Qu’est venu chercher Alain Juppé à Alger ?

Qu’est venu chercher Alain Juppé à Alger ?

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé était attendu mercredi en Algérie pour une visite de 24 heures alors que la presse commentait abondamment la consolidation des liens franco-algériens.

”De la lune de fiel à la lune de miel” ?, s’interrogeait le quotidien francophone Liberté résumant les hauts et les bas entre Paris et son ancienne colonie. Sans le moindre doute, le journal gouvernemental El Moudjahid juge que la visite de M. Juppé, qui commencera par dîner avec son homologue Mourad Medelci, “consacre l’approfondissement des relations entre les deux pays”.



Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères algérien Amar Belani soulignait lundi qu’elle répond à une “volonté commune d’édifier un partenariat d’exception”. Paris y voit une “visite tournée vers l’avenir et vers des solutions à des problèmes si par hasard il en reste encore”, déclarait au quotidien El-Watan de mercredi Bernard Valéro, le porte-parole du ministère français des Affaires Etrangères. A preuve, M. Juppé sera reçu par le Premier ministre Ahmed Ouyahia mais aussi par le président Abdelaziz Bouteflika. Un voyage du chef d’Etat à Paris serait évoqué à cette occasion, indique le quotidien arabophone El-Khabar, citant des diplomates. L’arrivée de M. Juppé couronne plusieurs visites ministérielles françaises entamées l’an dernier et qui ont abouti à des promesses renouvelées de partenariat. Fin mai, l’envoyé spécial du président Nicolas Sarkozy Jean-Pierre Raffarin et son interlocuteur algérien Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie, de la PME et de l’Investissement, ont organisé un Forum économique avec plus de 600 entreprises. Du jamais vu à Alger. Les deux hommes ont aussi réussi à quasi-boucler 12 gros dossiers économiques qui traînaient. La page a été tournée également pour d’autres litiges juridiques et diplomatiques mais il reste l’éternel débat sur la guerre d’Algérie et les responsabilités de l’ancienne puissance coloniale ravivées à l’approche des 50 ans d’indépendance algérienne en 2012. Fin avril en tout cas, M. Medelci déclarait que “les quelques problèmes que nous avons vécus ces dernières années sont aujourd’hui réglés”, même s’il y a “des approches qui sont différentes” sur des questions internationales ou régionales. Parmi celles-ci, la Libye. Alger a été très critique de l’intervention militaire de l’Otan dans ce pays frontalier, tout en ayant accepté la résolution 1973 du Conseil de sécurité autorisant l’emploi de la force pour protéger les populations libyennes. Paris avait été à l’avant-garde de cette intervention. Ses conséquences sur le Sahel et les activités d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), responsable de l’enlèvement de nombreux Occidentaux dont quatre Français à la mi-septembre que Paris cherche à récupérer, seront au menu également. Alger condamne tout versement de rançon. M. Juppé devra également mieux “vendre” l’Union pour la Méditerrannée (UPM), une “vraie priorité diplomatique pour la France” qu’Alger ignore en raison de la non-solution du problème palestinien.

L’influent Quotidien d’Oran voit dans la visite de M. Juppé “des préoccupations sécuritaires mais aussi (…) des projections électoralistes”, en référence à la présidentielle française de 2012. Le ministre français ira jeudi dans cette grande ville de l’ouest algérien jumelée avec Bordeaux (sud-ouest de la France) dont il est le maire pour y rencontrer les autorités et de jeunes Algériens. Le dernier ministre des Affaires étrangères français à s’être rendu en Algérie est Bernard Kouchner en mai 2008.

AFP