Dans un avenir proche, les deux pays voisins que sont le Maroc et la Tunisie devraient-ils avoir de réelles craintes d’être concurrencés par l’Algérie en matière de tourisme ? La réponse est évidemment non.
Les raisons en sont multiples. Le pays compte aujourd’hui un retard abyssal sur ses voisins que ne sauraient seulement justifier les dix années d’instabilité qui l’ont secoué même si, sans conteste, les turbulences qui ont marqué cette période ont considérablement pesé dans la désaffection, et pour cause, des touristes étrangers à continuer d’en faire une destination parmi les privilégiées et, ce faisant, d’être, par effet d’onde de choc, ses meilleurs ambassadeurs dans leur pays.
L’engouement des Allemands de l’Ouest, des Français, des Italiens tout au long des années 60 et 70, des nationalités dont la présence était déjà importante sur l’ensemble du territoire en raison de relations bilatérales fortes avec les pays concernés parce que confortées par un partenariat commercial (Italie), industriel (RFA) et culturel (France) avait une telle dimension que, comparativement aux deux voisins sus-évoqués, l’Algérie s’était d’ores et déjà acheminée dans une vocation touristique prometteuse.
Le pays en plein essor, les dirigeants à la limite visionnaires et surtout pragmatiques allaient saisir l’opportunité, dans une politique volontariste à souhait, d’engager un vaste programme de réalisations d’infrastructures d’accueil touristique, lançant des chantiers pharaoniques à hauteur de toutes les régions du territoire susceptibles de renfermer un potentiel naturel.
A l’époque, la rentabilité économique importait peu dans la mesure où l’amortissement des installations touristiques réalisées devait l’être par l’émergence d’un concept naissant… le tourisme populaire.
Avec les centaines de kilomètres de côtes, les nombreuses forêts, les paysages de rêve du Sud, la beauté de sites à l’état sauvage, les vestiges historiques, culturels, ses traditions et l’inclination naturelle de ses habitants aux lois de l’hospitalité, ainsi qu’une réputation de Mecque des cultures, des libertés qui en faisait une sorte de Cuba africain, le pays ne pouvait que constituer une destination attractive que des conditions de séjour à la carte rendaient forcément agréable.
Du complexe balnéaire et de toutes les annexes d’accompagnement conventionnelles (piscine, restaurant gastronomique, discothèque) à la hutte sauvage dans n’importe quelle région côtière du pays, en montagne dans des conditions sommaires, voire spartiates, la disponibilité remplissait d’aise les touristes, quel que soit leur statut social.
Bien sûr, il y avait en face notamment dans les complexes touristiques nationaux un incontestable know-how dans tous les domaines de prestations : accueil, disponibilité, art culinaire, animation aujourd’hui défunts et pratiquement impossibles à redynamiser compte tenu de nombreux paramètres : société figée, au conservatisme contre nature et à la limite du rigorisme, aux interdits faciles, qu’ils soient tacites et/ou décrétés selon l’humeur d’individus ou de groupes,
le refus de toute permissivité. Autant de réalités qui compilent un rejet inquiétant pour ne pas dire un mépris de toutes considérations logiques de nature à concilier intelligemment préservation de l’identité culturelle dans l’acception globale du mot et le développement
économique. Une alchimie à laquelle sont parvenus nos voisins et qui n’interdit en rien l’option pour un pays comme le nôtre qui dispose d’une partie des mêmes atouts si ce n’est plus, exception faite des mentalités, de l’accomplir pour peu qu’il y ait une réelle volonté politique de le faire et surtout de le vouloir. D’autant plus que l’ensemble du microcosme politique algérien est convaincu de la nécessité
de trouver un substitut aux recettes «assurées» par le pétrole.
Et quand on dispose du deuxième plus grand désert du monde, l’un des pôles d’attraction parmi les plus réputés dans le monde sur le plan touristique, il ne suffit pas de prêcher la bonne parole si celle-ci n’est pas suivie d’effet.