuir le 5-Juillet. Comment peuvent-ils jouer à Tchaker, Annaba, Tlemcen ou Constantine quand on a un stade comme le 5-Juillet ? C’est incompréhensible. Nos internationaux ne doivent pas avoir peur de jouer dans la capitale. Au contraire, jouer au temple est une motivation en plus. اa doit être un avantage pour nous et un désavantage pour les équipes étrangères. Ce que les joueurs doivent comprendre, c’est que le public algérois aime beaucoup la sélection. Et s’il est intransigeant, c’est parce qu’il ne supporte pas de voir son équipe se faire ridiculiser à domicile. Le stade du 5-Juillet est mythique. Il a abrité beaucoup de grands matches. Les meilleurs joueurs algériens ont fait leur apprentissage dans le temple. C’est là qu’ils ont eu à forger leur personnalité.
«A Alger, on s’aguerrit
et on se forge une mentalité»
«Je l’ai toujours dit, le 5-Juillet est un grand stade et seuls les grands joueurs s’y trouvent. On a tous été insultés un jour. C’est ainsi qu’on s’aguerrit et qu’on se forge une personnalité. Nous concernant, le 5-Juillet nous a beaucoup aidés à devenir plus forts mentalement. Bien sûr, je ne suis pas en train d’encourager ou de tolérer ceux qui sifflent et insultent les joueurs, mais ce que je veux vous faire comprendre, c’est si les joueurs jouent bien et démontrent qu’ils font tout pour gagner, le public les soutiendra forcément. Dans le cas contraire, ils devront se battre pour reprendre cette confiance et reconquérir les supporters. Et puis, celui qui ne supporte pas la pression, les critiques et les insultes doit changer de métier tout simplement. Le public du 5-Juillet a toujours été le 12e homme et il le restera à jamais. Le 5-Juillet est un bijou et on n’a que lui», dira très clairement le numéro 10 légendaire des Verts.
F. Mansouri : «L’EN doit jouer dans la capitale»
Faouzi Mansouri, l’arrière gauche emblématique de l’équipe nationale des années 1980, pense que jouer au 5-Juillet est une évidence. Pour lui, la sélection ne doit pas jouer ailleurs qu’au temple.
«Je l’ai toujours dit, et même à l’époque des éliminatoires pour la Coupe du monde 2010, les Verts ne devaient pas jouer ailleurs qu’au 5-Juillet. Je ne comprends pas pourquoi on fuit un stade comme celui là pour aller jouer dans de petits stades. Je suis contre ceux qui disent que les petits stades sont une pression pour les adversaires. C’est vraiment du n’importe quoi. Si l’Algérie n’est pas capable de remplir un stade de 90 000 personnes, on aurait compris, mais ce n’est pas le cas. Nous avons des joueurs qui ont l’habitude d’évoluer dans de telles conditions avec leurs clubs, alors je ne vois pas où est le problème ? Et puis, Alger est notre capitale et l’EN se doit de jouer dans la capitale. Vous pensez que le Maroc va nous accueillir dans un petit stade ? Non, ce n’est pas envisageable. C’est un derby, et pour le remporter, il faut jouer au 5-Juillet et devant un stade plein. Pour remporter ce genre de match, il faut user de tous les atouts, le temple et son public le sont. On lisait dans la presse que jouer à Tchaker était une question de superstition, je pense qu’après le nul face à la Tanzanie, cette superstition est tombée à l’eau», dira Faouzi.
«Si les joueurs ne peuvent pas s’assumer, il faut les remplacer»
Sur son expérience personnelle, il dira : «Je me souviens du jour où on avait perdu 3 à 0 face au PSG au 5-Juillet. A la fin de la rencontre, on a subi la furia des supporters. Tous les joueurs ont été insultés. Certains même ont échappé au lynchage. On se sentait très mal, c’est vrai, mais on avait compris la frustration de notre public après ce fiasco. Après ce match, on était revenus jouer au 5-Juillet face à la Juventus, le Real Madrid et on a su comment reconquérir notre public. Tous les joueurs de ma génération vous diront la même chose. Le temple nous a aidés à s’aguerrir et à forger notre personnalité. Vous savez, le public algérien est très connaisseur. Il est parfois ingrat, mais il sait reconnaître les tricheurs. Maintenant s’il y a des joueurs qui n’arrivent pas à s’assumer, alors on devra en ramener d’autres tout simplement.».
A. B.
Noureddine Korichi : «Jouer dans un petit stade ? Gerets n’attend que ça»