A chaque Ramadhan, de jour comme de nuit, les mosquées d’Algérie connaissent une affluence sans précédent par rapport au reste de l’année et les fidèles affluent de toutes parts pour accomplir l’un des plus importants piliers de l’islam. Mais pour certains d’entre eux, ils mettent à profit cette opportunité pour s’adonner à l’un des sports favoris des Algériens pendant ce mois sacré, la somnolence, en l’occurrence.
Le phénomène a pris en effet de l’ampleur ces dernières années et atteint son paroxysme en ce mois de Ramadhan où les hôtes de nos lieux de culte ne se gênent nullement pour tomber dans les bras de Morphée, notamment entre les prières de Dohr et d’El Asr, le moment idéal pour s’offrir une sieste réparatrice. A telle enseigne que nos mosquées se transforment aujourd’hui en de vrais dortoirs, du reste climatisés. « Franchement, c’est navrant d’en arriver là », regrette Seddik, un septuagénaire rencontré à la mosquée Ibn Badis, sis à la rue Ali Boumendjel (Alger), qui nous montre de son doigt un homme allongé à quelques mètres de nous. « Bien dormi… », avions-nous osé demander à notre ami. Pour seule réponse, nous avons eu droit à un sourire “jaune” narquois. « Apparemment, il n’a pas bien récupéré de son somme », ironise de son côté Seddik. Cependant, certains fidèles se montrent tolérants envers ces dormeurs sous prétexte que c’est un comportement « humain » et que surtout, la religion ne le prohibe pas.
« Ni le Coran ni le Prophète ne font état d’un quelconque interdit dans ce sens mais ça relève de l’éducation de la personne », estime le sous-directeur de l’éducation coranique au ministère des Affaires religieuses, le Dr Mechenane, joint par téléphone. Mais quoi qu’il en soit, force est d’admettre que la majorité des Algériens condamnent ce comportement qui ne fait, selon eux, guère honneur à l’islam et aux musulmans et ne donne pas une belle image. « A la rigueur, que quelqu’un s’allonge quelques minutes pour récupérer, ça peut passer mais aller jusqu’à s’endormir comme un bébé, il y a un pas que seuls les plus hardis peuvent franchir », lâche avec amertume Hadj Saïd. Mais qu’en est-il du côté du département de Bouabdellah Ghlamallah ? Existe-t-il un texte de loi qui empêche les gens de dormir dans les mosquées ? « Absolument pas », nous affirme le directeur des affaires religieuses de la wilaya d’Alger, qui qualifie ce comportement de phénomène de « nouveau » dans notre société. Lazhari Messaâdi confie néanmoins que le ministère des Affaires religieuses a instruit les imams de toutes les mosquées du pays à « sensibiliser » davantage les fidèles sur la nécessité de s’abstenir à dormir dans les lieux de culte. « Nous espérons que les Algériens seront réceptifs à ces appels », souhaite-t-il.
S. A. M.
