Quel avenir pour le e-commerce chez les jeunes algériens ?

Quel avenir pour le e-commerce chez les jeunes algériens ?

Le monde vit aujourd’hui des révolutions civilisationnelles, scientifiques et technologiques fondamentales. Chaque jour qui passe nous apporte son lot de nouveautés. Parmi les éléments les plus marquants de ces changements, la mutation des systèmes de production et des modèles de consommation, l’émergence des NTIC, et le développement rapide des services qui vont amplifier la mondialisation, la globalisation des marchés ,et l’internalisation des acteurs .

Il y’a quelques années, l’Algérie convaincu de s’adapter aux mutations économiques internationales, avait annoncé ouvrir ses portes au commerce en ligne, le e-commerce.

Depuis quelques années, de nombreux articles ont été mis à la disposition pour l’achat sur Internet aux algériens sans toutefois utiliser des cartes spéciales, telles que les cartes de crédit ou les cartes inter-bancaires.

Bien que cette technologique pourrait contribuer fortement au développement économique national, sa situation en Algérie reste encore floue et laisse poser plein de questions. Où en est le e-commerce en Algérie ? Quels sont les obstacles entravant le e-commerce en Algérie?

Dans cette enquête menée par Algérie360.com, nous avons voulu avoir des réponses à ces questions mais aussi à d’autres, tout cela en s’approchant des internautes et consommateurs algériens, jeunes et moins jeunes.

Payement en ligne, c’est « impossible »

La première étape de notre enquête nous a menés au siège du site bedeli-dz.com, ou nous avons rencontré, l’un des responsables, Mehdi. Ce dernier qui a lancé le site de vente et d’achat en ligne en cette année 2015 estime que la route est encore longue pour le e-commerce en Algérie. « On n’a rien inventé, on n’a fait que copier des modèles existant en les adaptant à l’Algérie » déclare Mehdi, licencié en sciences de l’information et de la communication avant d’ajouter « Je préfère de petites initiatives, même imparfaites, que rien du tout car la compétition crée la qualité ».

Il faut dire que ces sites internet, qui se créent par dizaine chaque année, ne permettent pas l’achat en ligne comme cela se fait chez nos voisins ou encore dans les autres pays de la planète. Seules quelques plateformes permettent l’acquisition de biens avec les cartes interbancaires, ou encore des cartes spécialement conçues pour l’achat en ligne. Selon une étude faite par algerie360.com, plus de 82% de ces sites sont de véritables relais entre l’annonceur, qui n’est autre que le vendeur, et l’acheteur.

Nous avons voulu essayer cette démarche qui accompagne petit à petit les journées des internautes algériens, petits et grands, hommes et femmes.

Nous nous sommes connectés sur le site internet www.ouedkniss.com, l’un des pionniers dans ce domaine en Algérie.

Une recherche simple et rapide, et en quelques clics, nous avons pu trouver le smartphone que nous voulions achetés. Seul hic, nous ne pouvons pas payer en ligne, il faut contacter l’annonceur ou le vendeur, le rencontrer pour l’acquisition du « fameux » téléphone.

Pour la comparaison, nous nous sommes connectés sur le site internet www.ebay.com, la différence est que dans cette plateforme, nous avons pu acheter et payer le même téléphone que nous avons recherchés sur ouedkniss.com, avec une carte de crédit « Mastercard », mais un autre problème revient à la charge. La marchandise ne sera pas livrée en Algérie, il nous faut une adresse postale en France par exemple pour récupérer notre sésame.

Troisième étape, un autre mode, de payement et de livraison, le site Jumia.com. Ce nouveau site qui a été créé en 2013, permet de choisir sa marchandise, et de ne la payer qu’à la livraison. Les responsables de ce site internet permettent la livraison « gratuite » du produit dans plusieurs wilayas.

Une activité dans le « noir »

Selon Ali Kahlane, président de l’Association Algérienne des Fournisseurs de Services Internet (AAFSI), le marché du e-commerce en Algérie a un avenir. Néanmoins, un nombre de manquements comme le paiement électronique et le vide juridique doivent être comblés.

