Quand le pays croule sous la saleté

Quand le pays croule sous la saleté

Dire aujourd’hui que nos villes sont sales est une lapalissade. Elles sont si courantes ces scènes, où même des poubelles sont jetées depuis les balcons, que tout le monde semble, de guerre lasse, s’être résigné à ce qui s’apparente à une fatalité.

Dans les marchés, il faut par endroits se pincer le nez tant les odeurs nauséabondes des produits périmés envahissent l’espace. Dans nombre d’endroits, des monticules de détritus se forment là où souvent on trouve des graffitis anonymes réclamant de ne pas jeter des ordures. Même s’il est vrai que le nombre de poubelles installées ne répond pas souvent à la demande, il se trouve des gens qui jettent les ordures, juste à proximité, un message fort éloquent d’incivisme. Passons sur ces gestes fréquents de boîtes de conserve ou de boissons jetées depuis les voitures n’importe comment et n’importe où.



Cette dégradation de l’environnement, qui n’est pas à dissocier du climat de régression générale du pays, a souvent eu des effets désastreux sur la population que l’on manque, hormis quelques voix marginales, de dénoncer. Les maladies respiratoires, la prolifération des insectes relèvent désormais de la banalité. Et malgré la batterie de mesures élaborées depuis le début des années 2000 et les politiques de promotion de la défense de l’environnement, les résultats tardent à venir. À qui la faute ? Entre citoyens et autorités, on se regarde en chiens de faïence. Pour les responsables chargés du secteur de l’environnement, la faute incombe en premier chef aux citoyens, dont l’incivisme est désormais légendaire.  Les collectivités locales, accusées de laxisme et de mauvaise gestion,sont également  pointées du doigt.

Un autre facteur, à leurs yeux, qui participe de la dégradation est l’absence de coordination entre les divers organismes chargés de la défense de l’environnement. Récemment, un responsable d’une association chargée de la défense de l’environnement a tiré la sonnette d’alarme quant aux effets de l’insalubrité sur la santé de la population.  “C’est un pays riche pour un peuple de plus en plus pauvre qui souffre de sempiternels problèmes de saleté, d’absence d’hygiène et de prolifération de maladies de toutes sortes. Personne n’assume ses responsabilités”, s’indigne-t-il. Il s’interroge sur l’absence de la police de l’environnement et de ce qui est appelé communément les délégués environnementaux. Mais Il faut dire que pour la police, la DGSN a fort à faire déjà avec la criminalité, l’insécurité et le banditisme. Au sein des collectivités locales, c’est un autre son de cloche .

On se plaint, comme souvent en pareil cas de l’absence de moyens en nombre suffisant. Les services d’hygiène, eux, estiment qu’ils n’ont rien à se reprocher. “Comment voulez-vous que les quartiers restent propres quand les citoyens ne respectent pas les horaires de ramassage des ordures?”, observe un travailleur de Net Com, organisme chargé de la collecte des déchets ménagers, de leur transport et de leur mise en décharge. De l’avis de beaucoup de spécialistes, le respect de l’environnement et la propreté procèdent d’abord de l’éducation. C’est pourquoi un travail colossal de sensibilisation doit être mené en direction des écoles. À cela, il faut ajouter les campagnes de sensibilisation appelées à être menées dans les médias.

Le concours de la société civile et des pouvoirs publics fera le reste. Car, quoi que l’on dise, la dégradation de l’environnement, au même titre d’ailleurs que d’autres secteurs, pèse lourdement sur l’image du pays et sur la santé de la population. Un organisme anglais a classé récemment Alger comme la dernière ville du monde où il ne fait pas bon vivre. Que dire alors sur le plan économique où le pays perd chaque année près de 3 milliards de dollars en raison de l’absence de gestion de déchets?…