Tous les utilisateurs de YouTube ont à un moment ou à un autre expérimenté des difficultés à visionner une vidéo. Les raisons peuvent être diverses. Et une explication peut être fournie par la bande passante allouée par le fournisseur d’accès.
En France, Free est par exemple critiqué pour les ralentissements observés sur YouTube en soirée. L’Arcep a cependant estimé qu’aucune discrimination n’était appliquée par Free à l’égard du service en ligne. Néanmoins, un sous-dimensionnement du réseau Free est bien en cause.
La qualité de l’accès à YouTube : un critère de choix de son FAI ?
D’autres abonnés pâtissent-ils dans leur consommation de vidéo, un usage incontournable sur Internet, du sous-dimensionnement de leur fournisseur d’accès ? Ils pourraient bientôt obtenir une mesure précise à ce sujet.
Google entend en effet mesurer la qualité de la vidéo sur Internet et établir ainsi une classification des FAI selon trois catégories fonction de la qualité du streaming permise par la bande passante : YouTube HD Verified, Standard et basse définition.
Google justifie la création de ce service par deux raisons : « Nous voulions donner aux utilisateurs une mesure de la performance qu’ils peuvent réellement comprendre… D’un autre côté, nous pensions que cela pourrait aussi être bénéfique pour les FAI » en leur permettant de communiquer sur la qualité de l’accès à YouTube que leur réseau offre.
Un levier de pression sur les FAI
Pour le moment, le service n’est opérationnel que pour les internautes canadiens. Rassurant, Google déclare d’ailleurs que les fournisseurs d’accès du pays enregistrent de très bons scores leur permettant ainsi de se classer le plus souvent dans la catégorie HD.
Car Google s’attache avant tout à mettre en avant l’aspect positif de sa mesure de performance, expliquant croire que les FAI sauront faire de ce label un argument commercial auprès des consommateurs.
Pas sûr que tous les opérateurs accueillent l’initiative de Google à bras ouverts. Ils pourraient en effet le soupçonner de vouloir utiliser cet indicateur pour faire pression sur eux en les contraignant à allouer plus de ressources réseau à YouTube, ce en mobilisant directement contre eux les abonnés à Internet.
Car il s’agit en effet d’un sujet de discorde entre opérateurs et fournisseurs de services en ligne dans le cadre des débats sur l’interconnexion et la neutralité. Les premiers reprochent ainsi aux seconds de consommer toujours plus de bande passante sans contribuer suffisamment à l’investissement dans les réseaux.
Google doit-il aussi payer et pas seulement mesurer ?
« La problématique est que nous ne pouvons pas mettre de la capacité sans cesse croissante à disposition sans que ces acteurs ne contribuent à quoi que ce soit » résumait en 2010 le directeur général de Free, Maxime Lombardini, dénonçant au passage l’utilisation de la neutralité du net comme un rideau de fumée.
Car entre Google et les opérateurs, les flux sont généralement asymétriques. Dans « le cas d’un fournisseur de contenus comme YouTube, l’accès est déséquilibré, avec un ratio du type 99%-1% […] Le coût pour transporter la donnée est assez élevé. Soit c’est le fournisseur de contenus, soit c’est l’abonné qui paye » expliquait à ZDNet.fr en 2013 un opérateur.
Les FAI français ont cependant encore le temps de se préparer à ce nouveau bras de fer avec le géant américain. Le Video Quality Report n’est disponible pour le moment qu’au Canada. Si Google prévoit bien de l’étendre à d’autres régions, il n’a rien dit à ce stade de son calendrier de déploiement.