Le 19 mars, un jour de gloire pour l’Algérie dont la Révolution venait de porter ses fruits au prix du million et demi de martyrs, qui allait être le symbole par lequel le pays s’était fait connaître au monde entier. Un label de l’histoire resté pour la postérité, pour les générations postindépendance, afin qu’elles en éprouvent toute la fierté de ce que cela suppose en tant que bravoure, orgueil et témérité.
Tout comme cela est resté jusqu’à nos jours présent, tel qu’il en sera aussi à l’avenir chez ce peuple qui ne manque pas de matière pour le ressourcement afin de rayonner par la rahma des gens de bien, une espèce que l’on dit en voie de disparition, plus à tort qu’à raison, car la leçon algérienne nous a toujours appris à ne pas désespérer.
«Ne viendra celui qui te tuera, qu’il sera précédé par celui qui te rendra la vie», dit, à peu de chose près, un adage du terroir, et il est là l’espoir, rendu par ces voix qui s’élèvent du haut des arcanes pour rassurer quant à la bonne conscience qu’on a, en ces sphères de la gouvernance, de tout ce qui a tendance à forcer à la résignation.
De cette impunité répugnante dont jouissent les faussaires et les usurpateurs de tous bords, et que l’Etat promet par la voix de son premier magistrat de traquer, partout où il peut sévir, jusqu’à l’éradiquer et voir, enfin, la confiance revenir. Et, avec elle, le sens du sacrifice d’un peuple qui a ça dans le sang, de ne pas supporter l’injustice et l’oppression dont il a tant souffert durant la guerre de libération.

Non à la hogra ! Le voilà le leitmotiv qui régit, désormais, le quotidien de l’Algérien où qu’il soit, sur les lieux de travail ou dans n’importe quel autre endroit. Et c’est de ce même sentiment qu’il en a eu le cœur serré, à n’en pouvoir plus, devant ces scandales de corruption qui ont terni l’image du pays dans le concert des nations.
Oui, monsieur le président, il ne suffirait pas de demander des comptes à toute personne coupable aux yeux de la loi, oui, vous avez bien raison de le rappeler, il faudrait aussi veiller à recouvrer les droits spoliés. Surtout ça, en effet, afin que bien mal acquis ne profite jamais à ceux-là qui ont cru profiter des richesses d’une noble terre, comme s’ils en avaient hérité de leurs père ou mère.
C’est, même-là, l’essentiel de l’action attendue pour réhabiliter l’Etat aux yeux de ses administrés et sceller, cette fois, une réconciliation sans que nul ne trouve à en redire. On ne vous a pas vu à Tébessa, mais il nous a semblé tout autant entendre résonner le fameux «arfâa rassek ya bâ !», encore plus expressif qu’il ne le fut à Oran, tellement, cette fois, le contexte est on ne peut plus approprié, autant que les principales lignes de ce discours qu’il reste, désormais, à traduire par les faits.
Ainsi, sera-t-il, enfin, donné au 19 Mars son véritable sens de fête de la victoire, d’autant que c’est en ce même jour, de l’an de grâce mille neuf cent soixante deux, que sont apparus de fieffés usurpateurs infiltrés dans les rangs des vainqueurs, donnant naissance à cette mauvaise graine de faux moudjahidine dont le cas demeure posé.
Mais c’est là une toute autre paire de manches par rapport aux priorités de l’heure… gageons seulement que viendra leur heure, à eux aussi, de rendre à l’histoire ce qui appartient à l’Histoire !
Mohamed Raber