Lors de la séance plénière du Conseil de la nation consacrée aux questions orales, 5 ministres ont eu, jeudi dernier, à répondre aux interrogations des sénateurs. Les préoccupations des membres du Sénat portaient essentiellement sur le logement social, le transport aérien dans le Sud, le phénomène de la mendicité qui prend des proportions alarmantes, la mise en valeur des terres agricoles, le projet du permis à points, ainsi que la mobilisation des eaux de surface dans la wilaya de Bechar. Les membres de l’exécutif ont apporté des éclaircissements à toutes les préoccupations des sénateurs.
Accès au logement social : «Difficile de plafonner le revenu mensuel à 35.000 DA»
Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, M. Nourredine Moussa a affirmé jeudi dernier à Alger qu’il est « difficile » de plafonner le revenu mensuel à 35.000 DA pour l’accès au logement social, car les conditions actuelles ne permettent pas la réalisation de nouveaux programmes pour satisfaire la demande sur ce type de logements. Le ministre a souligné que l’application d’une telle mesure proposée par un membre du Conseil signifie « la hausse de la demande sur le logement social, ce qui exige, a-t-il dit, la réalisation de nouveaux programmes de logements publics pour satisfaire la demande ». Dans ce contexte, M. Moussa a indiqué que le salaire plafond exigé pour bénéficier d’un logement social qui était de 12.000 DA, il y a trois ans, est passé à 24.000 DA en vertu du décret exécutif du 11 mai 2008. « L’Etat, convaincu que le salaire plafond de 12.000 DA était désormais inadéquat, vu qu’il privait les citoyens à faible revenu de bénéficier du logement social, a décidé de l’augmenter afin de permettre aux catégories les plus démunies de bénéficer d’un logement », a-t-il estimé. Cette récente mesure a contribué grandement à augmenter la demande sur ce type de logement, depuis son entrée en vigueur », a-t-il relevé, rappelant, à cet effet, les quelque 380.000 unités prévues par l’Etat dans le cadre de ce programme qui ont été consacrées au relogement des familles habitant dans des logements précaires. Evoquant le programme de réalisation de 4.000 unités dans le cadre de la formule location-vente à Alger, M. Moussa a invité les quelque 142.000 citoyens qui ont déposé leurs dossiers pour l’acquisition d’un logement à faire preuve de « patience ».
M. Moussa a indiqué que les citoyens ayant versé la première tranche seront les premiers à bénéficier du quota de 4.000 logements de type location-vente.
Citoyens du Sud à faible revenu : une subvention des tarifs des billets d’avion
Le ministre des Transports, M. Amar Tou, a annoncé jeudi dernier une subvention éventuelle des tarifs de billets d’avion au profit des citoyens du Sud à faible revenu. M. Tou qui répondait à un membre du Conseil de la nation au sujet de la cherté des billets de voyage pour les habitants du Sud, a indiqué que cette question « reste posée et un réaménagement des tarifs est probable tout en trouvant des sources de récupération idoines ».
Il a, à ce propos, précisé qu’il était inconcevable d’imposer à la compagnie Air Algérie, en sa qualité d’entreprise économique, des solutions à caractère social.
Cependant, il existe, a-t-il dit, un système au profit des malades qui se déplacent du Sud vers le Nord outre les réductions des tarifs de billets au profit des jeunes, des familles et des enfants qui oscillent entre 25 et 33%.
Concernant la réduction saisonnière, M. Tou a indiqué que la comparaison n’avait pas lieu d’être, car les formules promotionnelles sont de courte durée dans le courant de l’année. A une autre question sur le programme de réalisation de la voie ferroviaire pour renforcer le transport de marchandises et l’allègement du transport routier, M. Tou a affirmé que 20 km ont été récupérés au niveau des ports. Le représentant du gouvernement a souligné l’existence d’un accord entre le ministère de l’Agriculture et l’Energie pour le transport des céréales et des hydrocarbures par voie ferroviaire. Il a tenu à rappeler à cet effet, que le programme arrêté par son ministère vise l’objectif de 10.000 km d’ici à 2015. 445 km ont été réceptionnés en 2009, alors que 757 ont été remis en service, après arrêt total, a-t-il conclu.
