Qui a autorisé Washington à juger la planète ?

Qui a autorisé Washington à juger la planète ?
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Les défenseurs algériens des droits de l’homme sont unanimes à s’indigner contre le rapport 2009, que vient de publier le département d’Etat américain sur la situation des droits de l’homme en Algérie.

«De quel droit ces Américains se permettent-ils de juger la planète entière, alors qu’ils ne se jugent jamais eux-mêmes ?» s’interroge M. Hocine Zehouane, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH), qui relève, au passage, que le rapport établi par le département d’Etat américain traite en fait de «généralités».



Contacté par nos soins, Me Zehouane Farouk estime que les droits de l’homme sont «stationnaires». D’où sa conviction de la nécessité de la «refondation» des droits de l’homme à l’échelle planétaire.

De son côté, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, n’y va pas avec le dos de la cuillère pour affirmer que le rapport américain est «volontairement orienté contre l’Algérie». «Je suis scandalisé, abasourdi de lire ce rapport inadmissible.

LG Algérie

C’est un rapport agressif contre notre pays», s’indigne Me Ksentini, joint hier par téléphone, soulignant que son organisation répondra publiquement à cette «attaque» une fois ledit rapport sera étudié par le conseil national de la CNCPPDH.

Me Ksentini dit toutefois que le présent rapport ne l’étonne pas outre mesure, lorsqu’on sait que les Etats-Unis n’ont auparavant pas hésité à inclure l’Algérie dans leur liste noire des pays à risque. Le président de la CNCPPDH considère que l’Etat américain a des velléités économiques derrière ce rapport.

«Je soupçonne des considérations économiques», a-t-il souligné. Me Ksentini regrette enfin que le rapport américain se base, vraisemblablement, sur des informations émanant de certaines parties internes, leur objectif étant de dénigrer l’Algérie.

A son tour, Me Nordine Benissad, membre de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH, aile Me Ali Yahia Abdenour), dénonce, dans la forme, le «deux poids, deux mesures» de l’Etat américain dans le traitement, dans ses rapports annuels, de la question des droits de l’homme dans les différents pays du monde.

Il relève ainsi que les Etats-Unis ont souvent fermé les yeux sur ce qui se passe en Irak et en Palestine, par exemple, tandis qu’ils n’hésitent pas à accabler d’autres pays où les droits de l’homme sont pourtant de loin mieux garantis.

Sinon, dans le fond, Me Benissad juge que «c’est à nous de faire notre mea-culpa en matière des droits de l’homme. On doit reconnaître que notre situation n’est pas très reluisante».

Farid Abdeladim