“Ces agissements n’ont rien à voir avec l’islam.” C’est par cette sentence que les responsables politiques et religieux du monde musulman se déchargent et déchargent la religion qu’ils représentent de toute responsabilité dans le terrorisme qui affecte l’humanité depuis plus d’un quart de siècle. Les élites et les citoyens ordinaires recourent aussi à cette même échappatoire morale.
Cette forme de fuite en avant a cours depuis trop longtemps. Elle a surtout trop coûté. Ceux d’entre nous qui assument une autorité d’ordre politique, moral ou cultuel usent de cette forme de fuite en avant depuis trop longtemps. Une dérobade qui a trop coûté aussi. Pourquoi devrait-on se limiter à s’en laver les mains quand il s’agit d’un acte terroriste criminel, alors que l’on se fait un devoir sacré de châtier un quidam qui aurait offensé un drapeau, un hymne national, un texte ou un symbole religieux ? Y a-t-il plus grande souillure, pour un culte, que de tuer des humains en son nom ?!
Si c’est le cas, il n’y a donc plus de place au subterfuge qui consiste à se réfugier dans son islam “véritable, tolérant et pacifique” et de laisser le terroriste et son guide islamiste à leur responsabilité “limitée”. Cette responsabilité serait alors conscrite au seul terroriste et à son commanditaire direct ! Or, c’est bien à la religion “véritable, tolérante et pacifique” qu’il fait endosser la nécessité divine de sa mission terroriste.
Si l’on veut mettre l’islam à l’abri de cette forme de profanation, il ne suffit pas de condamner le terrorisme ; il faut l’empêcher. Surtout qu’au sacrilège qui devrait indigner tout musulman, s’ajoute le simple — mais impardonnable — crime contre l’humanité qui consiste à tuer massivement des êtres humains pour ce qu’ils sont supposés être.
Le terroriste et son gourou ne sont donc pas seulement à “répudier” ; ils doivent être châtiés ou tout au moins mis hors d’état de nuire. Or, on ne voit pas dans le monde musulman l’ébauche d’une mission sacrée de délivrance de l’islam de la pollution intégriste et terroriste. Les apôtres de la violence religieuse ont pignon sur rue dans la plupart des pays musulmans : on leur ouvre, pratiquement sans restriction, les gouvernements, les minbars, les écoles, les télévisions et journaux dans lesquels ils sévissent sans retenue. Ils sévissent aussi dans les espaces sociaux et sur la voie publique, terrorisant les citoyens qui osent exhiber une attitude ou une tenue qui contrarie leur dessein d’uniformisation islamiste. Avec le coup de pouce de régimes musulmans toujours disposés à “réconcilier” les islamo-terroristes sur le dos des libertés citoyennes.
Deux jours avant l’attentat de Tunisie, la police tunisienne exécutait une opération “coup-de-poing” contre les “dé-jeuneurs” de Ramadhan à Monastir, trente kilomètres de Sousse, en application d’une récente instruction du ministère de l’Intérieur !
Il n’y a pas de secret s’agissant de la démission quasi collective : la peur. Les leaders politiques, sociaux, culturels et cultuels sont gagnés par la peur du terrorisme et par la peur que suscite en eux le discours radical. Mais cette dérobade permanente ne peut pas tenir indéfiniment. Il faudra bien que les musulmans fassent leur choix de civilisation.
M. H.