« Malgré l’approbation d’un projet de création d’une instance indépendante de supervision des paiements électroniques et d’un Groupement d’intérêt économique (GIE) regroupant toutes les banques de la place publique et la Banque d’Algérie pour prendre en charge l’aspect monétique du e-commerce, pour le moment, nous n’avons ni l’une ni l’autre et, par conséquent, pas de e-commerce au sens générique du terme. Les sites actuels existent et «fonctionnent» en dehors des deux éléments que j’ai évoqués plus haut. Non seulement ils ne peuvent malheureusement pas offrir tout le confort et la sécurité d’un site e-commerce classique, mais ils ne pourront pas aussi facilement atteindre les volumes que ce type de commerce peut engranger si toutes les conditions étaient réunies. Malgré tout cela, je pense que les sites de e-commerce qui existent actuellement doivent évoluer et accumuler plus d’expérience et ceux qui sont en cours de montage devront investir dans les nouveaux créneaux, être inventifs et innovants pour prouver encore une fois que la nature n’aime pas le vide, même dans le monde virtuel » affirme Ali Kahlane.

Pour Nawel Benkritli, Directrice Générale de la Société d’Automatisation des Transactions Interbancaires et de Monétique (Satim), filiale de 8 banques (BADR, BDL, BEA, BNA, CPA, CNEP, CNMA et El Baraka), tous les sites de vente en ligne actifs sur le marché algérien utilisent des moyens alternatifs au paiement électronique.

« Le paiement électronique par carte bancaire est opérationnel depuis 2005  ; au jour d’aujourd’hui nous comptabilisons environ 5 000 TPE installés et un million de cartes CIB émises par toutes les banques de la place adhérentes au réseau monétique interbancaire. Effectivement, le paiement par carte bancaire a enregistré un certain retard, mais nous constatons un élan, particulièrement ces deux dernières années durant lesquelles l’Algérie a vu naître des grandes surfaces et des supermarchés qui drainent un flux de transactions de paiement considérable. Pour soutenir cet élan, il a été décidé d’équiper particulièrement des entreprises de service public (gaz, électricité, eau…) ainsi que certains opérateurs économiques (téléphonie mobile, télé- coms…) ; viendront ensuite les petits commerces. Nous envisageons dans un futur très proche la mise en production de nouveaux services sur les automates bancaires tels que le paiement e-voucher (achat de crédits téléphoniques) et le paiement de factures. Concernant le paiement en ligne au moyen de la carte CIB, une plateforme sécurisée a été mise en place au niveau de la Satim en 2010. Cette plateforme est interbancaire. Le projet, est totalement opérationnel et un pilote a même été réalisé en collaboration avec une banque et une entreprise de transport aérien. Les aspects techniques du service de paiement en ligne sont complètement maîtrisés. Les éléments ayant empêché la mise en production de ce service sont liées aux vides juridiques et réglementaires encadrant la vente sur internet » nous apprend Nawel Benkritli.

Plus de 800 sites internet de vente en ligne

Selon des statistiques faites dernièrement, les sites marchands inscrits au Centre National du Registre de Commerce (CNRC) sont au nombre de 186 (163 personnes physiques et 23 personnes morales) depuis  2009.  Les sites de e-commerce, qui étaient au nombre de 14 en 2009, sont passé à 62, ce qui représente une hausse de 77,4% en quatre ans.

Si cette tendance se confirme, le nombre de sites e-commerce devrait atteindre les 800 dans les tous prochains mois. Soit quatre fois que durant les quatre dernières années. Il est utile de noter qu’à l’heure actuelle, aucune loi ne permet ce genre d’activité. Au CNRC, une seule activité est reconnue : la  «vente en ligne».

Selon les spécialistes dans le domaine juridique et des télécommunications, la nouvelle loi sur les télécommunications,  prévoit un texte sur le commerce électronique, qui devrait apporter quelques éléments de régie pour cette activité, au moins pour son développement et son essor, comme ce fut le cas dans plusieurs pays, notamment africains.