Le projet de décret du permis à point finalisé
Le ministre des Transports, M. Amar Tou, a annoncé jeudi dernier que le projet de décret portant application du permis à points est finalisé, et sera présenté prochainement au gouvernement. « Avec ce nouveau système de notation, l’Algérie sera au niveau des autres pays développés ». M. Tou a évoqué, dans ce cadre, la nécessité de juguler le nombre d’accidents de la route, qui a fortement augmenté au premier trimestre 2011 par rapport à la même période de 2010. Selon un bilan de la gendarmerie nationale présenté en avril dernier, 758 personnes sont mortes et 8.412 autres ont été blessées dans 4.906 accidents de la circulation survenus à travers le territoire national durant les trois premiers mois de l’année en cours. Par rapport au premier trimestre 2010, le nombre de décès a augmenté de 143 (+23,25 %), celui des blessés de 2.138 (+34,08 %) et celui des accidents de 1.248 (+34,12 %). Si cette cadence (de victimes) continue, »le nombre de victimes va atteindre le seuil de 2009 », avant l’application du nouveau code de la route, a précisé M. Tou.
Plans de circulation : une particularité accordée aux grandes villes
M. Amar Tou a indiqué par ailleurs que son secteur comptait élaborer à moyen terme 50 plans de circulation dans autant de villes algériennes pour adapter le mobilier urbain au trafic de véhicules et moderniser le transport en milieu urbain. « Nous comptons arriver, à moyen terme, à l’élaboration de 50 plans de circulation dans les plus grandes villes d’Algérie avec une particularité qui sera accordée pour Alger, Oran et Constantine ». Ce projet « prévu par la loi de finances pour 2010, prévoit 50 plans pour 50 grandes villes algériennes », a ajouté le ministre en soulignant que l’Agence spatiale algérienne (ASAL) est chargée de la réalisation des cartes de ces agglomérations. Le ministre a indiqué que la carte concernant la ville d’Oran est achevée, alors que celles d’Alger et de Constantine sont en cours de réalisation. Selon M. Tou, ces cartes permettront à des spécialistes nationaux et étrangers d’élaborer des plans de transports modernes.
En attendant ces nouveaux plans, dont la réalisation « va prendre beaucoup de temps », selon lui, le secteur continuera à améliorer les plans existants.
Eradication du phénomène de mendicité : un projet de loi élaboré par cinq ministères
Le ministre de la Solidarité nationale et de la Famille, M. Saïd Barkat, a annoncé jeudi dernier, qu’un projet de loi relatif à l’éradication du phénomène de mendicité est en cours d’élaboration.
Répondant à un membre du Conseil de la nation, M. Boualem Dramchi du RND, M. Barkat a indiqué que ce projet de loi en cours d’élaboration par cinq ministères et institutions « sera scrupuleusement appliqué ».
L’élaboration de ce projet de texte, a-t-il dit, se fait calmement pour éviter tout rejet et « tout autre interprétation après application » car, selon lui, il s’agit d’une question sensible. Il a ajouté à ce propos, que le phénomène de mendicité existe dans tous les pays du monde y compris les pays avancés, soulignant que les Constitutions et lois algériennes « interdisent la mendicité mais leur application reste sans effet au regard de l’aspect religieux ». Certains mendiants exploitent des nourrissons et des handicapés, a-t-il poursuivi avant d’ajouter que l’Etat ne ménagera aucun effort pour la protection de ces catégories vulnérables. Il a indiqué que l’Etat veille à la prise en charge de l’ensemble des catégories sociales nécessiteuses à travers la consécration de 10 milliards de dinars aux catégories nécessiteuses, ajoutant que 720.000 personnes touchent une pension outre l’existence de 320 centres d’hébergement destinés à ces catégories à l’échelle nationale. 40% du budget de l’Etat est à caractère social, a-t-il précisé.
Ramadhan : les préparatifs précocement entamés
M. Saïd Barkat a affirmé, jeudi dernier, que son secteur a entamé précocement les préparatifs du mois de Ramadhan.
Dans une déclaration à la presse en marge de la séance plénière du Conseil de la nation, M. Barkat a indiqué que son ministère a entamé précocement les préparatifs du mois de Ramadhan afin de prendre en charge le plus grand nombre de jeuneurs. Concernant le couffin de Ramadhan, il a rappelé que son ministère a préféré distribuer le couffin de Ramadhan au lieu de remettre, comme décidé auparavant, des chèques aux familles nécessiteuses au nombre de 720.000. Le couffin de Ramadhan, d’une valeur de 3.000 à 5.000 DA, est assuré grâce à la contribution du ministère de la Solidarité, de la commune et de l’Assemblée populaire de wilaya. Il a précisé à ce propos, que son département ministériel compte intervenir si le couffin s’avère insuffisant en vue d’une éventuelle subvention.
