Quand les mostaganémois se solidarisent pour l’Aïd: « Besmat El Aïd »

Quand les mostaganémois se solidarisent pour l’Aïd: « Besmat El Aïd »

Rien ne vaut la joie de partager le sourire d’un pauvre enfant, ou essuyer les larmes d’un chef de famille qui ne peut s’offrir le luxe de s’acheter un kg de viande en pleine fête de l’Aïd El-Adha ! Offrir un mouton pour ces pauvres c’est s’offrir une maison au paradis !

Mais que dire d’une jeune fille, de 18 ans disait « Quoi un mouton pour nous ? Mon Dieu, e n’est pas possible ! »Et, elle a éclaté de pleurs puis, avec délicatesse elle à mis son « khimar » sur la tête et s’est agenouillée puis, elle s’est assise à même le sol. Elle a pris le mouton entre ses mains, comme on prend un bébé avec tendresse puis avec des mots presque inaudibles et incompréhensibles elle lui parlait et tantôt l’embrassait comme si elle parlait à un père ou un frère qui revient de loin.

En effet, c’est dans le cadre d’une opération de don de 130 moutons au profit des démunis, dont  des handicapés, des veuves, des chômeurs, des cancéreux et autres personnes dans le besoin de la wilaya de Mostaganem, des amis de réflexion a initié tout un programme de solidarité à l’occasion de l’Aid El Adha. C’est une  action très différente et un peu spéciale, en ces jours de bienfaisance et de solidarité pour les organisateurs qui ont eu à affronter toutes ces familles issues de catégories très précaires, malades et dont les situations ont fait certes pleurées plus d’un.

En effet, c’est dans un climat très poignant et une ambiance un peu triste, que ces personnes de bien ont eu à rencontrer, ceux qui se retrouvent seuls, sans famille, ou avec des charges de parents malades, dont des handicapés, des cancéreux … sans ressources, ni revenus, attendant une aide et un possible secours de la part de personnes bienfaitrices et sensibles.

Oui, c’est à cette catégorie  qui collectionne les accidents de la vie envers qui, ces derniers ont eu à accomplir un devoir  alliant l’humanitaire au religieux. Un des bénévoles  que nous avons croisé, a déclaré  tout tremblant d’émotion  et les larmes aux yeux ne pouvant se contenir, être heureux d’avoir contribué  à une opération  de ce genre, en l’occasion de la fête de l’Aid el Kebir: « Ce que nous avons accompli  n’est qu’une goutte dans l’océan, il faut beaucoup plus pour soulager ces malheureux de leur peine quotidienne. »  Ou cet autre témoignage  d’un  volontaire, qui a toujours plaidé la cause des démunis qui a dit : je cite : ‘’Combien ça coute cet instant de bonheur !?’’, ajoutant encore très heureux d’avoir  contribué  à ce grand geste : ‘’J’ai eu l’honneur de partager la joie avec une famille très pauvre en distribuant un mouton de l’Aid à cette famille composée de 13 personnes : père handicapé moteur, mère décédée laissant, 6 orphelins, un fils jambe amputée chômeur qui est marié avec 3 enfants à charge, un autre frère chômeur marié 3 enfants.’’

Arrêtons-nous là, et essayons d’imaginer un peu la réaction de cet homme, qui a eu à côtoyer cette famille nombreuse vivant dans de telles conditions dont des orphelins, un handicapé, une mère décédée. ‘’Une situation qui ne laisse personne indifférent et qui dans d’autres conditions comme on dit dans notre jargon ‘’ferait éclater le roc’’. Malgré leur chagrin et leur douleur quotidienne, c’est dans la joie et la gaieté que ces familles ont accepté ces dons généreux qui leur ont été envoyés par la grâce du tout puissant , par la main et le cœur de bienfaiteurs qui doivent savoir ce que c’est la détresse humaine et une misère qui se vit dans le silence, accompagnée de dignité.

La scène qui a fait pleurer tout le monde

Que dire encore de cette autre famille  qui  a perdu  le dernier homme, chef de famille ou la vieille femme d’un certain âge se retrouve seule avec des petits et le comble, avec elle, à sa charge, sa grande fille divorcée avec des enfants avec le petit dernier encore accroché à sa poitrine cherchant, sans doute le confort et la sécurité de la mère. Cette famille, hélas vit une détresse immense et pour cause ! En effet, près d’une dizaine de personnes vivotent avec les 12.000, 00  dinars qui représentent  la pension de réversion du vieux qui a quitté ce monde dans la douleur et la maladie.

Hélas, cette triste famille est accablée par la menace permanente d’expulsion par  sa belle sœur qui est la propriétaire légitime de ce petit ‘’haouch’’ garni de deux vignes grimpantes. Ces pauvres femmes, toutes tremblantes, d’une voix chevrotante et saccadée, traduit leur émoi mais surtout la constante peur du lendemain. Ces cas ne sont pas isolés, il existe tant d’autres et chacun a sa particularité, mais ils ont tous un point commun, c’est de vivre dans la précarité et le besoin.

Mais le comble a été vu ,rencontré dans les sanglots et les pleurs quant nos bénévoles sont allés à la rencontre de cette famille de huit personnes dont la mère Mme.S.Zohra ,née en cet endroit même, il y a de cela 56 ans .Cet endroit n’est autre qu’un petit couloir pour le passage d’une personne à la fois et qui se termine par une seule chambre qui fait entre 6-8 m2 de surface tout au plus. L’ainée, une jeune fille ,de 18 ans disait « Quoi un mouton pour nous ? Mon

Dieu, e n’est pas possible ! »Et, elle a éclaté de pleurs puis, avec délicatesse elle à mis son « khimar » sur la tête et s’est agenouillée puis, elle s’est assise à même le sol. Elle a pris le mouton entre ses mains, comme on prend un bébé avec tendresse puis avec des mots presque inaudibles et incompréhensibles elle lui parlait et tantôt  l’embrassait comme si  elle parlait  à un père  ou un frère qui revient de loin. Devant cette scène, l’émotion était à son comble et même le plus âgé de l’équipe, du haut de ses 70 ans, ne pu retenir ses larmes et c’est presque toute l’équipe fondait en pleurs.

Vivre plus d’un demi-siècle dans des conditions inhumaines était trop, vraiement trop. C’était insoutenable comme spectacle mais, il a fallut que le plus fort  de l’équipe de distribution  s’autoproclame en modérateur pour faire renverser la situation à une joie difficilement arrachée. Les yeux encore mouillés de larmes chaudes, par trop d’émotion la bonne femme s’est laissé aller à des prières  de bénédictions en direction des bienfaiteurs et du wali qu’elle remercia, elle et sa fille. Finalement, le sourire est revenu, la joie  fut au rendez-vous et l’équipe est sortie de cet endroit sous des « youyous » qui donnaient la chaire de poule. On s’en souviendra pour longtemps de cette mémorable situation où la condition humaine de mauvaise fortune a été soulagée par la générosité et l’humanisme que demeure encore vivace chez nos responsables qui s’apprécient par le travail et le geste.

En cet instant de bonheur, toutes ces familles à la recherche d’un soutien, d’un moment de bonheur, ont compris qu’elles ne sont plus seules, et qu’il y a des gens qui pensent à elles. Mais dans toute cette action de bienfaisance, bienfaiteurs, organisateurs et bénévoles perçoivent mieux ce que « solidarité » veut dire, il ressort de cette participation, une sensibilité et des émotions très fortes. Mais leur grand plaisir à eux, c’est l’apothéose de cette solidarité, lorsque ces familles fêteront  l’Aid comme tout le monde.