Ayman Al Zawahiri veut créer un climat de tension aux portes de l’Occident. Il se trouve que l’Algérie est le raccourci idéal pour faire aboutir ses visées.
Plus que quelques semaines nous séparent du mois de Ramadhan. Dans la logique du terrorisme islamiste, ce mois sacré a toujours constitué une période propice à une recrudescence des attentats et au Djihad. Pour cette année, et selon des renseignements opérationnels de bonne source, les groupes terroristes seraient entrés en pleine phase active afin de desserrer l’étau installé par les forces de sécurité, en projetant de réinvestir le milieu urbain.
Ce genre de redéploiement, qui constitue un défi tout à fait attendu par les services de sécurité, a lieu dans un environnement social et politique fermé, ambigu et marqué par l’exacerbation des tensions et des conflits à tous les niveaux. Al Qaîda au Maghreb songe- t- elle à une nouvelle stratégie de conquête? Les mouvements terroristes enregistrés dans les wilayas du Centre-Est limitrophes de la capitale, notamment en Kabylie, traduisent-ils cette volonté d’Al Qaîda à faire couler encore le sang des innocents? Sans l’ombre d’un doute, c’est le début d’un changement de stratégie opéré par des émirs qui refusent de reconnaître, l’échec de leur projet terroriste.
Le Gspc, branche d’Al Qaîda au Maghreb islamique, qui active sous la coupe de Abdelmalek Droukdel alias Abou Mossaâb Abdel Wadoud serait sommé par les cercles qui le contrôlent de passer à l’acte sur une grande échelle. L’attaque qui a ciblé récemment un poste de la Bmpj, dans la daïra des Ouacifs à Tizi Ouzou, par cinquante terroristes, ne constitue guère un fait banal à inscrire dans le domaine des répliques périphériques d’un terrorisme agonisant. Les fait sont graves et même très graves, à prendre très au sérieux en ce sens qu’ils traduisent bel et bien une nouvelle attitude des groupes terroristes. Aussi, les services de sécurité sont dans l’obligation d’interpréter cette action selon les données régionales qui entourent l’Algérie, notamment avec la circulations des armes venues des stocks de l’armée régulière libyenne. Il est légitime de s’interroger et d’attirer l’attention sur ces faits sécuritaires.
Que pourraient nous réserver ces terroristes d’Al Qaîda à quelques jours de ce mois sacré? Comment expliquer, même par une analyse simpliste, l’attaque de Tizi Ouzou par 50 terroristes? Des questions aussi bien légitimes que conjoncturelles quand on sait que la matrice idéologique du terrorisme, nourrie par des révoltes interminables, une instabilité politico-sociale et une plus grande insécurité aux frontières, place l’Algérie dans un contexte d’expectative extrême et d’alerte maximale pour faire face à la grande menace.
Al Qaîda au Maghreb islamique qui a ouvert des camps d’entraînement au sud de la Tunisie et en Libye va-t- elle exploiter ses nouvelles recrues tunisiennes et libyennes pour redynamiser une action subversive de grande ampleur? Preuve en est: trois voitures chargées d’armes circulant dans l’extrême sud de la Tunisie ont été détruites par l’armée tunisienne dans la nuit de mercredi à jeudi, a rapporté l’agence TAP. Le ministère de la Défense ne fournissait pas d’informations dans l’immédiat. Selon l’agence TAP, les trois voitures circulaient dans la zone de Satah al-Hassan, à 100 km au nord de la «zone des trois frontières» entre la Libye, la Tunisie et l’Algérie. Les occupants des voitures ont ouvert le feu en direction d’un appareil qui survolait la zone, et celui-ci a répliqué, détruisant les trois véhicules, selon la TAP. D’après des sites tunisiens, les voitures étaient bourrées d’armes en provenance de Libye et transitaient par la Tunisie pour rejoindre l’Algérie.
Le trafic d’armes en provenance de Libye a explosé depuis le conflit ayant fait chuter le colonel El Gueddafi en août 2011, et le Sud désertique tunisien entre la Libye et l’Algérie constitue un territoire immense et incontrôlable. En septembre 2011, un accrochage meurtrier (entre un et six morts selon les sources) avait opposé l’armée tunisienne et un groupe armé dans le sud du pays, à la frontière avec l’Algérie. Il y a quelques mois, le commandant en chef des forces américaines pour l’Afrique (Africom), le général Carter F. Ham, en visite à Tunis, avait mis en garde contre la menace de groupes terroristes, particulièrement Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) et l’accroissement de la contrebande d’armes en Afrique. Etant le pivot de la lutte contre le terrorisme dans cette région, l’Algérie ne dort pas sur ses lauriers. La mobilisation armée sur le terrain est tout à fait conforme et proportionnée aux défis sécuritaires qui s’annoncent. Pas moins de douze opérations de ratissage d’envergure sont actuellement menées par les forces sécuritaires combinées. Ces opérations se sont soldées par l’élimination d’une vingtaine de terroristes.
Le chef d’Al Qaîda, Ayman Al Zawahiri, incite à plus de révolte pour créer un climat de tension aux portes de l’Occident.
Il se trouve que l’Algérie serait le raccourci idéal pour faire aboutir ses visées. Une compromission entre ses «spire-adeptes» en Libye et Tunisie avec les poches terroristes en Algérie peut-elle offrir aux terroristes résiduels le moyen de frapper l’Europe? Dans ce cas, allons- nous assister à des attentats spectaculaires? Tout indique qu’Al Qaîda au Maghreb profite de l’avantage des crises en vigueur aux alentours pour semer plus de troubles. Les renseignements en possession des services de sécurité font état d’adhésion à la nébuleuse de dizaines de nouvelles recrues.
C’est dire que le défi sécuritaire dans sa nature transnationale, appelle à une réponse internationale. La chute du régime syrien, pour laquelle des cercles influents sont en train de se mobiliser davantage, sera exploitée par les marchands d’armes afin d’élargir leurs activités. Les tentatives multiples d’infiltration de groupes terroristes en provenance de la Libye pour acheminer des armes en Algérie n’en sont que la partie visible de l’iceberg terroriste.