Madrid est allé si loin pour soutenir le Maroc, indiquent El Pais et les documents du département d’Etat, que le ministre des affaires étrangères espagnol Miguel Angel Moratinos a même proposé des négociations à quatre entre la France, l’Espagne, le Maroc et l’Algérie.
Selon un télégramme de l’ambassade américaine à Madrid en date du 31 octobre 2008, classé confidentiel, «Moratinos a suggéré une réunion de coordination entre l’Espagne, la France, l’Algérie, le Maroc et les Etats-Unis en marge d’une réunion ministériel de l’OTAN», ce à quoi le sous-secrétaire d’Etat américain pour l’Afrique du Nord et le Proche-Orient, David Welch, répondra que «la secrétaire d’Etat Condoleeza Rice a tenté une telle approche avec Rabat et Alger, en vain».
Alger avait refusé, arguant de l’absence du Polisario. Moratinos a remis sa proposition sur la table lors de rencontres avec des diplomates américains en proposant que Washington joue le rôle d’observateur, mais Alger ne voulut rien savoir.
Les mois précédant la présentation du Plan d’autonomie marocain donnèrent lieu à d’intenses contacts entre Espagnols et Américains pour que Rabat propose un plan solide. Madrid critiqua certes Paris pour son soutien sans réserve des positions marocaines, note El Pais.
Mais Moratinos et Zapatero ne cessèrent leurs efforts pour soutenir Rabat. Moratinos rédigera ainsi un non paper, terme désignant un document non officiel et contenant des idées à soumettre aux parties concernées par un dossier. Moratinos y proposait sur le dossier du Sahara de commencer à parler de «régionalisation, d’autonomie et d’auto-gouvernement» dans un monde globalisé et d’abandonner les vocables de «décolonisation, souveraineté et indépendance». Moratinos suggérera pour le Sahara «une solution similaire à celle que l’Espagne a mise en place en Catalogne».