Quand Marianne traitait le peuple algérien de «cocu»

Quand Marianne traitait le peuple algérien de «cocu»

La liberté d’expression dont use et abuse une certaine presse en France mène à tout en bousculant tout le reste, y compris l’esprit de responsabilité qui devrait être un régulateur volontaire pour éviter les dérives qui ne se limitent pas seulement à des caricatures offensantes pour une religion.

Déjà, en 1999, après l’élection présidentielle, dans une tribune parue dans la revue Marianne, le peuple algérien a été tout simplement qualifié de «cocu», au bout d’un article qui voulait dénoncer la farce électorale. Peu de personnes en Algérie avaient lu cette chronique insultante pour nous, ce qui explique qu’elle soit passée inaperçue, mais nos «amis» à Marianne ne se sont pas senti le devoir de faire un petit mot d’excuses à l’endroit du peuple algérien «ami». A l’époque, un citoyen avait envoyé un droit de réponse et il avait reçu une fin de non-recevoir de la part de l’avocat de Marianne.

Sa lettre ne fut pas publiée. Mais l’hebdomadaire français a continué à avoir ses lecteurs en Algérie et a même obtenu une interview d’un Bouteflika «fraîchement élu». Avec de telles pratiques, Marianne est très mal placé pour faire la leçon à la presse algérienne qui a payé cher le prix de sa liberté. Marianne est libre de croire que l’irresponsabilité fait partie de la liberté de la presse, mais rien ne l’autorise à imposer cette conception aux autres. Placer une caricature offensante pour la religion en Une et demander aux gens insultés d’accepter que la publication soit dans les kiosques, c’était vraiment irréel. Le niveau atteint par Marianne illustre la régression du courant politique français qui se dit de gauche, contraint à l’union nationale par une manœuvre grossière dont les tenants et aboutissants finiront pas être dévoilés, révélant en même temps les vrais commanditaires des crimes commis à Paris. Marianne est-il conscient qu’il contribue, en France même, à marginaliser les communautés immigrées et à les livrer au racisme ouvertement pratiqué par les partis d’extrême-droite ? Est-il conscient qu’il participe à l’exacerbation du faux clivage entre musulmans et non-musulmans en France ? Il devrait dénoncer ceux qui, à partir de plus de quatre-vingt pays, dont la France, envoient des dizaines de milliers de jeunes musulmans préalablement fanatisés et manipulés, semer la terreur en Syrie et en Irak .