Quel impact de la crise grecque sur l’Algérie ?

Quel impact de la crise grecque sur l’Algérie ?
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S’exprimant sur une éventuelle entrée de l’Algérie dans l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), l’ex-ministre du Trésor abordera ce sujet comme suit : « Nous avons raté notre adhésion lors de la création de l’OMC, sur les cendres de l’ancien GATT. Alors, il ne nous était posé aucune condition. Plus le temps passe et plus cela devient compliqué, avec les exigences de nouveaux membres…

Selon Ali Benouari, le leader du parti Nida el Watan, candidat à la candidature pour la présidentielle de 2014, et aussi ancien ministre du Trésor sous le gouvernement Ghozali (1991-1992), s’exprimant sur la crise grecque et ses conséquences sur l’économie algérienne, il dira : « Directement, la crise grecque n’a pas d’incidence sur l’Algérie. Notre commerce et nos flux financiers avec la Grèce sont en effet insignifiants. Cependant, si la Grèce devait sortir de l’euro, il est à craindre que nous soyons touchés à travers les turbulences monétaires qui en résulteront immanquablement. L’euro s’affaiblira contre toutes les monnaies, et donc affectera la valeur de nos réserves de change ». Il ajoute à ce sujet : « Comme l’euro doit peser pour une bonne moitié dans nos réserves monétaires, cela signifiera que celles-ci, exprimées en dollars, baisseront dans une proportion équivalente à la moitié de la baisse de l’euro». S’agissant de l’impact que la crise grecque pourrait avoir sur la croissance de l’Europe et, partant, par effet systémique, sur les économies mondiales, l’ex-ministre du Trésor affirmera que : «Dans ce cas, nous serons frappés par la chute de la consommation de pétrole et de gaz et donc des prix de ces matières premières qui en résulterait ».

Répondant à une question relative à la possibilité qu’un scénario à la grecque pourrait se produire en Algérie, M. Ali Benouari a déclaré : «Si la baisse du prix du pétrole persiste pendant deux ou trois ans, et si nous ne changeons pas notre modèle de croissance largement soutenu par la dépense publique, il est à craindre que nous revenions à l’endettement extérieur. Dans ce cas, oui, nous serons étranglés financièrement et nos créanciers nous soumettront aux mêmes exigences d’austérité que celles qui frappent les Grecs aujourd’hui ». Tout en ajoutant : « Avec une circonstance aggravante: nous ne sommes pas dans l’Europe et nous serons contraints d’adopter tous les ajustements qui seront exigés de nous : privatisations, suppression des subventions et autres transferts sociaux, qui représentent 50% du PIB, ainsi qu’une énorme dévaluation du dinar, qui provoquera un séisme d’une ampleur inégalée».

Concernant l’état des finances publiques en Algérie, il dira : « Très mauvais : il se traduit par un déficit budgétaire dépassant les 10% du PIB, une balance des paiements qui sera déficitaire d’environ 40 milliards de dollars à la fin de l’année».

LG Algérie

S’exprimant sur une éventuelle entrée de l’Algérie dans l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), l’ex-ministre du Trésor abordera ce sujet comme suit : «Nous avons raté notre adhésion lors de la création de l’OMC, sur les cendres de l’ancien GATT. Alors, il ne nous était posé aucune condition. Plus le temps passe et plus cela devient compliqué, avec les exigences de nouveaux membres. De plus, comme pour les accords de libre-échange avec les pays arabes et l’Union européenne (l’accord d’association signé en 2002 et entré en vigueur en 2005 vise un libre-échange total avec l’Europe à l’horizon 2017), l’adhésion à l’OMC exigera de nous une plus grande ouverture de nos marchés. Or, cette ouverture, bonne pour les économies organisées, ne l’est pas forcement pour nous, tant que nous n’avons pas mis de l’ordre dans notre maison ». A cet effet, il finira par dire : « Dans les circonstances actuelles, cette ouverture fragilise davantage notre économie, totalement extravertie. Elle compromet même toute chance de construire une économie productive. C’est là où le bât blesse » .

Rachid Moussaoui