Quel tirage au sort pour les verts ?, Le pourquoi des spéculations mal à propos

Quel tirage au sort pour les verts ?, Le pourquoi des spéculations mal à propos

Quels adversaires pour les Fennecs ? On ne patientera pas beaucoup. Une huitaine de jours (ce sera le vendredi 06 décembre) à attendre pour savoir ce que le tirage au sort leur réservera.

Difficile ? On ne le fait pas dire quand on fait partie des 32 meilleures équipes du monde et qu’on est appelé à disputer le plus prestigieux des tournois.

A-t-on au moins le choix ? Une question à ne pas poser aux joueurs qui savourent encore une qualification méritée et qui ont, c’est un avantage, six mois pour préparer le fabuleux évènement planétaire et l’étudier sous toutes les coutures avec leur coach Halilhodzic (ndlr, «il y sera, sauf s’il est emporté par la mort», selon les propres termes du président de la FAF, M. Raouraoua, qui en aurait fait la déclaration, en off, à des proches) le jeu de concurrents qui ne viendront pas pour faire du tourisme, même si l’on sait que le Brésil, avec toutes ses richesses naturelles et qui fait rêver plus d’un (allez poser la question à la brochette de stars qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer et, pour ceux qui en auront le coeur, regarderont les autres jouer à la télé) vaut plus que sûrement le détour.

À quoi devraient penser, au mois de juin, au coup d’envoi de la plus prestigieuse compétition universelle, les Ibrahimovic, Gareth Bale, Petr Cech, Ivanovic, Hamsik, et bien d’autres grands noms du football ? Trouver peut-être le moyen d’oublier leurs déboires, une occupation, partir tout simplement en vacances, loin de l’amère goût (il taraudera les esprits) de l’élimination. D’avoir laissé la place aux autres d’animer l’objectif des objectifs, le sommet de toute carrière.

Une Coupe du monde avec les Fennecs. On aimera assurément, même si la vie paraît injuste d’avoir laissé en rade de pareils monstres. On ne craindra rien (on ne voit pas pourquoi ?) pour eux. Mieux, on attendra l’exploit. A tout le moins une participation honorable sous la forme, pourquoi pas, d’un passage (on reviendra sur la question plus loin) historique au second tour. Ou plus. On arrête.

On rêve debout. Rêvons que, parmi les grandes nations convoquées pour l’occasion aucune des équipes championnes du monde depuis 1930 ne sera absente après la qualification in extremis de la France dans les ultimes instants des barrages, l’ivresse du 19 novembre dernier se déversera à nouveau dans nos rues quand, et on l’espère, Feghouli et ses frères auront épinglé l’une d’elles pour s’en aller tutoyer les cimes, écrire une nouvelle page d’histoire et répondre présent le plus loin possible (on ne parlera pas de dernier carré, on va nous prendre pour des fous quoi que, et il suffisait de vraiment rien , d’un peu de chance, pour que le Ghana n’ouvre la voie en Afrique du Sud) et mettent tout le monde d’accord (d’abord chez nous parmi les sceptiques et autres spécialistes qui font feu de tout bois ) sur leur talent naissant.

Montrer qu’on peut compter sur eux. Qu’ils sont capables de faire mal, bousculer une hiérarchie qu’on sait fermée à double tour mais qu’on peut «bouger» sur 90mn. Le 6 décembre à Salvador de Bahia, le sort voudra peut-être que l’exploit passe par un groupe relevé.

QUE PEUT-ON ESPÉRER ?

Que le «Club Algérie», qui se retrouve dans le troisième chapeau et que le hasard fasse les choses comme le souhaite une opinion algérienne indécrottable en mettant dans la même boîte que le pays organisateur (le souhait de Bougherra par exemple, reste celui d’hériter de l’insigne honneur de croiser le fer contre le Brésil dans un sommet que suivront – on imagine l’audience et le coup de pub pour le football algérien- des millions de téléspectateurs à travers les cinq continents, en match d’ouverture) en plus de deux autres grosses pointures que pourraient être les Pays Bas de Van Persie et le Mexique de Chicharito (de son vrai nom, Javier Hernandez) et de sortir trois «perfs « de légende. De la lignée, sinon mieux, de 1982. Et la question des questions.

