La machine médiatique française, toute acquise au discours israélien comme on a pu le constater avec la cabale orchestrée contre Roland Dumas, coupable de s’être interrogé sur l’influence juive du Premier ministre, a beau jeu de battre la campagne sur «l’insoutenable condition de la minorité hébraïque» en proie à l’antisémitisme.
Les communautés en France d’origine maghrébine et les ressortissants de l’émigration algérienne, tout particulièrement, ont reçu la déclaration de Roger Cuckierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) sur Europe 1, lundi dernier, comme une grave provocation qui intervient dans un contexte de stigmatisations plus ou moins encouragées par les plus hautes autorités du pays.
Et de fait, le président du Consistoire n’a pas hésité à manifester bruyamment son approbation de l’expression «islamo-fascisme» usitée par le Premier ministre Manuel Valls («Cela correspond assez bien à la réalité» dit-il), lequel Valls a, par lui-même, apporté de l’eau au moulin de tous ceux qui l’accusent de pencher davantage du côté des thèses israéliennes.
Objectivement, le fait de considérer que «toutes les violences aujourd’hui sont commises par des jeunes musulmans» et son approbation d’une telle expression qui fait insulte à 1 milliard de musulmans de par le monde, constitue une agression caractérisée de nature à justifier la réaction du Conseil français du culte musulman.
Celui-ci a estimé, dans un communiqué signé par son président, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, qu’il s’agit là de «déclarations irresponsables et inadmissibles qui contreviennent au principe même du vivre-ensemble», ajoutant que «compte tenu des déclarations du président du Crif, le Cfcm juge inopportun de participer au dîner du Crif».
Dans les rues et dans les synagogues
Cette réaction aura constitué le minimum que les communautés musulmanes, dans leur ensemble, et la communauté algérienne, en particulier, étaient en droit d’attendre de leur représentation et, plus encore, de leur pays d’origine, dont le silence pondéré face aux déclarations intempestives des uns et des autres a peut-être conduit à ces surenchères verbales aux motivations insidieuses. Au plus fort de l’émotion et de l’indignation qui ont mobilisé la France, suite aux attentats contre le journal Charlie Hebdo, ces communautés, et leurs pays d’origine, ont unanimement exprimé leur condamnation, sans la moindre équivoque, du terrorisme et elles ont démontré leur solidarité agissante, en battant le pavé dans les rues comme dans les synagogues. A Dieu ne plaise, leurs actes n’ont eu que peu de poids face aux discours de Benyamin Netanyahu en campagne électorale sur le terreau parisien, exhortant les 600.000 juifs de France à courir s’installer massivement en Israël, où la politique de colonie de peuplement ne parvient guère à garantir la pérennité de la suprématie du peuple «élu».
La machine médiatique française, toute acquise au discours israélien, comme on a pu le constater, voici quelques jours, avec la cabale orchestrée par les milieux sionistes contre Roland Dumas, coupable de s’être interrogé sur l’influence juive dans le foyer du Premier ministre, a eu beau jeu de battre la campagne sur l’insoutenable condition de la minorité hébraïque dans une France en proie au racisme et à l’antisémitisme. Il n’empêche, pour le président du Crif, «le Front national est ´´un parti qui aujourd’hui ne commet pas de violences´´, lesquelles ´´aujourd’hui sont commises par des jeunes musulmans´´».
Trahisons socialistes
Manifestement, le programme du Front national ne fait pas peur au Crif et lui devient même agréable depuis que Marine Le Pen a exprimé son désir de se rendre en Israël. Par contre, dire et assumer fermement que «toutes les violences, et il faut dire les choses, toutes les violences aujourd’hui, sont commises par des jeunes musulmans, et bien sûr c’est une toute petite minorité de la communauté musulmane et les musulmans en sont les premières victimes», c’est volontairement désigner à la vindicte une catégorie de citoyens dont la quasi-totalité n’a strictement rien à voir avec les violences dont il est question. La réponse du Cfcm aura été immédiate mais guère suffisante.
A regarder la multiplication des dérapages verbaux et autres dont se rend allègrement coupable le pouvoir socialiste, aujourd’hui, en France, il est sans doute urgent de se demander, en toute bonne foi, si «les Français qui ne sont pas de souche», n’en déplaise à François Hollande, ne devront pas réfléchir à deux fois en glissant leur bulletin dans l’urne, lors des prochaines présidentielles. Trop de fois, les socialistes ont trahi la confiance de tous ceux qui les ont élus. Trop de fois, ils ont usé et abusé de leur aptitude à leur faire prendre des vessies pour des lanternes.
Et c’est leur engagement qui a balisé la voie à des gens comme Manuel Valls pour qu’ils soient ensuite insultés et traités d’«islamo-fascistes». Les dires de Cuckierman comme ceux de Valls sont indignes de la France des Lumières, ils constituent un terrorisme verbal ciblant des communautés qui sont invitées à se terrer, profil bas et respiration étouffée, tant que les pleurs et les flagellations autour du martyre juif résonneront partout, puisque cette politique séculaire aura toujours été excessive en la matière. Quant au Cfcm, il devra méditer cette surenchère dans le verbe et dans les faits, mesurant le grand écart entre ce qui est dit et ce qui est fait. Une chose est sûre, les peuples du Maghreb observent et n’en pensent pas moins.