Qu’en est-il de l’année pédagogique 2010/2011? ,Les étudiants sont désormais en fin d’année

Qu’en est-il de l’année pédagogique 2010/2011? ,Les étudiants sont désormais en fin d’année

L’année a été très longue pour les étudiants Valider l’année pédagogique relève d’une aventure, renseignant, à plus d’un titre, sur l’échec de la tutelle.

L’année universitaire 2010/ 2011, s’est achevée sur fond de crise. Grandes écoles, facultés et instituts ont pratiquement traversé des cycles de grèves et de protestations réguliers alors que les étudiants ont été, tout de même, appelés aux examens, tandis qu’une bonne partie de leurs programmes pédagogiques n’a pas été dispensée. Et cela a été fait, malheureusement, sans pour autant qu’il y ait des mesures pour permettre aux étudiants de rattraper les cours perdus. D’où l’intervention du sociologue Nacer Aït Mouloud, enseignant à l’université de Tizi Ouzou qui a noté que l’année pédagogique 2010/2011 devait en réalité être revue en matière de critères pédagogiques. Au vu du taux des cours ratés, après trois mois de grève et de contestation qu’a connus l’Université algérienne, nombre d’enseignants et de pédagogues ont soutenu que valider l’année pédagogique relève d’une aventure qui renseigne, à plus d’un titre, sur l’échec de la tutelle. Et puis, de telles situations sont devenues, relèvent-ils, récurrentes depuis quelques années.

Néanmoins, cette année l’enseignement supérieur est marqué par un mouvement de grève sans précédent. Lequel s’est étalé, il est utile de le souligner, sur 3 mois. Le constat est donc amer et renseigne sur «le mauvais état de santé de l’Université algérienne», restée orpheline d’une vraie politique de l’enseignement supérieur. Cette noble institution est devenue, en fin de compte, une machine à produire l’échec et des chômeurs diplômés. Pourtant, l’Algérie fait partie des rares pays du Sud à posséder une université nationale riche d’un potentiel humain et matériel. Un capital, dit-on, capable de jouer un rôle stratégique dans la construction d’une économie forte et prospère au service du bien-être du peuple, comme l’ont fait l’université chinoise et l’Université indienne. C’est dire que l’Université a perdu sa fonction universelle c’est-à-dire la production du savoir, la transmission et l’application de ce savoir. Cela implique même une perte de visibilité de l’université algérienne de la part de la communauté scientifique internationale. Cela explique, par conséquent, la dévalorisation des diplômes algériens au niveau des universités internationales, malgré la propagande de la bureaucratie universitaire sur «les standards internationaux» des diplômes délivrés par l’Université algérienne. Les recyclages effectués pour les étudiants algériens, une fois inscrits dans des universités occidentales, histoire de se mettre à niveau, en est une preuve. Ainsi, la crise qui secoue l’Université algérienne, depuis deux décennies, empêche cette dernière de jouer son rôle et d’assumer ses fonctions. Cet état de fait est, selon Farid Cherbal, enseignant-chercheur à l’université de Bab Ezzouar (Usthb), est né en premier lieu de l’absence d’une politique de l’enseignement supérieur en Algérie, qui fixe les priorités et les missions de l’Université en rapport avec les préoccupations sociales, économiques et culturelles de notre société. Plus explicite, Farid Cherbal a fait savoir que l’origine de la crise est due, entre autres, à la précarisation et la dépermanisation du métier de l’enseignant, une diminution du ratio d’encadrement à cause de l’arrêt du recrutement d’enseignant permanents, l’exil économique interne et vers l’étranger des enseignants du supérieur et des diplômés universitaires. Par ailleurs, le problème des mémoires de fin d’études et des stages pratiques, le non-respect des normes pédagogiques de l’Unesco, vont faire perdre l’équivalence aux diplômes universitaires algériens avec les diplômes européens et américains. Dans le même contexte, il a aussi souligné que la seule et unique préoccupation des pouvoirs publics depuis un certain nombre d’années reste la gestion des flux d’étudiants. Même point de vue de la part de l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur, Abdeslem Ali Rachedi. Selon lui, l’Université algérienne demeure à la traîne et en marge de profonds bouleversements qu’a connus le monde du savoir et de la recherche scientifique.

Car, a-t-il fait remarquer, dans une étude traitant de la crise de l’Université algérienne, l’extension de la durée moyenne des études, la massification des études du secondaire et du supérieur, les transformations de l’organisation du travail et la généralisation du système productif à l’ensemble de la société ont assigné à l’Université une nouvelle place et de nouvelles fonctions (en plus de ses fonctions académiques classiques).