Le nombre de patients nécessitant une thérapeutique de substitution (dialyse et greffe) devrait atteindre 20.000 au cours des 5 prochaines années, a indiqué mercredi à Alger le Pr Tahar Rayane, président de la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation (SANDT).
Le Pr Rayane, qui s’exprimait lors d’une conférence-débat sur l’impact des maladies rénales sur la santé publique, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale du rein, a imputé cet état de fait à « l’allongement de l’espérance de vie, l’augmentation de la prévalence du diabète et de l’hypertension artérielle ainsi qu’à l’absence de mesures préventives ».
Selon le Pr Rayane, rien que pour la prise en charge de l’hémodialyse, le coût atteindrait « 20 milliards de dinars par an ».
Il a affirmé que l’augmentation régulière du nombre de malades atteints de maladie rénale chronique est « très préoccupante », les estimations faisant état de 1,5 million d’Algériens atteints de cette maladie, au moment où le nombre de nouveaux cas d’insuffisance rénale chronique (IRC) est, selon lui, estimé à 4.000 nouveaux cas par an.
Pour ce spécialiste, le développement de la transplantation rénale, en tant que traitement « idéal » de la défaillance rénale, reste « inadapté » devant la forte demande, en dépit, a-t-il insisté, des dispositions légales et religieuses « très favorables »
Selon le Pr Rayane, 7.000 patients sont en attente d’être greffé, un nombre qui croît d’année en année « en raison du nombre limité de greffes effectuées chaque année »
Précisant que 135 greffes ont été effectuées en 2011 (133 à partir de donneurs vivants et 2 à partir d’un donneur en mort encéphalique), l’orateur a indiqué que l’Algérie accusait un déficit « flagrant » en nombre de transplantations rénales, l’objectif à atteindre étant « au minimum de 500 par an ».
Selon lui, cet objectif ne pourrait « en aucun cas » être atteint si, en parallèle, les prélèvements à partir de donneurs en mort encéphalique ne sont pas développés.
Le Pr Rayane a déploré l’absence de culture inhérente au don d’organes, d’où, a-t-il souligné, l’importance du volet lié à la sensibilisation.
Il a noté qu’une enquête réalisée récemment faisait ressortir que 90% des familles refusaient qu’un prélèvement d’organes ait lieu sur leur défunt.
« Il faut absolument changer cette tendance », a martelé l’orateur, relevant le rôle que pourraient jouer les médias dans cette perspective.
Le Pr Rayane a, par ailleurs, émis le vœu qu’une fois ouvert en 2012, l’institut du rein et du don d’organes puisse contribuer à organiser le don d’organes et atténuer l’acuité du problème tel qu’il se pose actuellement.
Il a estimé, à cet égard, que le prochain début d’activité de l’agence nationale de greffes d’organes, de cellules et de tissus est à même d’améliorer le prélèvement et la répartition des organes, outre la gestion de la liste des malades en attente d’être greffés.
Le Pr Rayane a indiqué que 15.232 patients étaient actuellement dialysés au niveau des différentes structures hospitalières réparties à travers le pays, au moment où 183 enfants sont hémodialyses et 87 sont en dialyse péritonéale. Le Pr Rayane a émis le vœu que l’Algérien, qui d’habitude fait preuve d’une générosité et d’une solidarité « inégalables » lors des catastrophes naturelles, puisse faire de même s’agissant du don d’organes.
De son côté, le Pr Mohamed Benabadji, chef du service néphrologie au CHU Hassani Isaâd de Béni Messous a, au cours de son intervention, mis l’accent sur l’importance de la prévention, qui, a-t-il dit, « aurait réglé beaucoup de problèmes aux enfants et aux jeunes » Rappelant que la journée mondiale du rein est, cette année, célébrée sous le slogan « donner, recevoir un rein pour redonner la vie », le Pr Benabadji a appelé à développer la transplantation à partir de donneurs décédés en « mort encéphalique », appelant à méditer l’exemple de l’Espagne.
Ce pays, a-t-il précisé, après avoir été le dernier en Europe en matière de greffe d’organe, en est désormais le leader à la faveur du travail de sensibilisation des psychologues à l’adresse des familles endeuillées