On serait tenté de dire que la ville d’Oran s’est projeté vers l’avenir et que son développement est sérieusement pris en charge par des élus, qui font du rêve légitime des Oranais, un sacerdoce. Eh oui, me direz-vous, car quand on entend les responsables de la ville nous parler d’Oran la métropole, on voit forcément les choses en grand et on se met à penser au futur de la cité, dessiné à coups de promesses.
Enfin de vagues promesses car quand on entend comment sont menés les travaux des assemblées générales des élus de l’APC, ou comment est laissée sans défense la ville à une foule de pseudo entrepreneurs sans qualification et certains sans le moindre scrupule, on se dit forcément qu’on ne parle pas du même Oran.
Les élus auront-ils un jour sur la conscience le mal qu’ils sont en train de causer à la ville ? On en doute fort, car quand je triture entre mes doigts l’échantillon du vulgaire bout de nylon, présenté comme du tartan installé sur l’aire de jeu d’El-Hassi, je me dis qu’il y a maldonne.
Cette aire de jeu qui a bénéficié d’une enveloppe qui dépasse les 6,3 millions de dinars pour être promue au rang de joyau, est revêtue d’une toile en plastique recyclé, tout juste bonne à servir de marchepied à l’entrée d’une habitation. Elle est présentée comme du tartan cinquième génération par des élus qui veulent nous faire avaler des couleuvres. Ont-ils pris la peine d’aller contrôler la qualité des travaux engagés sur cette aire ?
Allez, nous allons nous convaincre que les affaires de la cité sont bien gérées et que les chantiers lancés, avancent à une cadence qui laisserait penser que les délais seront respectés et que la qualité des travaux serait nickel. Mais quand on ose un petit tour à travers les chantiers de la ville, on reste pantois. Tous les chantiers lancés avancent à une allure de limace et ceux qui sont censés être livrés dans des délais raisonnables, sont truffés de malfaçons.
La réfection des trottoirs, confiée à une entreprise qui manque visiblement de moyens, est le parfait exemple qui illustre cette situation. Allez voir le chantier des trottoirs de la cité Grande-Terre. Faites un tour du côté du rond-point d’El-Bahia, osez un saut à la place Fontanelle de Gambetta, laissez-vous tenter par une virée du côté du lycée Lotfi. Vous verrez que les trottoirs sont défoncés à «tire-larigot» mais que leur réfection traîne.
Vous verrez que les moyens matériels et humains manquent à cette entreprise qui a pourtant été retenue pour mener cette réfection. Oran est malmenée et son salut ne pourrait venir que d’un sérieux rappel à l’ordre du représentant des pouvoirs publics, M. le wali. Des sommes colossales sont mobilisées pour la modernisation de la ville, mais ceux qui en ont la charge, donnent l’impression de ne pas s’en soucier.
Et puis quand on sait comment sont menées les assemblés générales de l’APC, on comprend tous les maux de cette ville. Des prompts à lever le bras pour approuver tous les marchés proposés à l’adoption, d’autres qui trouvent un malin plaisir à jouer avec leur portable quand un semblant de débat est engagé.
Et cerise sur le gâteau, au lieu de discuter de la ville, il s’est trouvé même un responsable qui a consacré les travaux de l’assemblée populaire à passer en revue les amours de cheikh El-Khaldi, sa rivalité avec cheikha Betticha et les raisons qui l’ont poussé à l’exil loin d’Oran. Je vous jure qu’ainsi, la ville n’avancera pas. Elle reculera même puisque ceux qui sont censés accompagner son développement, trouvent plus de plaisir à égrener les vers d’El-Khaldi qu’à parler du développement d’Oran et de son avenir.
Nassim B.