Pour Nacer Djabi, selon les résultats d’un sondage datant de 2013, il y aurait des “possibilités de changement” en faveur des valeurs égalitaires et d’ouverture, à condition qu’un travail soit fait dans ce sens.
Le sociologue Nacer Djabi a laissé entendre, hier, que les deux tiers de la population s’inscriraient dans la tendance “conservatrice” et le tiers restant dans celle dite de modernité ou “portant les valeurs modernistes et d’égalité”. Intervenant au séminaire international consacré au travail des élues locales en vue du renforcement de l’égalité entre les sexes, organisé par le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef), à l’hôtel d’El-Biar, à Alger, le chercheur du Cread et également écrivain a expliqué que ces résultats, émanant d’un sondage de 2013, signifient que “dans la société algérienne, les enjeux ne sont pas pris en compte” et qu’il y a donc des “possibilités de changement” en faveur des valeurs égalitaires et d’ouverture, à condition qu’un travail soit fait dans ce sens. Mais, quel est le regard de la société sur la femme algérienne ? Le sociologue l’a analysé sous l’angle des 3 “légitimités” que sont “les études”, “le travail” et “la politique et l’espace public”. Dans ce cadre, il a constaté que les études de la fille/femme constituent “une grande légitimité”. “C’est le père, souvent analphabète, qui a aidé sa fille à poursuivre ses études supérieures, en affrontant son fils”, dira-t-elle, en notant au passage que contrairement aux pays arabes, “nous sommes passés rapidement de la grand-mère et de la mère analphabètes à la fille universitaire”.
La seconde légitimité est “moindre”, selon lui, puisque 50 ans après l’Indépendance, la population active féminine n’est que de 18%, dont une part non négligeable est enregistrée dans “l’emploi féminin surqualifié”.
Et, pour exhiber les “paradoxes” de la société algérienne, M. Djabi a rapporté la remarque qu’un vieux lui a faite, en lui exposant au visage : “Ma fille ne travaille pas, elle enseigne.” Quant à la dernière légitimité, l’enseignant-chercheur a signalé qu’elle est “la plus faible”, en qualifiant la stratégie de certains hommes, notamment les politiques, de “diabolique”.
Il y a, dira-t-il, “le discours et les lois” favorables à l’égalité et aux valeurs de modernité d’une part, et “la réalité, une culture, des comportements et des pratiques” qui altèrent ces principes, de l’autre. Sur bien des aspects, le constat établi par l’intervenant rejoint celui exposé par les responsables du Ciddef, mais aussi par la représentante du Pnud en Algérie, Cristina Amaral. Cette dernière, tout en louant les “progrès considérables” réalisés par notre pays, a cependant concédé que “l’Algérie doit encore répondre aux défis de développement (durable), de l’emploi et de l’accès des femmes à l’espace culturel et de loisirs”. “L’Algérie a des acquis constitutionnels, mais le bien-être doit aussi passer par la culture, l’occupation de l’espace public et les loisirs”, a-t-elle explicité, en témoignant de l’aide et de la disponibilité des Nations unies. Mme Amaral a, en outre, abordé la question “centrale” de l’emploi féminin dans notre pays, rappelant que le taux de chômage touchant les jeunes filles (41,26% selon les chiffres officiels) est supérieur à celui des jeunes hommes.
Pour la responsable, l’Algérie est capable de se conformer à l’objectif fixé par le secrétaire général de l’ONU, en matière de genre et de participation de la femme à la vie politique, économique et sociale, en réalisant la parité, “50-50”, d’ici à l’horizon 2030.
H.A