Les réformes “cosmétiques” et le “rafistolage” engagés par le président de la République mènent droit vers la révolte, la nation, dit-il, étant en danger.
L’ancien Chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, qui ne jure que par le “changement du régime”, tente une énième lecture de la situation politique nationale et cherche encore les moyens et les possibilités adéquats pour provoquer ce changement tant espéré. Il s’interroge, cette fois-ci, sur “les raisons de l’absence des élites dans la conduite du changement attendu”, un thème qui a fait, hier, l’objet d’une conférence-débat à la salle des conférences du quotidien Echourouk El-Yaoumi, organisée par le nouveau centre des recherches et des études stratégiques Amel-El-Ouma.
Tentant de répondre à cette question, M. Benbitour, fondateur de l’Alliance nationale pour le changement dont il reconnaît désormais l’échec, suggère une “lecture inédite” de quelques évènements qui ont marqué le déclenchement de la guerre de Libération, notamment le lancement du Crua et la création du FLN, entre 1953 et 1954.
Son objectif étant, dit-il, d’en “tirer quelques leçons pour nous aider à aller de l’avant dans la recherche de solutions à la situation de blocage des institutions et des pannes de réformes, ainsi que le rôle que peuvent jouer les élites dans cette situation”.
Selon M. Benbitour, les élites se définissent dans des groupes de personnes “puissants et influents, et qui possèdent des richesses et/ou savoir”, et non pas des “individus dispersés”. Accablant le régime actuel qu’il qualifie de “patrimonialiste”, un régime mené par un leader entouré d’opportunistes qui veulent lui plaire, M. Benbitour appelle, ainsi, les élites à “s’inspirer” des expériences vécues au début de la Révolution algérienne, pour “dépasser la crise actuelle et proposer un programme de sortie de crise (…)”. Pour Benbitour, les élites qui ont “perdu l’opportunité d’assumer le leadership du lancement de la Révolution de novembre, continuent à le payer jusqu’à aujourd’hui”. D’où son insistance sur l’importance de “ne pas rater l’opportunité qui s’offre aujourd’hui pour prendre le leadership du changement”, et ce, dit-il, à même d’éviter “la marginalisation définitive !”
Dans le contexte actuel, M. Benbitour, soutient que l’expérience du Printemps arabe, dont les crises vécues par l’Égypte et la Tunisie, a “changé la donne”. Désormais deux choix s’offrent au peuple et à l’État : la révolte populaire ou la révolution pacifique.
La “révolte populaire” ou la “révolution pacifique”
Pour lui, les réformes “cosmétiques” et le “rafistolage” engagés par le président de la République mènent droit vers la révolte, la nation, dit-il, étant en danger. Militant pour une sortie de crise sans dommage,
M. Benbitour opte naturellement pour la “révolution pacifique” qu’il qualifie de “choix salutaire”. Là, dit-il, le rôle des élites devient plus important, car en cas de révolte, les élites perdront logiquement le contrôle de la situation.
Le rôle et les missions des élites, une fois formées, selon Benbitour, consistent essentiellement en “la définition d’une vision et l’élaboration d’une force motrice, l’établissement d’un consensus pour un leadership assumé, le repérage des personnalités d’appui et de soutien nécessaires à la mobilisation et, enfin, la définition d’une stratégie de communication”.
Dans son exposé plutôt académique,
M. Benbitour insiste cependant sur la nécessité d’“innover” en matière d’organisation du travail politique pour enfin provoquer le changement attendu.
Selon lui, l’innovation peut venir de l’utilisation des possibilités offertes par les nouvelles technologies de l’informatique et des télécommunications, dont les réseaux sociaux (facebook, YouTube…).
Se donnant, par ailleurs, au jeu de questions-réponses, M. Benbitour n’a pas manqué de faire son mea-culpa concernant l’échec des alliances politiques dont l’ANC qu’il chapeautait ! À la question de savoir pourquoi il avait accepté, par le passé, le poste de Chef du gouvernement qu’il avait occupé au début du règne de Bouteflika,
M. Benbitour s’est justifié en affirmant qu’il avait “servi l’État et non pas le pouvoir !” “J’avais occupé un poste de responsabilité, mais pas du pouvoir”, précise-t-il.