Quatrièmes en terme numérique à l’Assemblée nationale, les députés indépendants sont sous le feu de la rampe. Ce sont eux qui ont volé au secours des réformes en prêtant main-forte au FLN et au RND. Souvent assimilés à un simple réceptacle des dissidents des autres partis politiques, les députés indépendants forment néanmoins un groupe parlementaire à part entière.
Au moment où le parti de Soltani découvrait les vertus de l’opposition en votant contre des lois entrant dans le cadre des réformes annoncées, les indépendants s’essayaient au jeu des alliances. Ils se sont alliés au FLN et au RND, se substituant ainsi au MSP qui n’a à l’occasion pas joué le rôle qui lui est assigné dans le cadre de l’Alliance présidentielle. Les 33 voix des indépendants auront été déterminantes pour l’obtention de la majorité confortable nécessaire à légitimer des textes défendus par le président de la République. Peu habitués aux feux de la rampe, les indépendants ont été cependant propulsés au-devant de la scène. Ils sont 33 députés à se revendiquer du groupe parlementaire dit des «indépendants» présidé par Imad Djafri, un député élu sur une liste de Ouargla. Le groupe est à dominante masculine. Seule une femme a été élue sur une liste de Bouira. Contrairement à ce qui se dit souvent et hormis quelques exceptions, les députés indépendants ne sont pas des transfuges des autres partis politiques représentés au sein de l’APN. Il s’agit majoritairement d’hommes d’affaires localement influents qui ont réussi grâce à leur notoriété à se faire élire sur une liste électorale indépendante. N’ayant pas besoin de base partisane, car n’appartenant organiquement à aucune formation politique, ils font campagne au niveau local en comptant sur des relais non traditionnels. Le système tribal, le réseau de connaissances, le lobbying sont souvent à l’origine de leur élection. Au lendemain des élections législatives de mai 2007, pas moins de 100 listes indépendantes étaient en lice. Les résultats officiels les plaçaient en quatrième position avec 33 sièges derrière le FLN, le RND et le MSP. Les indépendants surclassaient le Parti des travailleurs qui avait obtenu 26 sièges et le RCD avec 19 sièges. Les indépendants étaient représentés dans quasiment l’ensemble des régions du pays avec un représentant élu à Washington au niveau de la zone six. La physionomie du groupe parlementaire n’a pas beaucoup changé depuis 2007. Le groupe a connu l’arrivée de quelques dissidents du FNA ou du PT mais organiquement parlant, ils ne peuvent être considérés comme indépendants. Les députés ayant décidé de quitter leurs groupes parlementaires suite à des désaccords avec leurs directions sont considérés comme n’ayant plus d’appartenance politique mais ne peuvent se revendiquer indépendants. D’ailleurs au sein de l’Assemblée, leurs pairs et l’administration continuent de les considérer comme ex-RCD ou ex-FNA par exemple. Ils ne peuvent se revendiquer comme faisant partie des indépendants qui ont souvent et pas toujours à raison été assimilés au nomadisme politique. Une accusation qu’ils réfutent, se considérant comme des députés bien élus sur la base d’une liste indépendante bien identifiée comme telle. Ils accusent ceux qui veulent les assimiler à de simples «nomades politiques» de vouloir les discréditer.
N. I.