Quand Alger réclamait de Washington des brouilleurs d’engins explosifs et du matériel d’écoutes

Quand Alger réclamait de Washington des brouilleurs d’engins explosifs et du matériel d’écoutes

La demande algérienne prend aujourd’hui un nouveau relief avec l’opération militaire menée depuis mercredi 9 décembre par l’armée contre un groupe terroriste dans le maquis de Kabylie.

L’Algérie a fait la demande auprès des Etats-Unis ainsi que du Portugal pour l’acquisition de matériels électroniques d’écoutes téléphoniques et de brouillage d’engins explosifs actionnés à distance. Depuis, on ne sait pas si ce matériel a été acquis, mais une chose est certaine : policiers et militaires algériens sont désormais équipés de ce type de de matériel.

Ces demandes ont été révélées dans un câble daté du 25 octobre 2009 et obtenu par Wikileaks. La scène se passe à Alger le 19 octobre 2009. Ce jour-là, le général major Abdelamalek Guenaizia, ministre délégué à la Défense nationale accorde une audience à Vicki Huddleston, sous-secrétaire adjoint américaine à la défense pour l’Afrique. Sont présents à cette rencontre le General Ahmed Senhadji, le General Mekri, le général major Lallali ainsi que le Colonel Mohamed Benmousset. La discussion tourne autour de la coopération militaire entre Alger et Washington ainsi que sur la lutte contre Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) qui menace la stabilité des pays du Sahel.

Guenaizia rappelle à Huddleston que l’Algérie avait donné son accord quelques années auparavant pour le survol du territoire algérien par des avions de surveillance US, mais pour autant cette expérience n’a pas été bénéfique pour l’Algérie. Elle fut d’autant moins bénéfique que les renseignements collectés dans le cadre de ces missions de survol de l’espace aérien relevant de la souveraineté algérienne étaient directement liés à la sécurité nationale. En somme, les Américains ont fait preuve de rétention d’informations.

Huddleston réplique que les Etats-Unis et l’Algérie partageaient déjà de nombreux renseignements. Certes, il y a une volonté de continuer à effectuer des vols de surveillance, mais ceux-ci doivent être organisés en relation directe avec des opérations sur le sol. Le coût de chaque mission étant de 50 000 dollars environ, il est donc nécessaire de s’assurer des résultats avant d’engager les missions.

Dans la foulée, le ministre délégué à la Défense se plaint que l’Algérie continue de faire face à un embargo concernant la fourniture de matériels militaires, notamment le système de détection d’engins explosifs improvisés (IED-Improvised explosive device) ainsi que le matériel d’écoutes et de collectes de renseignements. Il révèle également qu’une délégation de Northrop Grumman allait séjourner à Alger dans le courant du mois d’octobre (2009) pour discuter des possibilités d’installer une plate-forme de type AWACS sur un Boeing 737.

Le système AWACS (Airborne Warning and Control System) est un système de stations radar montées sur des avions permettant à la fois de surveiller un vaste espace aérien et de postes de commandement pour les opérations aériennes ou de lutte anti-aérienne.

L’Algérie a également besoin de brouilleurs pour contrer les engins explosifs, insiste le ministre. Les terroristes, explique Guenaizia, utilisent des téléphones portables pour actionner à distance des explosifs provoquant ainsi de grandes pertes humaines. Ce mode opératoire est souvent utilisé lors d’embuscades dirigées contre des membres de services de sécurité.

Par ailleurs, les groupes armés affiliés à Al Qaïda au Maghreb islamique( AQMI) ont pour habitude de miner avec des bombes artisanales les sentiers qui mènent vers les maquis tandis que leurs casemates sont truffés d’engins explosifs lesquels peuvent être actionnés à l’aide de téléphones cellulaires. Ce qui expliquerait que les communications téléphoniques aient été coupées ou perturbées dans les régions de Tizou Ouzou, Boumerdès depuis mercredi 9 décembre. Ce brouillage a empêché que les terroristes se servent des téléphones comme détonateurs.

En dépit de leur nécessité vitale dans la lutte contre le terrorisme, les partenaires de l’Algérie trainent les pieds pour répondre à la demande d’achat de ces brouilleurs. Le ministre algérien délégué à la Défense raconte à son interlocuteur américain que l’Algérie a fait une demande auprès du Portugal pour l’acquisition d’un système de brouillage, toutefois cette requête est restée sans réponse pendant plus d’une année.