
Les boulangers qui ont assuré la permanence les deux jours de l’Aïd ferment les deux jours suivants et se font remplacer par ceux qui n’ont pas travaillé.
Décidément, la culture du service public peine à s’installer dans notre société. Et, à l’occasion des fêtes et des jours fériés, le constat devient visible à vue d’oeil. Parmi les manifestations de ce manque, figure en bonne place la persistance des commerçants à refuser d’assurer la permanence et d’ouvrir les jours de l’Aïd.
En effet, ils étaient 1800 commerçants à être appelés par la direction du commerce à assurer la permanence durant les deux jours de l’Aïd. Jusqu’à hier, dimanche, quatre jours après, beaucoup restaient fermés.
Dans les villages comme les plus importants centres urbains et chefs-lieux des communes, le pain surtout, restait introuvable. Jusqu’à hier, les citoyens ne trouvaient pas le pain dans les boulangeries et autres commerces d’alimentation générale.
En fait, l’explication que nous avons reçue des commerçants défie toute logique. Il est archi certain que la direction du commerce n’a jamais pris ses dispositions face à ce phénomène.
«Non, il n’y aura pas de pain aujourd’hui» réplique un commerçant. «Mais l’Aïd, ça fait trois jours que c’est passé», répond le client.
«C’est que les boulangers qui ont travaillé les deux jours de l’Aïd se reposent les deux jours suivants et se font remplacer par ceux qui n’ont pas travaillé» explique le commerçant. Ainsi, s’explique le manque de pain quatre jours après l’Aïd.
Les boulangers qui ont assuré la permanence les deux jours de l’Aïd ferment les deux jours suivants et se font remplacer par ceux qui n’ont pas travaillé. Le service est assuré à son minimum pendant quatre jours. Ainsi expliquée, la pénurie du pain qui persistait jusqu’à hier devrait interpeller les services concernés. Ce n’est pas uniquement une question de culture, mais de loi également. Beaucoup de commerçants interrogés hier à Draâ Ben Khedda et Tizi Ouzou assuraient que cette année, les contrôleurs n’étaient pas visibles sur le terrain. Peu ont affirmé avoir constaté un semblant de contrôle.
Les commerçants ne prennent pas au sérieux les instructions de la direction du commerce. «Ils ouvrent quand ils veulent et s’ils veulent», affirmait un commerçant en colère. «Moi aussi je ne suivrai plus les instructions s’ils ne sanctionnent pas les défaillants», assure-t-il.
Enfin, il convient de rappeler qu’hier encore la tension persistait sur les produits de première nécessité, surtout le pain. Et quand le citoyen ne trouve pas le pain durant quatre jours, il oublie surtout la hausse vertigineuse des fruits et légumes. Et si la situation servait à cacher cette incapacité à empêcher les prix de monter?