Sous Chirac, ensuite sous Sarkozy, l’Etat français parle de relations privilégiées et d’exception avec l’Algérie. Le même Etat français de la cinquième République refuse d’assumer son histoire coloniale conformément à ses principes fondateurs puisés dans la révolution de 1789, et juge la repentance avilissante.
Le même Etat français, qui verse des larmes de crocodile sur la mort de civils libyens, libanais et autres chrétiens d’Irak, a voté contre une commission d’enquête de l’ONU sur les massacres commis par son allié, le Maroc, dans un camp de réfugiés sahraouis à El Ayoune, dans les territoires occupés. La même république montre du doigt l’islam et les musulmans de France comme la source de tous les malheurs des Français de souche et engage un débat sur une laïcité qui ne semble pas résister à un parti de l’extrême droite exploitant avec génie les effets de la crise économique mondiale et l’incapacité de la droite classique à y faire face.
Enfin, la même république montre finalement son vrai visage en s’engageant dans un exercice d’espionnage en Algérie où son consulat d’Annaba semble être mouillé de la tête aux pieds. Il est clair que l’espionnage en soi, notamment concernant les installations militaires, industrielles et les sites de souveraineté, est une pratique courante, et ce, depuis que les Etats existent. Il est tout aussi connu que les représentations diplomatiques ont pour mission de défendre les intérêts de leur pays par tous les moyens, y compris l’espionnage. A ce propos, ce sont les Algériens qui ont prêté le flanc pour un visa et un pécule qui sont davantage condamnables. Cependant, ce qui est étrange dans l’attitude du consulat français d’Annaba, c’est cette hargne à vouloir impliquer
les militaires algériens dans l’assassinat des moines de Tibhirine. Une campagne en règle est orchestrée depuis Paris, pour prouver par tous les moyens l’implication de l’Etat algérien à travers son armée dans l’enlèvement et l’assassinat des sept religieux. Pour ce faire, on accorde du crédit à des témoins sans valeur, on fait admettre des balivernes débitées par un ancien attaché militaire à l’ambassade
de France à Alger. Et la dernière trouvaille, c’est de faire dire à d’anciens militaires algériens ce que la France veut bien faire croire
au monde. Que cherche la France ? A affaiblir l’Algérie ? A faire pression sur elle, dans quel but ? Le jeu trouble de Paris n’est pas nouveau pour le lier aux mesures prises par Alger pour défendre son économie. L’affaire dévoilée au tribunal d’Annaba remonte à 2006, même si la France a toujours eu une attitude ambiguë et arrogante à l’égard de l’Algérie. L’Algérie regrette l’assassinat des moines de Tibhirine, mais a la conscience tranquille dans la mesure où c’est la guerre entre les services français qui en assume l’entière responsabilité.
Aussi bien dans l’affaire des moines que dans celle du détournement de l’avion d’Air France par les éléments du GIA, l’Etat français croyait pouvoir intervenir militairement sur le sol algérien aussi facilement qu’il le fait en Côte d’Ivoire ou ailleurs. La France n’a jamais admis la souveraineté algérienne sur son territoire et sur ses richesses. Là est la question !
A. G