Raccordement électrique des exploitations agricoles : les départements des Finances et de l’Agriculture en concertation
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, a affirmé jeudi dernier que son département avait entamé des concertations avec le ministère des Finances pour dégager un montant de 7,5 milliards de dinars au titre de la loi de finances (LF) 2012 et destinée au raccordement électrique des exploitations agricoles. M. Benaïssa, qui répondait à un membre du Conseil de la nation lors d’une séance plénière, a indiqué que cette opération permettra de renforcer les activités agricoles et de développer l’élevage en milieu agricole n’ayant pas encore bénéficié d’électricité. Des sociétés spécialisées prendront en charge le raccordement des exploitations et terres agricoles à cette énergie, a-t-il dit avant de préciser que les concertations se poursuivaient autour de la gestion des fonds à consacrer à la réalisation de cet objectif. Il est probable, a-t-il poursuivi à ce propos, que l’exécution de ces programmes de raccordement électrique soit confiée au ministère de l’Agriculture ou au ministère de l’Energie.
Mise en valeur des terres agricoles : levée du gel de l’opération
Concernant la mise en valeur des terres agricoles, le ministre a annoncé la levée, dans les prochaines semaines, du gel de cette opération, rappelant que le ministère avait arrêté un important programme pour la région du Sud.
Il a affirmé à cet effet, que l’Etat accompagnera toute partie désirant réaliser les opérations de mise en valeur. L’Etat, a-t-il ajouté, a consacré un budget annuel de 60 milliards de dinars dans le cadre du programme quinquennal 2010/2014 pour la mise en exécution de cinq programmes retenus pour le renouveau de l’économie en milieu rural à savoir la lutte contre la désertification, le traitement de bassins versants des barrages, la gestion de la richesse forestière, la mise en valeur des terres et la conservation des espaces naturels. S’agissant des mesures prises pour la protection des terres agricoles de l’avancée du désert, M. Benaïssa a souligné que des études exhaustives et précises ont d’ores et déjà été réalisées et réceptionnées lors des deux dernières années.
Construction de barrages dans la wilaya de Bechar : une étude de faisabilité en 2012
Le ministre des Ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, a annoncé jeudi dernier devant les sénateurs qu’une étude de faisabilité sera lancée au troisième trimestre de 2011 pour la réalisation du barrage de « Laaouedj » au niveau de Oued Beni-Ounif dans la wilaya de Bechar. A une question d’un membre du Conseil de la nation, sur la mobilisation des eaux de surface dans la wilaya de Bechar, le ministre a précisé que plusieurs sites susceptibles d’accueillir des barrages et des retenues avaient été recensés dans cette wilaya.
M. Sellal a ajouté que son département œuvrait à inscrire dans le programme de développement pour l’année 2012 une étude de faisabilité pour la construction d’un barrage dans la région de Oued Labyadh entre Bechar et Boukais Lahmer. La plupart des experts conviennent de la difficulté de construire des barrages dans le Sud algérien en raison du taux d’évaporation de l’eau du fait de la canicule, a-t-il indiqué. Le représentant du gouvernement a, en outre, fait savoir que son département avait engagé des contacts avec le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales en vue de transférer la gestion du périmètre irrigué du barrage d’Abadla de l’entreprise de wilaya qui en est chargée actuellement à l’Office national d’irrigation pour une meilleure maîtrise et la rationalisation de l’utilisation des ressources en eau. Le ministre a, par ailleurs, souligné que la programmation des travaux d’entretien du barrage de Djorf Ettorba, dont l’exploitation a démarré en 1969, était tributaire de la disponibilité des ressources en eau et de la capacité de cette infrastructure à couvrir les besoins en termes d’irrigation et d’alimentation en eau potable.
Les eaux stockées, estimées actuellement à 130 millions de mètres cubes, suffisent pour couvrir les besoins annuels qui sont de 10 millions de mètres cubes d’eau potable au profit des daïras de Bechar, Abadla et Kenadza, et de 57,5 millions de mètres cubes destinés à l’irrigation au niveau du grand périmètre irrigué de Abadla qui s’étend sur une superficie de 4.500 hectares.