Jean-Pierre Raffarin est attendu, demain, à Alger, au titre de sa mission de consolidation des relations économiques entre la France et l’Algérie. A quelques heures de cette visite, le gouvernement algérien n’a toujours pas rendu public le nom de son «Monsieur France».
Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – L’ancien chef de l’exécutif de Jacques Chirac a pris le temps de préparer sa première sortie algéroise. Nommé le 2 septembre dernier par le président français, Jean- Pierre Raffarin est attendu demain à Alger. Si l’on s’en tient à la lettre de mission signée par Nicolas Sarkozy, Raffarin a la responsabilité «d’identifier et de lever les obstacles entre la France et l’Algérie pour leurs investissements économiques respectifs».
Il aura à jouer le rôle de facilitateur — voire même d’avocat — entre les opérateurs économiques français et les responsables politiques algériens. Mais à quelques heures de l’arrivée de Raffarin, une énigme subsiste : qui sera le vis-à-vis de «Monsieur Algérie».
En effet, au mois de juin dernier, lors de la rencontre entre Ahmed Ouyahia et Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, les deux responsables avaient décidé de nommer chacun son représentant. Aujourd’hui encore, Alger n’a toujours pas révélé l’identité de son «Monsieur France».
Pour des raisons liées à son statut, il est peu probable qu’Ahmed Ouyahia joue ce rôle. Certaines informations avaient évoqué le nom de Noureddine-Yazid Zerhouni. Nommé vice-Premier ministre à la faveur du remaniement gouvernemental du mois de mai, Zerhouni attend toujours de se voir confier ses nouvelles attributions. Plus habitué à gérer des questions d’ordre sécuritaire et politique, l’ancien ministre de l’Intérieur ne semble pas être la personnalité appropriée pour traiter des dossiers économiques d’une grande complexité. A ce stade, le choix des responsables semble plutôt restreint.
En l’absence du ministre des Finances, il se pourrait que cette mission soit confiée au ministre des Affaires étrangères ou, probablement, à celui de l’Industrie et de la Promotion de l’investissement. Reste que le représentant algérien aura face à lui un spécialiste en matière de négociations. Rappelons qu’avant d’être orienté vers l’Algérie, Nicolas Sarkozy avait chargé Jean-Pierre Raffarin de gérer les relations économiques sino-françaises. Selon certaines informations, Raffarin aura à plaider la cause de plusieurs entreprises françaises.
On cite notamment les cas de Lafarge, dont les autorités algériennes ne reconnaissent pas la propriété sur les cimenteries acquises auprès du groupe égyptien Orascom Construction; ceux de Vinci et de la RATP, engagés dans le projet du métro d’Alger, ou encore de Keolis qui s’est vu retirer le contrat de gestion du futur tramway de la capitale. Raffarin devrait également intervenir dans les litiges qui opposent trois filiales du groupe Safran — l’Etat français en est propriétaire à hauteur de 30,2% — à l’entreprise privée de droit algérien Sagem Algérie.
La visite algéroise de Raffarin ne devrait pas être uniquement consacrée aux sujets qui fâchent. Le chargé de mission de Nicolas Sarkozy devrait se transformer en VRP pour tenter de décrocher de gros contrats.
T. H.