L’UGTA n’est plus le fer de lance des revendications ouvrières en Algérie. Sa représentativité s’est rétrécie au fil des années comme peau de chagrin.
Elle ne subsiste aujourd’hui que dans le secteur industriel, comme El Hadjar et la SNVI de Rouiba. Et même des ces sites industriels, constituant des traditionnels bastions, des syndicats autonomes ont pu se constituer.
Dans la fonction publique, le secteur de la Santé, l’Education, les collectivités locales, le syndicat de Sidi Said est totalement absent.
Une grève de quatre semaines qui a paralysé quasiment toutes les écoles d’Algérie et l’UGTA n’a rien pu faire. Pas même un communiqué pour appeler les syndicats autonomes à “l’esprit de responsabilité”, comme il le faisait par le passé.

En fait, l’UGTA est perçue comme une survivance d’un passé révolu, en totale déphasage avec le monde du travail actuel en Algérie.
Mais en dépit de son déficit en représentativité et en crédibilité, l’UGTA continue de jouir des bonnes grâces du pouvoir qui continue à l’utiliser comme instrument d’embrigadement des travailleurs. Du moins dans les quelques secteurs où elle a encore pignon sur rue.
Dans les tripartites avec le Gouvernement, patronnat, l’UGTA est le seul invité à la table en tant que partenaire social. Dimanche pendant que la tripartite se déroulait à la somptueuse résidence d’El Mithak, les syndicats autonomes, qui sont pourtant les seuls maitres sur le terrain, se faisaient tabasser, boulevard Dr Saâdane, où ils sont venus en masse dénoncer leur exclusion.
Cette tripartite s’est soldée par un camouflet pour Sidi Said, car l’abolition de l’article 87 Bis du code du travail n’a pas été actée par les trois partenaires. Ce qui n’a pas été du gout des travailleurs qui caressait l’espoir de voir leurs revenus, laminés par une spirale inflationniste infernale, améliorés.
Pas d’augmentation avant janvier 2015. Et encore seules quelques catégories seront touchées quand cette abrogation du 87 bis sera entérinée.
Un tel revers pour le syndicat de Sidi Said est de nature à l’achever totalement dans le monde du travail. Chose qui n’est pas dans l’intérêt des pouvoirs publics. Et c’est certainement la raison pour laquelle, le président Bouteflika a profité de la date du 24 février pour voler au secours de l’UGTA.
“Nul ne conteste que l’UGTA est une organisation syndicale mature et efficiente ayant à cœur de concrétiser des aspirations sociales et de promouvoir les obligations citoyennes et de défendre la stabilité du pays”, écrit le chef de l’état dans un message, lu en son nom à Tébessa, par Ali Boughazi, conseiller à la présidence de la République.
“Il suffit, pour preuve, de considérer son rôle constructif au sein de la Tripartite, cadre de dialogue et de concertation s’il en est, son aptitude à s’adapter à l’évolution du monde du travail caractérisé par la continuelle multiplication des catégories socioprofessionnelles et la densification des spécialités professionnelles, et son rapport au pluralisme syndical”, ajoute le président Bouteflika.
Ce message destiné à maintenir la tête de l’UGTA au dessus de l’eau se veut aussi comme un renvoi d’ascenseur le soutien exprimé en faveur du quatrième mandat.
“Il ne fait guère de doute que le mandat que nous défendrons s’inscrit en droite ligne avec la continuité et le renforcement de la stabilité et du progrès social”, a justifié Sidi Said pour qui promet que , l’UGTA associera sa voix et son action dans un effort commun d’émergence d’une Algérie nouvelle, forte de ses acquis démocratiques, économiques et sociaux sous la direction du “Moudjahid Abdelaziz Bouteflika”. C’est ce qu’on appelle un échange de bon procédé : “tu me soutiens , je te soutiens “.