L’Éducation nationale va mal. Non pas uniquement à cause des grèves et des mouvements sociaux interminables mais aussi par sa qualité médiocre. Et c’est le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’éducation du Conseil des droits de l’homme, Kishore Singh, qui a dressé ce triste constat aujourd’hui mardi à Alger.
«C’est la qualité de l’éducation qui est le plus grand défi de l’Algérie dans ce domaine. Le gouvernement doit, en effet, répondre de toute urgence à l’impératif de la qualité de l’éducation. Cela nécessite une refonte de la pertinence et de la qualité de l’enseignement», souligne M. Singh, dans une conférence de presse au siège de la mission de l’ONU en Algérie.
C’est un constat sans complaisance que cet expert, qui a séjourné en Algérie du 27 janvier jusqu’ à demain mercredi, a dressé sur l’état des lieux de l’éducation nationale qui a privilégié la quantité sur la qualité.
Et c’est logiquement que Kishore Singh a recommandé de «rehausser» le niveau d’acquisition scolaire, via notamment «l’amélioration de la formation des enseignants, (…) pour transmettre les valeurs de droits de l’homme et de citoyenneté démocratique».
Plus exactement, l’expert a pointé du doigt «l’insuffisance d’indicateurs, indispensables pour le suivi et l’évaluation des progrès accomplis dans la réalisation du droit à l’éducation pour tous».
Une copie à revoir
Il préconise aussi de trouver des solutions aux problèmes «de l’abandon scolaire, du redoublement et de la surcharge dans les écoles».
Autre mauvaise note : la place de l’enseignement du Tamazight. Le rapporteur de l’ONU a plaidé pour que «l’enseignement du Tamazight, langue nationale mais non officielle parlée par des millions de locuteurs, reçoive un traitement plus équitable».
Aussi, recommande-t-il pour les enfants les plus vulnérables des «réformes qui doivent être engagées afin que leur accès à l’éducation soit amélioré», précisant que cela est «urgent» notamment pour les enfants porteurs d’handicap.
Cependant le rapporteur a souligné «l’engagement» du gouvernement algérien à poursuivre ses actions pour améliorer la qualité du système national d’éducation, le rapporteur onusien a rappelé qu’une «grande priorité» a été donnée à ce secteur, de même qu’ «un processus général de démocratisation de l’éducation a été engagé».
Tamazight : peut mieux faire…
Il a salué, à ce propos, les efforts accomplis par l’Algérie dans la réalisation du droit à l’éducation «tant au niveau des infrastructures scolaires et universitaires, que des moyens alloués» à ce secteur.
De la même manière, le rapporteur s’est félicité du taux de scolarisation au niveau primaire qu’il a qualifié d’ «excellent», la parité garçons-filles, ainsi que la stratégie nationale d’alphabétisation (2007-2016) et sa mise en œuvre.
(…) «Il est remarquable» qu’en conformité avec ses obligations internationales et constitutionnelles, le gouvernement algérien assure la gratuité de l’éducation à tous les niveaux».
L’expert a appelé le gouvernement a «préserver ces acquis fondés sur le concept de l’éducation comme bien public», considérant qu’il serait «important» d’élaborer une loi qui remplacerait le décret exécutif du 24 mars 2004 fixant les conditions de création, d’ouverture et de contrôle des établissements privés d’éducation et d’enseignement.