Quel rôle pour l’Algérie dans la « nouvelle approche » de l’OTAN ?

Quel rôle pour l’Algérie dans la « nouvelle approche » de l’OTAN ?

Depuis quelques années, des changements géostratégiques et un repositionnement des plus grandes puissances mondiales sont constatés au niveau de plusieurs régions du monde. Dans cette carte géopolitique, l’OTAN, l’Organisation du Traité du Nord-Atlantique, joue un rôle capital.

L’Algérie, plus vaste pays du continent africain, n’est pas épargnée par cette mise à jour. Des enjeux sécuritaires, notamment en relation avec la lutte contre le terrorisme, ont été mis sur la table hier par M. Javier Colomina Píriz, secrétaire général adjoint de l’OTAN pour les affaires politiques et la politique de sécurité, et représentant spécial du secrétaire général de cette organisation pour le Caucase et l’Asie centrale.

Lors de son passage à Alger, ou il a animé une conférence-débat au sein du siège de l’Institut national des études stratégiques et globales (Inesg), le responsable de l’OTAN n’a pas manqué de souligner « le rôle clé » que joue l’Algérie dans la région.

«L’Algérie est un acteur clé dans la région de l’Afrique du Nord et du Sahel, et un interlocuteur incontournable sur les question de sécurité, spécialement dans le domaine de lutte contre le terrorisme», a-t-il déclaré, ajoutant que «l’Algérie n’est pas seulement un partenaire stratégique, mais aussi un membre actif dans le cadre du Dialogue méditerranéen de l’OTAN et dont notre pays est membre depuis une vingtaine d’années».

Algérie, un atout important pour l’OTAN

Selon M. Javier Colomina Píriz, le partenariat entre l’Algérie et l’OTAN «est fondé sur des défis et des objectifs communs, et les événements que connaît la région, notamment l’instabilité en Libye et au Sahel, montrent qu’il est important de renforcer notre coopération avec encore plus de détermination en faveur de la sécurité, de la stabilité et de la paix à l’échelle régionale et internationale».

L’Algérie, ajoute-t-il, « dispose d’une expertise régionale considérable et nous sommes heureux de pouvoir en bénéficier, à travers notre dialogue politique, notre coopération pratique et nos échanges avec les experts algériens ». Le responsable « se félicite » surtout du « niveau de la coopération avec l’Algérie » et de « l’approbation du dernier programme individuel de partenariat entre l’Algérie et l’OTAN, adopté en avril dernier et qui fixe les objectifs à atteindre pour les deux prochaines années ».

Le rapprochement entre l’Algérie et l’OTAN est principalement dicté par une coopération dans les domaines du  «contre-terrorisme, de la lutte contre les armes légères et de petits calibres ou encore le cyber-défense», fait savoir M. Javier Colomina Píriz.

Algérie – OTAN : une coopération gagnant -gagnant ?

C’est lors de la même conférence que le responsable de l’OTAN a salué «la participation régulière de l’Algérie aux activités de formation et d’entraînement et aux exercices proposés par l’ OTAN», ce qui témoigne selon lui d’une « détermination commune » qui ouvre la voie à « l’établissement d’un dialogue politique régulier de haut niveau entre l’Algérie et l’OTAN, notamment à travers l’accentuation des visites officielles de part et d’autre ». C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’il a invité « les groupes parlementaires algériens, les diplomates et les jeunes officiers au siège de l’Organisation qui se trouve à Bruxelles ».

M. Javier Colomina Píriz dit vouloir « pousser l’Agenda Sud au sein de l’Alliance ». Ce qui se passe dans le Sahel, notamment l’émergence d’une inquiétante menace terroriste, « sont autant de menaces pour l’Afrique du Nord comme pour l’OTAN », estime le responsable qui assure que l’OTAN est prête « à dissuader et, si nécessaire, à défendre les membres de l’Alliance contre n’importe quel adversaire ».

Colomina cite la montée de l’extrémisme violent, avec des actions de groupes terroristes transnationaux affiliés à Al-Qaïda et Daech, mais aussi le trafic illégal d’armes et de drogue. Pour faire face à ces menaces, l’OTAN mise sur la dynamisation du dialogue méditerranéen avec ses partenaires de la rive Sud.

Ce dialogue, soutient-il, « est le seul forum où les 30 pays de l’OTAN et les 7 pays de la région échangent de façon régulière. Ce qui a permis à l’Alliance et à ses partenaires d’améliorer leur compréhension commune de l’environnement sécuritaire et de faire face à des défis partagés ».

Quelle place pour l’Algérie dans la « nouvelle approche de l’OTAN ?

« La sécurité et la stabilité des deux rives de la Méditerranée sont intrinsèquement liés » soutient le même intervenant qui assure que son organisation vise à impliquer ses partenaires du bassin méditerranéen.

«Nous travaillons, à la demande de nos partenaires et en étroite collaboration avec eux, à développer leurs capacités de défense pour mieux lutter contre les défis sécuritaires actuels (…) Nous améliorons , en ce sens, de manière continue, la qualité de notre formation et entraînements», a-t-il déclaré.

Concernant la coopération avec l’Algérie, le responsable l’a qualifié « d’exemplaire », soulignant par la même occasion qu’elle sera «étroitement associée au processus de réflexion», rappelant que l’alliance vise à «la formation des systèmes de défense des pays partenaires pour qu’ils soient plus professionnels, plus transparents et plus démocratiques».

Pour conclure, le secrétaire général adjoint de l’OTAN pour les affaires politiques et la politique de sécurité, et représentant spécial du secrétaire général de cette organisation pour le Caucase et l’Asie centrale a déclaré que bien que l’OTAN «ne prend pas part aux conflits entre les pays partenaires», elle est en train de réfléchir à bâtir une nouvelle relation institutionnalisée avec tous les pays de la région».