Le panel de dialogue et de médiation semble accélérer la cadence dans la conduite de sa mission. Ses membres ont initié une série de rencontres avec des citoyens triés sur le volet. Ceux rencontrés ou qui prévoient de rencontrer le panel se présentent comme acteurs de la société civile, animateurs du soulèvement de la rue, militants politiques, etc.
Au-delà des inconséquences qui ont marqué jusque-là les activités du panel, c’est l’entame du travail sans la satisfaction des préalables qu’il a lui-même posés qui risque de décrédibiliser encore un peu plus ce conglomérat de personnalités missionnées pour amorcer un dialogue devant mener à une sortie de crise. Ni les détenus d’opinion ne sont encore libérés ni la capitale est ouverte aux manifestations publiques pacifiques et encore moins le champ politique et médiatique n’a été ouvert… C’est dire que les préalables posés par les membres du panel depuis son installation n’étaient, au final, qu’une tentative de gagner les bonnes grâces de la rue et de se positionner tactiquement à ses côtés.
Même l’exigence d’ouverture des médias n’est, finalement, qu’un artifice qui n’a profité qu’à la propagande du régime et ses initiatives de sortie de crise, rejetées, par ailleurs, par la rue. Les plateaux de télévision ne reçoivent que les gens acquis au dialogue tel que voulu par les tenants du pouvoir.
Aucun opposant à cette initiative n’a été invité. On se rappelle que les membres du panel ont, presque à l’unanimité, rappelé que leur engagement est conditionné par ces préalables, sans lesquels, ils feraient machine arrière. Au début de leur mission, ils ont même réaffirmé qu’ils s’en tiendraient à ces préalables, malgré le refus du chef d’état-major de l’ANP d’y répondre positivement. Dans l’un de ses discours, il a rejeté tout préalable pour l’entame du dialogue. Comme réponse à la sortie d’Ahmed Gaïd Salah, la majorité des membres du panel a maintenu ses préalables, même si certains, à l’image de Smaïl Lalmas, ont claqué la porte. Depuis, rien n’est venu “crédibiliser”, même un tant soit peu, la démarche de l’équipe de Karim Younès.
Hier encore, tous les accès à la capitale ont été fermés tôt dans la matinée pour empêcher les anciens militaires d’y organiser un sit-in. Idem pour l’ouverture des médias. Les chaînes de télévision offshore sont devenues, après avoir servi le régime de Bouteflika, des outils de propagande au service du régime actuel. Les détenus d’opinion, quant à eux, croupissent toujours en prison. Pis encore, des membres du panel, à l’image de l’avocate Fatma Zohra Benbraham, sont allés jusqu’à nier l’existence de détenus d’opinion en Algérie.
Une plainte est, par ailleurs, déposée contre elle, à la suite des propos qu’elle a tenus contre les détenus. D’aucuns s’interrogent, en fait, sur le rôle de ce panel qui n’arrive pas à recruter en dehors des cercles traditionnels de soutien au régime, à savoir les organisations satellites, les partis du pouvoir, hérités de l’ère Bouteflika.
Mohamed Mouloudj