Algérie – France : nouvelle initiative de réconciliation des mémoires

Algérie – France : nouvelle initiative de réconciliation des mémoires

Entre l’Algérie et la France, mais aussi au sein même de chacun des deux pays, l’histoire constitue un défi majeur pour arriver à une mémoire apaisée et à une cohésion sociale moins conflictuelle. Au cœur de cette problématique historique réside le dossier de la guerre d’Algérie.

Jeunes, âges tous de moins de 35 ans, ils sont 15 à avoir rédigé un message au président français, Emmanuel Macron, afin d’apaiser ces mémoires ayant trait avec la colonisation et la guerre d’Algérie. Ces jeunes sont les fils ou les petits fils de combattants indépendantistes, appelés, harkis, rapatriés, pieds-noirs, juifs d’Algérie, militaires français ou encore membres de l’Organisation armée secrète (OAS).

C’est dans le cadre du rapport de Stora que ces jeunes ont, au bout de 6 mois de travail, arrivé à élaborer plusieurs propositions qui visent à « apaiser ces mémoires, les reconnaître dans leur singularité, panser les plaies encore présentes dans notre société et œuvrer à la réconciliation et à la construction d’un futur partagé pour les nouvelles générations », rapporte le journal français Le Monde.

Pour ce faire, le rapport rédigé par ces 15 jeunes, et destiné au président Macron, se divise en plusieurs axes qui sont : l’enseignement, la création d’un musée/institut, les témoignages, les lieux de mémoire et les échanges entre jeunes, ainsi que les figures et gestes symboliques.

L’Émir Abdelkader à l’école française ?

Un des socles des propositions présentées par cette « jeune génération » concerne l’éducation nationale en France. Pour les rédacteurs de ce rapport, « trop de générations n’ont eu aucun enseignement sur la guerre d’Algérie ». Cela fait que « le récit familial… peut différer de cette histoire scolaire incomplète ». Le Rôle de l’école devrait « faire office de pont », entre « le récit des ancêtres » et « l’histoire dans son déroulement le plus exact ».

L’ambition de ces jeunes est « que l’histoire enseignée participe à cet apaisement mémoriel ». Mais, cela ne pourrait se faire sans se pencher sur ce qui a été qualifié de « figures historiques ». Le rapport de ces jeunes estime que ces figures « pourraient aider à bâtir des ponts entre l’Algérie et la France ».

Bien entendu, l’émir Abd el-Kader est la figure mise en avant par ce rapport qui assure que ce personnage « appelle à un souvenir doux » mais « également celui d’un brave guerrier ». Le même rapport rappelle que « la France lui a reconnu la grand-croix de la Légion d’honneur ». Outre la figure de l’Emir Abd el-Kader, ces jeunes ont également pensé à la figure féminine d’Isabelle Eberhardt.

Des solutions concrètes

Outre les propositions théoriques, symboliques, cette jeune commission fait savoir également au président Macron qu’il faudra, pour s’approcher d’un véritable apaisement, « restituer les reliques d’Abd el-Kader sur l’île Sainte-Marguerite, en faire également un lieu de mémoire, au cœur de la mer Méditerranée ».

Les lieux de mémoire participent à la construction d’un « futur partagé » pour les jeunes des deux pays et à l’apaisement des mémoires », indique le rapport qui ajoute « qu’il s’agirait donc concrètement de renforcer les possibilités pour les Algériens de se rendre sur des lieux de mémoire en France, mais également, en coopération avec le gouvernement algérien, de faciliter aux Français, et plus particulièrement aux pieds-noirs, harkis et juifs d’Algérie, l’accès sur des lieux de mémoire en Algérie.

En outre, l’exploitation des témoignages constitue pour cette commission « enjeu majeur », car « cette génération n’est pas éternelle ». Les jeunes plaident  » pour la création d’un réseau social qui mettrait à disposition de brefs extraits » afin « d’éveiller l’intérêt » de l’internaute qui pourra ensuite accéder au témoignage complet.

Pour les gestes symboliques, la commission se pose enfin la question. « Faut-il s’adresser uniquement à la société française, ou aussi à la société algérienne ? ». Les jeunes ont ensuite mis en avant une volonté d’un « grand discours sur la guerre d’Algérie », qui reflète les mémoires « des indépendantistes, des juifs d’Algérie, des pieds-noirs, des harkis, des appelés ».