A laquelle seuls les joueurs (les «23» qui feront le déplacement) peuvent répondre, car elle sortira de leurs pieds : que peut espérer l’équipe d’Algérie l’été prochain au Brésil ? Peut-être bien qu’elle assumera son rôle d’outsider (fini celui de faire valoir, d’un tour de chauffe et puis s’en va ou juste le temps de côtoyer quelques grands noms, d’échanger des maillots et au revoir et merci…), qu’on entendra parler d’elle, l’esprit des «qualifs» et de Blida, contre le Burkina Faso devant à nouveau prévaloir pour la transcender et gagner en galons.

L’Algérie, on n’ira pas jusque là, n’ira pas dans le pays du roi Pelé dans la peau d’un favori et sera à l’affût, ce qui lui conviendra le mieux, d’un exploit. Et elle n’a pas le choix puisque, déjà, avant même de finir par savourer sa qualification, elle est mise en demeure de ne pas décevoir les attentes. Se voit se multiplier, devant elle, les interdictions. Comme celle de se montrer à la hauteur en passant au moins un tour.

Que pense coach Vahid de l’agitation qui a suivi et de la montée en premières pages d’anciens internationaux qui ne demandent pas moins, (c’est notre voeu à tous, mais sans mettre plus de pression à un groupe qui a besoin de grandir et n’a donc pas besoin d’ultimatum, d’être mis dos au mur avant l’ouverture des hostilités) exigent même que le moindre des objectifs est de se retrouver parmi les animateurs du second tour. Mettant en avant les «énormes moyens mis à leur disposition», un échec dans le genre équivaudrait, estimentils, à un véritable «scandale » , comme on pouvait en lire dans quelques extraits à travers de nombreux titres.

«Une 2e qualification consécutive à un Mondial nous impose de montrer un meilleur visage « dit en substance un ancien de la génération 82-86 qui craint qu’ «au manque d’expérience de la majorité des joueurs, vienne s’ajouter le problème récurrent du temps de jeu famélique pour beaucoup et qui devraient penser à des solutions (du genre changer de club au prochain «mercato» d’hiver, suggère-t-il à l’instar de plusieurs de ses ex-coéquipiers et techniciens) pour être au point lors de ce rendezvous il ne suffit plus de participer pour le simple plaisir de participer.»

CROIRE EN CETTE ÉQUIPE

Un point sur lequel s’accorde tout le monde. Sauf que, et sans même que le tirage n’ait eu lieu, on insiste sur «la nécessité d’apporter des correctifs et colmater toutes les brèches constatées lors des éliminatoires.» Des déclarations défaitistes ? On ne croit pas en cette équipe ?

Ce n’est heureusement pas le cas de l’ex-international des Verts, Fodil Megharia par exemple, qui voit les choses autrement, Halilhodzic, dit-il, ayant «la chance de pouvoir disposer en sélection d’excellents joueurs évoluant dans les grands championnats européens.

Sa rigueur et la discipline des joueurs, à l’image de ce qu’on a vu lors du match retour face au Burkina Faso, où le pensionnaire de Inter Milan, Ishak Belfodil a accepté de rester sur le banc des remplaçants sans contester la décision du coach», décelant sur ce point en particulier, des signes forts que «cette équipe est solidaire» et que «ça peut servir» pour ce Mondial.

A l’image de ce match référence contre le Mali (la dernière sélection à avoir fait tomber les Verts) à Ouagadougou, et donc sur terrain neutre, qui a pratiquement servi de «détonateur». Qui a changé beaucoup de choses.

En bien, à voir la trajectoire prise par les évènements, les joueurs à V.H, dans un match qui devait être sans histoire (un nul au minimum en raison de la domiciliation de la rencontre qui n’arrangeait pas forcément l’adversaire contraint de jouer à l’extérieur de ses bases, le Mali traversant à l’époque des troubles armés), les camarades de Seydou Keita n’envisageant pas cette partie comme une perspective de prendre leurs premiers points dans la course au seul billet du groupe, d’autant qu’ils auront à remonter le score avant de l’emporter (2-1) à la surprise du staff algérien.

Ce revers, le dernier recensé dans la marche mondialiste des Verts avait, on s’en souvient fait réagir, pour certains par des déclarations maladroites et souvent mal venues, du genre que la version actuelle de l’Equipe algérienne «n’était pas faite pour ce genre de défis (…) n’était pas encore prête…»

Fort heureusement, elle convaincra le sélectionneur Bosnien, qui n’a jamais douté de ses choix, affirmant entre autres qu’il avait «besoin de tranquillité et de temps pour avancer. Donner de la confiance à un groupe sur la bonne voie, pourvu qu’on le laisse travailler.»

