«C’est un déluge et en même temps un véritable déchirement». C’est en ces termes que l’opposition qualifie la cuisante défaite électorale des dernières législatives. Rien ne présageait une telle déroute, sauf pour les petites formations récemment agréées.
Mais la nouvelle donne impose déjà une refonte de la démarche politique et du combat partisan, d’autant que deux grandes échéances importantes se profilent à l’horizon : la révision de la Constitution et les élections locales et de wilaya.
Selon des analystes, quatre grands scénariis s’offrent à cette opposition : Le premier est actuellement en discussion entre une dizaine de partis. Leur arme fatale est le boycott de l’APN, soit une absence de près d’une centaine de députés, si le FFS et le PT acceptent cette proposition.
Ce boycott, en forme de refus des résultats des législatives, ne semble pas avoir l’unanimité de ces partis, à cause de quelques considérations internes à ces partis, mais aussi en raison du caractère moral des choix populaires.
Déjà, on met en exergue l’expérience du RCD lors de la défunte législature, dont le boycott des travaux parlementaires n’a pas eu écho escompté ni au sein de l’APN ni chez l’opinion publique. Toutefois, l’action pourrait être acceptée uniquement lors des séances solennelles et officielles. Deuxième également possibilité, en discussion, est le boycott en masse des prochaines élections communales de novembre prochain, quelques soient les garanties de transparence et les assurances de «propreté» du pouvoir.
L’effet pourrait être sans doute d’un grand impact, si une trentaine de partis politiques, en colère et déçus par la tournure des législatives, parviennent à se mettre d’accord sur cette perspective. Mais aux dires des mêmes analystes, les petits partis rechignent à se risquer dans cette voie, d’autant qu’ils cherchent à établir une assise nationale et à mettre en valeur leur visibilité politique et idéologique. D’ailleurs, certaines formations nouvelles ont beaucoup plus tablé sur les communales que sur les législatives.
Le troisième scénario, en débat, est de créer une alliance parlementaire élargie constituée de tous les partis, hormis le FLN et le RND. Cette alliance pourrait également attirer la de vingtaine d’indépendants. Le but est d’aller encore plus loin que la constitution d’un contre-pouvoir parlementaire, vers la création d’un Front politique dont les mécanismes de fonctionnement pourraient se mettre en valeur dès la préparation des élections communales et wilaya.
L’idée semble avoir les faveurs de beaucoup d’acteurs de cette opposition, d’autant qu’ils estiment qu’il faut «tout faire pour gagner l’autre bataille des municipales» et «qu’il suffit de bien s’y préparer, non pas en ordre dispersé, mais en front uni pour barrer la route à la fraude et éviter les mauvaises surprises».
La quatrième possibilité, qui reste à cette opposition écartelée, est de faire cavalier seul. Chaque parti a sa propre logique de combat politique et surtout une stratégie et une histoire politique. Sur ce point, les analystes pensent que le FFS ou le PT ne peut avoir une démarche commune avec des petits partis nouvellement agrées qui manquent encore de maturité et surtout d’épaisseur idéologique. Mais le fait de faire cavalier seul comporte des risques, même s’il possède des avantages certains.
Il est évident que cette semaine sera cruciale pour cette opposition qui se cherche et cherche une autre alternative de combat politique, même si Djaballah semble vouloir susurrer que le printemps tunisien est la meilleure voie, c’est-à-dire la bataille des rues. Cela prouve le profond déchirement de ces hommes politiques à la veille du départ de la nouvelle législature et la constitution d’un nouveau cabinet exécutif.
H. Rabah