Encore un scandale au port d’Alger. Quatre affaires liées à la contrebande et au transfert illicite de devises vers l’étranger sont en cours de traitement. Des importateurs mais également des fonctionnaires travaillant au niveau du port sont poursuivis en justice.
Les premiers pour avoir monté des opérations fictives d’importation dans le seul but de transférer des devises et les seconds pour complicité. La cellule de traitement du renseignement économique et financier relevant de la police du port d’Alger a mis à nu quatre affaires liées au transfert illicite de devises vers l’étranger. A l’origine de la mise en examen d’importateurs et de fonctionnaires du port d’Alger géré par DP World, la mystérieuse disparition de plusieurs conteneurs déclarés renfermer des marchandises diverses.
Ce qui a mis la puce à l’oreille des enquêteurs, c’est que les importateurs de cette marchandise ne se sont pas manifestés pour déclarer la disparition des conteneurs en question. C’est l’absence de réaction de ces importateurs qui a poussé les enquêteurs à s’intéresser de plus près à cette affaire et à privilégier l’hypothèse du caractère frauduleux prémédité qui consiste en l’importation en contrebande de marchandises et à la majoration des factures d’achat ayant permis le transfert illicite de fortes sommes de devises vers l’étranger.
L’enquête a révélé non seulement l’implication de ces importateurs mais également des employés en charge du contrôle documentaire et physique de la marchandise et d’autres travaillant au niveau du terminal à conteneurs du port d’Alger, géré par le DP World. Ce n’est certainement pas la première fois que des importateurs indélicats usent de ce procédé pour transférer des devises de manière illégale. Les services des douanes connaissent parfaitement les artifices utilisés par de pseudo-opérateurs économiques qui n’hésitent pas à déclarer des produits souvent surfacturés importés dans des conteneurs et sans grande valeur.
Les investigations des services de sécurité permettent souvent de constater que finalement les registres de commerce et l’ensemble des informations utilisés dans le cadre de ces opérations d’importation sont falsifiés. Les importateurs qui les utilisent n’hésitent pas à abandonner au niveau des ports des conteneurs sans jamais les réclamer. Très souvent, les services des douanes constatent également que les entreprises étrangères qui sont censées fournir ces importateurs n’ont aucune existence légale et ne sont en fait ni plus ni moins que des entreprises fictives servant d’alibi.
Le phénomène a pris une telle ampleur que le Premier ministre avait saisi l’année dernière l’ancien ministre des Finances lui demandant de prendre toutes les mesures qu’il jugerait utiles en vue de renforcer le dispositif de contrôle et de détection des infractions de change, notamment à travers le renforcement des moyens humains et matériels des services des douanes. Djoudi répondait alors que son département avait mis l’ensemble des moyens humains et matériels au service de la lutte contre le transfert illicite des devises.
En 2013, un rapport relatif à la répression des infractions à la législation des changes faisait état de plus de 1 000 procès-verbaux établis et transmis à la justice pour un montant de plus de 17 milliards de dinars. L’année précédente, les services des douanes avaient constaté des infractions de change de l’ordre de 17,33 milliards de dinars selon un rapport conjoint du ministère des Finances et de la Banque d’Algérie. La Banque africaine de développement (BAD) avait égalelemnt épinglé l’Algérie estimant le transfert illicite de devises en Algérie, entre 1980 et 2009, à près de 173 milliards de dollars.
N. I.