Quatre ans après l’annonce de Bouteflika, Révision de la Constitution : l’arlésienne !

Quatre ans après l’annonce de Bouteflika, Révision de la Constitution : l’arlésienne !
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Annoncée dans la foulée des révoltes arabes en 2011 par le président Bouteflika, la révision en “profondeur” de la loi fondamentale, censée s’inscrire dans le prolongement du vent de changement qui a secoué de nombreux pays arabes, peine à voir le jour.

Quatre ans après cette annonce, la mouture de la nouvelle Constitution est entourée du plus grand secret. À ce jour, nul ne sait la nature ni la profondeur des amendements souhaités, en dépit du tapage médiatique fait autour des consultations, la première fois autour du président Bensalah, en mai 2011, et la seconde en juin, l’an dernier, autour d’Ahmed Ouyahia, encore moins sur la date, ni sur la manière dont la nouvelle Constitution sera adoptée. Au-delà de l’incapacité du pouvoir à rallier à sa cause une opposition réfractaire à la manière dont cette révision est conduite, c’est probablement aussi la nature des amendements liés à la question de la succession à Bouteflika qui fait désordre en haut lieu. Signe de cette confusion : les déclarations contradictoires entre le deuxième personnage de l’État, Abdelkader Bensalah, et le président de la Chambre basse du Parlement, Larbi Ould Khelifa. “L’histoire retiendra que le Parlement aura peut-être l’honneur de définir sa position vis-à-vis du contenu de la Constitution, car tous les indicateurs montrent que ce rendez-vous n’est pas éloigné”, a déclaré, récemment, Abdelkader Bensalah, dans un discours à l’ouverture de la session de printemps du Sénat.



“La révision de la Constitution n’est pas à l’ordre du jour de la session de printemps”, a annoncé le même jour Larbi Ould Khelifa. À cette confusion s’ajoutent les déclarations-prédictions des relais du pouvoir, comme le patron du FLN, Amar Saâdani, ou encore du secrétaire général du MPA, Amara Benyounès, et du secrétaire général de TAJ, Amar Ghoul, que s’empresse de relayer la presse. Pourtant, par bien des aspects et au regard du contexte, il est pour le moins politiquement risqué pour le pouvoir de lancer le chantier de la révision sans avoir obtenu au préalable un consensus politique. D’où la raison pour laquelle beaucoup voient dans cette annonce répétée, une espèce de ballon-sonde, voire une manière “d’amuser la galerie”, en raison du blocage en “haut-lieu”. “L’amendement de la Constitution à travers le Parlement démontre que le régime politique n’a pas réussi à faire le consensus. Ce n’est pas étonnant dans la mesure où ses méthodes paternalistes éculées ne s’accommodent plus avec une classe politique qui a pris ses responsabilités au regard des menaces qui planent sur le pays”, commente, sur sa page facebook, le président du MSP, Abderrazak Makri. “Encore une fois, le régime politique veut occuper le peuple à travers le Constitution pour occulter son échec constant à réaliser le développement et à garantir les libertés (…). Aucune Constitution ne peut régler les problèmes”, soutient-il. “La Constitution nécessite une révision profonde”, estime, de son côté, le président du FJD, Abdallah Djaballah. Selon lui, une révision partielle “n’apportera aucun changement”. La révision de la Constitution est, en définitive, un véritable serpent de mer : tout le monde en parle, mais bien peu de gens l’ont vu.

K. K.