Quatre ans après son élection: Le bilan de l’APN divise les partis

Quatre ans après son élection: Le bilan de l’APN divise les partis

10 mai 2012 – 10 mai 2016. Quatre ans après les élections législatives et à une année de la fin de ce mandat, l’APN fait l’objet de critiques acerbes de la part des partis de l’opposition.

Ayant résisté et survécu à tous les vents, l’Assemblée populaire nationale peut-elle trouver un motif pour tirer une quelconque fierté du bilan de quatre ans d’exercice ?Parmi tous les projets de lois adoptés, aucun n’a été proposé par les parlementaires. Nâamane Laouar, président du groupe parlementaire de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV), regrette que «toutes les propositions de lois faites par les députés de son groupe aient été rejetées». Ce qui lui fait dire que le bilan des quatre ans est «négatif». Tous les projets votés durant cette période sont venus du gouvernement. Aucun projet de l’Exécutif n’a été rejeté. C’est dire ! Une assemblée qui a arraché de haute lutte son titre de «chambre d’enregistrement». Elue en 2012 dans un contexte très tendu en raison des évènements de ce qui est appelé le Printemps arabe, ce printemps de destruction massive, l’APN peine à sortir la tête de l’eau. Pour Laouar, interrogé par nos soins, «l’APN n’a pas fait convenablement son travail et n’a pas joué son rôle législatif et de contrôle de l’action du gouvernement». «Ce qui nous agace, a-t-il dit, est que l’obstacle numéro 1 est dans l’APN». En effet, toutes les propositions de l’opposition sont rejetées ou bloquées au niveau du bureau de l’assemblée avant d’atterrir au gouvernement. Le président du groupe de l’alliance islamiste ajoutera que l’institution législative ne contrôle pas le gouvernement. Preuve en est, «des questions orales posées en 2012 n’ont toujours pas reçu de réponses». «Le Premier ministre ne s’est jamais présenté à l’APN pour répondre aux questions qui lui sont adressées», a-t-il déploré.

Représentativité

La raison ? Notre interlocuteur l’incombe au fait que l’élection de 2012 n’était ni libre ni transparente. A cela, il a joutera le manque de représentativité de l’assemblée. Les législatives du 10 mai 2012 se sont déroulées dans un contexte tendu. Les islamistes, revigorés par les victoires de leurs frères dans les pays voisins, ont constitué leur alliance dans l’espoir de prendre le pouvoir législatif, le MSP a rompu le lien avec l’Alliance présidentielle.

Après l’élection, ils ont dénoncé une fraude à grande échelle. Quant à la représentativité, il faut souligner que le taux de participation aux élections législatives du 10 mai 2012 était de l’ordre de 43%, soit seulement un peu plus de 9,3 millions de votants sur les 21 millions inscrits sur les listes électorales.

Le FLN qui a récolté uniquement 14% des voix exprimées (1,3 million d’électeurs) remportera près de 50% des sièges de l’APN (221 sur 462 députés). Durant ces quatre ans d’exercice, les locataires de la Chambre basse se sont distingués par leur tendance à bouder les couloirs de l’APN. Un phénomène d’absentéisme qui prend de plus en plus d’ampleur, à tel point que certaines séances, notamment celles consacrées aux réponses des ministres, se sont déroulées en présence de moins de 15 parlementaires.

Stabilité

A ce bilan négatif dressé par Nâamane Laouar, Hocine Khaldoune, chargé de communication du parti majoritaire, oppose un bilan des plus satisfaisants. «Le bilan est très positif. Il est satisfaisant», a-t-il répondu. Khaldoune soutient que «l’APN a contribué à sauvegarder la stabilité du pays», au moment où des pays voisins ont été secoués par des bouleversements de grande ampleur. Le chargé de communication du FLN a précisé que le groupe parlementaire de son parti a fait ce qu’il fallait faire «en votant comme un seul homme et dans une grande discipline» pour les projets de lois du gouvernement. Quid des demandes d’initiatives des parlementaires ? «Je suis d’accord avec l’opposition lorsqu’elle dit que l’APN manque d’initiatives. Mais c’est l’opposition qui ne fait pas de propositions. Si nous n’étions pas dans le gouvernement, on en aurait fait», a-t-il dit. Il ajoute qu’on ne peut pas réduire le bilan de quatre ans d’exercice «au blocage d’un projet de loi proposé par un parti de l’opposition, si blocage il y a». Mieux, notre interlocuteur dénonce «le populisme» des partis de l’opposition qui «utilisent la tribune de l’APN pour les besoins de leur propagande partisane». «Il y a même des gens qui ont voulu perturber la loi de finances 2016 en nous accusant de vendre le pays», a-t-il encore dénoncé. En tout cas, il reste encore une année aux députés pour défendre les intérêts de leurs concitoyens s’ils souhaitent sauver la face.

Les deux moments forts de l’APN

En quatre ans, l’APN n’a vécu que deux moments forts. Il s’agit de l’épisode de la très controversée loi de finances 2016, adoptée le 30 novembre 2015 dans une ambiance électrique et une conjoncture économique difficile. Lors des débats, même les députés du FLN ont adressé des critiques sévères au gouvernement, faisant croire que le projet sera rejeté. Or, les députés de la majorité ont fini par se ranger et le projet adopté dans une séance très houleuse où on en est arrivé aux mains.

Le deuxième moment fort de l’APN est vécu à l’occasion de l’adoption de la nouvelle Constitution, le 7 février 2016, à l’occasion d’un congrès des deux chambres du Parlement. Les islamistes et le FFS avaient boycotté la séance.