Selon G. Houria, 48 ans, mère de famille, elle utilise trois sortes d’eau à la maison; celle du robinet pour le nettoyage du sol, la vaisselle et les vêtements, celle provenant du colporteur d’eau pour la cuisine et, enfin, la minérale ou de source pour boire.
Pourtant, depuis quelques années déjà, l’eau est plus présen
te dans les robinets avec même une bonne pression et en outre douce. Cette eau du robinet serait, selon la société qui l’exploite, de bonne qualité.
Cependant, la plupart des ménages, à Oran, continuent d’avoir recours aux colporteurs d’eau «ma h’lou» auprès de qui ils achètent le précieux liquide. Mais, les citoyens de la ville d’Oran savent-ils ce qu’ils peuvent encourir comme risque en buvant cette eau ?
Car une bonne partie de ces citoyens n’a presque aucune idée des conditions d’hygiène ni du lieu de la provenance de cette eau que les colporteurs ramènent dans des citernes plus ou moins propres. D’ailleurs, à maintes reprises, des colporteurs d’eau sont mis en demeure de cesser leur activité après une opération de contrôle menée par les services spécialisés du Bureau d’hygiène communal d’Oran.
Les raisons sont diverses mais la plus importante repose sur l’hygiène car certains colporteurs n’hésitent pas à vendre de l’eau qui peut constituer un danger pour la santé du consommateur. C’est le cas, par exemple, de ceux dont les citernes ne sont pas entretenues ou contiennent de la rouille.
Ils sont plusieurs dizaines à avoir investi ce créneau de l’eau douce.
Ces colporteurs s’alimentent régulièrement auprès des nombreux puits que compte Oran dont les plus connus sont situés à El-Hassi, Coca, Sidi El-Bachir, Sidi Maârouf, Bir El-Djir …etc. Sans compter également les forages illicites qui ont été découverts sur des terrains agricoles.
Même si les propriétaires des puits font l’objet d’un contrôle, le spectre de la prolifération des maladies à transmission hydrique (MTH) n’est jamais totalement écarté.
D’ailleurs, selon des sources hospitalières, il aurait été enregistré trois cas de typhoïde au début de l’année en cours.
L’utilisation d’une eau souillée qui pourrait provenir des colporteurs, en serait très bien la cause.
T. Abdelkader, 62 ans, retraité d’une compagnie de transport, nous donnera ses impressions quant à l’utilisation de l’eau: «Avec ma modeste retraite, je ne peux me permettre de boire de l’eau minérale.
Alors, je fais comme la plupart de mes voisins, ici à la cité les Amandiers, j’achète de l’eau chez les colporteurs: les ‘ma h’lou’. J’avoue que si on me certifiais que l’eau du robinet était potable et douce, je m’en contenterais pour éviter des dépenses inutiles».
Nous lui faisons alors savoir que les services qui s’occupent de la gestion de l’eau nous ont assuré de sa pureté. Il nous fit la réponse suivante: «Vous savez, comme il y a si longtemps que nous utilisons de l’eau saumâtre nous ne croyons plus à rien. Maintenant que l’on annonce cela à travers la télé, par exemple et je pourrais y croire».
Cette suspicion vis-à-vis de l’eau du robinet, est l’une des raisons qui fait qu’aujourd’hui beaucoup d’Algériens se sont mis à consommer de l’eau minérale.
D’ailleurs, le marché de l’eau minérale en Algérie a explosé en quelques années avec une production annuelle qui dépasserait, dit-on, le milliard de litres annuellement, soit plus de 5 milliards de bouteilles de 20 cl.
Actuellement plus d’une vingtaine de marques d’eaux minérales sont commercialisées dans notre pays.
Les plus connues ont pour noms «Saïda» (la plus ancienne), «Ifri», «Sidi El-Kébir», «El-Goléa», «Toudja», «Misserghine», «Sidi Yacoub»… etc. Et pourtant, tout comme l’eau que l’on achète chez le colporteur, celle dite minérale, elle aussi, ne serait pas exempte de toute critique.
Il n’y pas si longtemps, ce secteur des eaux minérales a été ébranlé par les suites d’un rapport émanant des services de contrôle de la qualité qui ont établi que la plupart de ces boissons commercialisées sont loin d’avoir les caractéristiques d’une eau minérale.
En effet, selon les experts, l’eau minérale naturelle est une eau saine, pure et microbiologique. Elle se distingue des autres eaux destinées à la consommation humaine par sa nature caractérisée par sa pureté et sa teneur spécifique en sels minéraux.
Or, le citoyen n’a pas les moyens de vérifier si tel produit est une eau minérale ou eau de source puisque les opérateurs mentionnent toujours sur les étiquettes d’emballage «eau minérale naturelle». Alors, comment diable le citoyen doit-il s’y prendre pour reconnaître une eau saine ?
Les biologistes vous conseilleront et vous proposeront de la purifier en la faisant bouillir ou en la javellisant.
Mais peut-être qu’avec le nouveau décret qui vient d’être promulgué, l’eau de nos robinets sera de meilleure qualité et tout rentrera dans l’ordre.
Alors, bientôt, fini le recours à l’eau minérale et à celle des colporteurs ? «Attendons pour voir», vous répondront les ménagères.
S.A. Tidjani