L’on aura tout vu et tout entendu du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubekeur. Cette fois-ci, cependant, ce qu’on a eu à lire de sa plume, une lettre (voir fac-similé ci-joint), dépasse l’entendement.
Voilà le recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui prétend travailler pour les fidèles et uniquement pour eux, prendre sa plume et se fendre d’une lettre, datée du 16 avril 2009, adressée au président de la République Nicolas Sarkozy et dans laquelle il se veut «porter à sa connaissance les faits suivants». Il y balance quoi ? que la manifestation qui devait se tenir «le lendemain devant la Grande Mosquée de Paris… par un collectif islamiste extrémiste dit collectif Chikh Yassine dont «les organisateurs, à l’antisémitisme notoire, nous reprochent nos propos d’amitié à l’égard de la communauté juive de France (interview SVP-Israël). Pour rappel et pour la compréhension de ceux qui n’ont pas suivi cet épisode de Dalil Boubekeur, ce dernier tenait des propos jugés scandaleux par de très nombreux musulmans et non-musulmans dans une interview qu’il donna le 1er avril 2009 au journal israélien SVP Israël. L’interview intervenant à la suite des crimes commis à Ghaza par l’Etat hébreu, Dalil Boubekeur en a donné une version bien à lui estimant que «lorsque des organisations comme le Hamas bombardent pendant des années le territoire d’Israël, elles suscitent forcément des réactions d’Israël et exposent les populations à des représailles».
Mieux encore et pour cirer davantage les pompes du pouvoir israélien, il poursuit en évoquant un projet de voyage en Israël et rend hommage à ce pays et à l’intelligence de ses hommes «surtout quand on voit comment le pays a mis en valeur ses terres, en comparaison aux terres de ses pays voisins». Ce sont ces propos qui ont mis en émoi, en colère les musulmans de France dans un contexte fait de crimes odieux commis à Ghaza et dans les territoires et qui avaient alors suscité une grande indignation dans le monde, sauf chez le recteur Boubekeur. Si d’ailleurs beaucoup de monde s’était joint à la manifestation du lendemain dont parle Dalil Boubekeur, c’est pour protester contre ces propos et pas pour manifester un quelconque antisémitisme Non content de dénoncer les organisateurs de la manifestation du lendemain qui, selon lui, ont «un ton antisémite virulent et avéré», il pousse plus loin en indiquant à Sarkozy, l’homme qu’il faudrait abattre, explicitant : «Le plus surprenant, c’est le rôle de Monsieur Dahmane Abderrahmane qui se présente partout comme conseiller de l’Elysée. Il se fait le relais actif de cette campagne. L’action de ce personnage complique gravement notre mission au service du dialogue inter-religieux et de l’apaisement entre les communautés dans notre pays.» Et pour rappeler ses engagements, il poursuit «comme je m’y suis engagé vis-à-vis de vous lors de la dernière audience des vœux de l’Elysée». Cette lettre date du 16 avril 2009, comme annoncé plus haut. Quelques mois plus tard celui qui, d’après le recteur, «se présentait» comme conseiller de l’Elysée et qui l’était bien, s’est vu limogé par Sarkozy de son poste de conseiller à la diversité parce qu’il avait manifesté son hostilité au débat haineux sur l’Islam engagé par Copé et Sarkozy. Sarkozy a dû aussi se rappeler de cette lettre de dénonciation portée, comme disait-on chez nous durant la guerre de Libération, par un «bouchkara». Décidément, les voies de la Grande Mosquée de Paris, tout comme celles du seigneur, sont impénétrables.
K. B.-A.
