La quatrième rencontre euro- algérienne des écrivains qui a débuté hier et qui se poursuivra aujourd’hui à l’hôtel El Djazair sur le thème «des identités plurielles» s’est faite en présence d’un aréopage de chercheurs universitaires, d’écrivains, de personnalités du monde de la littérature et des lettres.
Cette rencontre verra la participation de 18 écrivains algériens et européens qui auront pour objectif de nourrir un débat ouvert et de baliser la voie à une meilleure compréhension de l’autre.
Mme Laura Baeza, ambassadeur-chef de délégation de l’Union européenne, a déclaré, en guise de préambule, que cette quatrième rencontre a été inspirée par l’essai d’Amine Maalouf sur les Identités meurtrières.
« Comment se dépasser, se sublimer quand on a été élevé, éduqué à penser d’une façon restric- tive dans le cadre d’une appartenance unique, à une culture, une religion, un environnement spécifique», a indiqué Mme Laura Baeza dans son allocution.
«Il y a lieu d’instaurer un dialogue interculturel qui paraît aujourd’hui indispensable non seu- lement au niveau individuel mais aussi sur le plan collectif et sociétal. Dans un monde globalisé il y a nécessité à entrer en contact, avec l’autre. Les nouvelles technologies abolissent les frontières et nous poussent à vivre de plus en plus dans un village global.»
Le premier volet de la problématique a permis, hier, à l’assistance de prendre connaissance de communications inscrites dans le cadre de deux ateliers animés par des écrivains algériens et européens. Il s’agit du thème lié au «lieu, l’appartenance et le moi», et le second thème traite de«l’appropriation des langues et la transmission des imaginaires».
Abordé en marge de cette rencontre, Amine Zaoui a estimé qu’il s’agit d’une heureuse initiative dans la mesure où elle permet que se rencontrent des écrivains des deux rives de la Méditerranée.
L’Algérie est satisfaite de cette rencontre, conçue comme un espace d’échanges, de confrontations d’expériences multiples. La littérature algérienne dans ses différentes expressions ne peut qu’en bénéficier.
Amara Lakhous, jeune écrivain de langues arabe et italienne, s’est dit particulièrement enchanté de participer à une telle rencontre. Le débat sur ce thème est important parce qu’il autorise une réflexion qui est toujours d’actualité. Ce n’est pas une opportunité inutile car il y a des écrivains algériens qui s’expriment dans d’autres langues.
«J’utilise deux langues. Cela me permet de les féconder car chacune d’elle a ses codes, ses spécificités. Il est donc permis de transposer des imaginaires et des émotions à travers des canaux divers ».
Anouar Benmalek se déclare hostile à tout nationalisme et indique que le problème linguistique est important. «Le débat sur ce thème me paraît utile car, par défi-nition, toute discussion est par essence une occasion de se connaître et d’échanger des idées.
Salim Bachi, écrivain, indique que le regard sur les identités, qui ne sont pas toujours meurtrières, est judicieux. «Les systèmes ont tendance à catégoriser les individus, à les estampiller d’une certaine manière. La mondialisation ne parvient pas à abolir les frontières d’un point de vue des mouvements des personnes. C’est à nous d’agir pour évoluer dans le sens d’une élimination des barrières géographiques ».
D’une manière succincte, on peut observer que la rencontre se veut un cadre de débat sur l’évolution de la société, une réflexion sur la façon d’assumer sa diversité, de concevoir son identité comme étant la somme des diverses appartenances, au lieu de concevoir une seule identité érigée en système hégémonique qui favorise un sentiment d’exclusion, qui est mobilisé parfois en instrument de guerre.
Rappelons qu’aujourd’hui, deux ateliers sont programmés sur les thèmes de l’identité et la pratique culturelle, transfert des modèles identitaires, de l’apparte- nance unique à l’ère de la mondialisation.
M. Bouraib