Un mal pour énormément de bien (une qualification pour le Mondial ou la cerise sur le gâteau) que cette entrée en matière poussive et ce revers conte les «Aigles» maliens, même si les sorties qui suivront (pessimisme ambiant oblige) n’effaceront pas totalement, jusqu’à cette belle victoire face au Burkina, en barrages à Blida (et encore, des voix s’élèvent pour dire que l’équipe n’a rien d’une grande et donc pas le niveau requis ni la qualité pour soutenir la comparaison en juin prochain face aux grosse pointures mondiales) et une reconnaissance populaire qui met du baume au coeur des joueurs et devrait les pousser à travailler plus pour ne pas décevoir le peuple qui les a soutenus de bout en bout.

IL FAUT Y CROIRE

Même si, et avant de rencontrer les Etalons dans les 90mn les plus longues de leur vie, les Ghoulam et autres Bougherra, qui apportera toute sa confiance et sa rage de vaincre, l’équipe ne donnait pas l’impression (voir déclarations de Halilhodzic qui a su néanmoins la bonifier, façonner à son tempérament même s’il n’a pas que des supporters, la série de victoires, dont deux à l’extérieur face au Rwanda et au Bénin traduisant parfaitement la progression validée à l’heure du verdict final au terme d’un duel épique qui ne sera pas sans histoire) de baigner dans la stabilité, cette sérénité annonçant les grands exploits.

Techniquement, mentalement, maîtrise du ballon, bref en qualité de jeu, la sélection avait tellement d’efforts à faire car contrastant avec un parcours qui la mènera, à notre grand bonheur, à la 1ère place du groupe et au droit de disputer les «play-off» devant le vice-champion d’Afrique sortant.

Conclue par une précieuse victoire qui balaiera définitivement les doutes nés de cette mauvaise entame face au Mali qui, finalement, a changé le cours de son destin dans le bon sens. En nous faisant à nouveau rêver. En nous donnant le type d’émotion qu’on aime bien revivre depuis la folie post- Oum Dourmane.

Avec l’espoir de remettre ça (une tout autre histoire mais il faut y croire, pourquoi pas) en coupe du Monde. En près de 30 mois de règne fait d’interminables bras de fer, de nombreux principes (par exemple l’obligation de cumuler un certain nombre d’heure de jeu pour aspirer jouer en sélection) oubliés en cours de route et d’un grave déficit de confiance, les «analystes» ne l’ayant que rarement raté, en lui réglant, autant que possible son compte à cause de «tâtonnements injustifiés» et ne comprenant pas son entêtement, voire son incapacité à accoucher d’une «équipe-type et d’un système propre à elle» capable de rassurer le public. Le rassurer que cette équipe a grandi et qu’elle n’ira pas à Rio pour faire de la simple figuration.

Quand bien même, dans ses paroles et ses actes surtout,V.H est resté fidèle à son image et n’a que rarement dévié de ses principes (ils sont nombreux à ne pas comprendre son travail et tirent sur cette ficelle d’autant que, clament-ils, sa patte reste difficile à «cerner» et lui de virulentes critiques), projeté qu’il était sur l’objectif des objectifs, une qualification à la Coupe du monde qui lui tenait tellement à coeur depuis que le destin a mis sur sa route, en 2010 en Angola, la sélection qu’il drive aujourd’hui, n’a jamais promis une équipe de rêve.

Le Mondial. Bougherra, son capitaine courage, son adjoint sur le terrain, celui qui l’en a privé alors, s’en est «excusé» en crucifiant le Burkina Faso et lui offre le quitus de disputer, enfin, le tournoi des tournois. Sans rien promettre. A le courage de tempérer certaines ardeurs.

En suggérant que d’ici le coup d’envoi, en juin, et pour construire un groupe fort, les tâtonnements ne manqueront pas. Et qu’il est prêt au second challenge qu’il doit relever : cette proportion au scepticisme qui lui empoisonne la vie depuis sa prise de fonctions. Que la reconnaissance des supporters l’aide à bien gérer. Les Verts ont-ils les moyens de remporter la Coupe du monde ? On divague…

A. A.