S’il n’est jamais tard pour bien faire, comme le dit l’adage, pour le président Sarkozy, il semble bien qu’il est trop tard. Les téléspectateurs algériens ont dû être surpris mercredi par les propos élogieux et reconnaissants du candidat sortant -au propre et au figuré- à l’élection présidentielle française Nicolas Sarkozy à propos du rôle de l’Algérie dans le Sahel.
Lors du duel télévisé qui l’a opposé à son successeur potentiel François Hollande, Nicolas Sarkozy s’est fendu d’une belle reconnaissance du leadership de l’Algérie dans le règlement de la crise au Sahel. Pour lui, notre pays est tout simplement la clé majeure pour régler les crises dans cette région. Renversant !
Pourtant, le locataire de Élysée a tout fait, durant cinq ans, pour saborder les efforts de l’Algérie visant à «pacifier» le Sahel, devenu une poudrière. Mais une fois n’est pas coutume, le candidat UMP a déclaré sans rire, que «L’Algérie détient la clé de l’ensemble du problème du Sahel».
On croit rêver… Bien qu’il soit toujours un plaisir pour l’Algérie d’entendre un président d’un pays occidental et surtout français, reconnaître ses mérites, force est de constater que Sarkozy a fait trop tard son aveu. A vouloir servir cette réalité comme un génie personnel à ses compatriotes, il a simplement admis qu’il a eu tout faux dans son activisme au Sahel. Il serait même juste de dire qu’il s’est trompé d’ennemi.
«L’Algérie est une puissance régionale» : Bonjour !
«Il y a un problème dans cette région. C’est la confiance que nous devons mettre dans le travail avec l’Algérie qui est la puissance régionale et qui a les clés de l’ensemble des données du problème », a–t-il expliqué, doctement.
Mai alors pourquoi a-t-il tardé à le comprendre ? Ce que Sarkozy n’a pas voulu dire aux français, c’est qu’il n’a jamais gobé le fait que l’Algérie joue un rôle moteur dans le règlement des crises au Sahel comme l’ont fait les américains et les anglais.
En d’autres termes, en tant que président de la France, Sarkozy ne faisait pas confiance à l’Algérie dans le processus de pacification de cette région, préférant nouer des alliances douteuses avec l’ex président malien Amadou Toumani Touré (ATT), voire traiter indirectement avec Al Qaïda pour récupérer les otages français.
Fatales erreurs d’appréciation
Or, l’Algérie qui maîtrise très bien les enjeux et le risques au Sahel, a fait du non-paiement de rançons aux terroristes un principe qu’elle a même fait criminaliser aux Nations Unies. Faut-il rappeler l’issue fatale pour les otages français, quand Sarkozy a mené une opération militaire sur le sol malien contre un groupe d’Al Qaïda avec la complicité d’ATT.
Pour avoir refusé d’écouter les conseils d’Alger, l’opération fut un désastre. Non seulement les terroristes ont pu prendre la fuite mais pire encore, les otages avaient été exécutés.
L’Algérie avait alors mis en garde contre une opération cavalier seul. Sarkozy ne l’a pas écoutée et la suite tout le monde la connait. La reconnaissance de mercredi est donc très tardive. Dire que l’Algérie et une «puissance régionale» et une «clé majeure», est certes flatteur pour notre pays, mais pour Sarkozy, c’est un réveil brutal d’un cauchemar.
Celui de perdre son fauteuil en faveur d’un François Hollande qui va apprendre de ses cuisants échecs. Ce même Sarkozy qui tresse des lauriers à l’Algérie a tout fait pour la gêner dan son action au Sahel.
Il a en effet tout entrepris pour faire admettre le Maroc au sein des pays du champ alors même qu’il ne fait pas partie du Sahel.
Hollande à dû apprécier la leçon…
Mais sa manœuvre visant à en faire son cheval de Troie n’a pas échappé à l’attention des responsables algériens qui l’ont rejeté. Mercredi, Sarkozy n’a fait qu’avouer son propre échec de s’être trompé d’ennemi. En affichant une méfiance à toute épreuve à l’égard de l’Algérie, la France sous Sarkozy a compliqué la crise au Sahel et provoqué la mort des otages.
«Il faut pousser ces pays, l’Algérie, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal à travailler ensemble et la France va les aider militairement». Voilà ce qu’il aurait dû comprendre depuis des années !
François Hollande a dû apprécier ce rare moment de lucidité de Nicolas Sarkozy. Quant à l’Algérie, elle n’a plus besoin des éloges d’un homme finissant.