Près de 19 500 Algériens résidant officiellement en Tunisie, selon les chiffres du ministère algérien des Affaires étrangères, sont aujourd’hui dans le flou total.
Contrairement aux pays européens qui ont donné des consignes très claires à leurs compatriotes établis en Tunisie ou de passage, le gouvernement algérien n’a, à aucun moment, appelé la communauté algérienne à quitter la Tunisie ou pour le moins à éviter de prendre des risques inutiles ou à s’exposer dangereusement.
Près de 19 500 Algériens résidant officiellement en Tunisie, selon les chiffres du ministère algérien des Affaires étrangères, sont aujourd’hui dans le flou total. Ils souffrent du manque d’intérêt de la part des plus hautes autorités du pays quant à leur rapatriement en Algérie.
Au lendemain de la chute du régime Ben Ali et du chaos qui s’est aussitôt installé dans la capitale tunisienne, les autorités algériennes ont mis en place au niveau de frontières avec ce pays des mécanismes pour assurer la sécurité des biens et des personnes. La police des frontières (PAF), au même titre que les gardes-frontières (GGF) ont renforcé leurs effectifs pour accueillir, mais surtout contenir le nombre élevé des personnes qui reviennent en catastrophe de Tunisie.
Côté officiels algériens, rien n’a filtré. Ni le ministère des Affaires étrangères, qui a créé une cellule de crise au lendemain du départ précipité de Ben Ali, ni le secrétariat d’Etat chargé de la Communauté nationale établie à l’étranger n’ont daigné répondre hier à nos multiples sollicitations.
Les membres de la cellule de crise «demeurent toujours aux abonnés absents», tandis qu’au niveau du secrétariat d’Etat, un préposé au téléphone a pris les coordonnées du journal dans l’espoir d’un coup de fil qui n’est jamais venu.
Pour l’instant, on déplore la mort d’un jeune Algérien à Tunis, Tahar Megherni âgé de 35 ans. Il aurait été assassiné par les policiers restés fidèles à Ben Ali qui écument encore ruelles et rues de Tunis. Deux autres Algériens, originaires de Mostaganem, hospitalisés à l’hôpital de Nabeul, sont entre la vie et la mort.
Un troisième aurait succombé dans un hôtel. Huit Algériens ont réussi à regagner l’Algérie à travers la wilaya d’El-Oued, ville frontalière avec la Tunisie. Récemment, deux tentatives de retour au pays par des prisonniers algériens à travers les régions frontalières ont échoué. Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales aurait donné des instructions fermes pour empêcher ces prisonniers de rejoindre le sol natal à partir de la Tunisie.
La situation juridique de ces détenus les prive en effet de leurs droits civiques. Des équipes composées d’agents de sécurité et de douaniers ont été mises en place afin d’accueillir les réfugiés fuyant les conditions difficiles qui règnent dans les régions tunisiennes. Des dizaines d’Algériens ne disposant pas de cartes d’identité tentent d’entrer dans le territoire algérien.
Dix prisonniers qui se sont évadés de la prison d’El-Marnakia ont pu être interceptés par les forces de sécurité algérienne.
Tandis que d’autres prisonniers de la prison de Monastir ont tenté en vain, dimanche dernier, d’atteindre les frontières algériennes.
Cette prison contient des dizaines de prisonniers de nationalité algérienne, où un incendie s’est déclenché vendredi. Douze Algériens détenus à la prison de Kasserine, 11 natifs de la wilaya de Tébessa et le douzième de la wilaya d’Annaba, ont été «libérés» par des citoyens tunisiens qui les ont immédiatement raccompagnés à la frontière algéro-tunisienne pour y être relâchés. Actuellement, les prisons tunisiennes comptent bon nombre de prisonniers algériens.
Hier, un député de la formation El Islah, Mohamed Salah Bouchareb, a envoyé une correspondance au ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci dans laquelle il lui demande d’intervenir auprès des nouvelles autorités tunisiennes pour s’expliquer sur le cas des 46 harraga algériens restés sans nouvelles depuis 2007 et 2008. Ils sont actuellement toujours détenus dans des prisons secrètes, indique la missive.
Le document indique en effet qu’un groupe de 7 personnes a pris la mer à partir d’Annaba à bord d’une embarcation de fortune à destination de l’Europe mais que celle-ci a été interceptée par la marine tunisienne. Un seul d’entre eux a refait surface puisque son corps a été donné à sa famille par les autorités tunisiennes pour l’enterrer.
Les autres restent sans nouvelles depuis cette date. Un deuxième contingent de 43 personnes, dont 39 Algériens, a tenté de traverser la mer au mois d’août 2008, mais ces derniers ont été interceptés par la marine tunisienne. Un des harraga a même réussi à appeler au téléphone sa famille depuis le sol tunisien
Le procureur du tribunal de Tunis a confirmé l’information relative à la présence des 39 Algériens dans les prisons tunisiennes, sans toutefois donner plus de précisons sur leur sort.