Qadous, quant une plage algéroise retrouve sa vocation

Qadous, quant une plage algéroise retrouve sa vocation

Classée parmi les plus grandes de la wilaya d’Alger, la plage de Qadous (ex-Sablière) avec ses 4 km de sable accueille quotidiennement des milliers d’estivants, qui profitent des joies de la mer à l’ombre de la discrète présence de gendarmes et gardes communaux.

La mobilisation continue des gendarmes et des gardes communaux a fait que le vaste parking de cette plage isolée de la commune de Heuraoua, à l’extrême est d’Alger, ne désemplit pas.

La chose est évidente et les estivants ne le cachent pas. « Si nous sommes ici, c’est grâce à eux (gendarmes et gardes communaux) », assure un Algérien établi en Angleterre, très heureux de constater que les gendarmes ont retrouvé sa fille de 12 ans, qui s’est égarée sur la plage.

« La plage est loin de la ville. Pour les familles, il est impossible de venir jusqu’ici s’il n’y a pas la sécurité », souligne Djalil, un jeune employé de l’office des parcs, des sports et des loisirs (OPLA) qui gère la plage de Qadous pour le compte de la wilaya.

La plage est-elle sécurisée?

Il n’y a qu’à voir le nombre de visiteurs pour le constater. Sur le rivage, des milliers de personnes ont pris leur quartier, mardi soir, et profitaient du bon temps en famille sous des tentes ou des parasols ramenés avec soi où offerts gratuitement par l’OPLA.

Dans le parking, un relevé des numéros d’immatriculation des véhicules donne une idée sur l’origine des visiteurs. On en trouve des émigrés, qui côtoient des nationaux venus d’Alger, de Blida, de Tizi Ouzou, de Batna et de Setif entre autres.

Le parking rappelle par ailleurs qu’en l’absence des moyens de transport urbain, la fréquentation d’El Qadous est difficile voire impossible sans voiture. Bien sur, ces infinis cortèges d’automobilistes, il faut les canaliser aussi bien à l’entrée qu’à la sortie.

La gestion de la circulation à Qadous et ses environs est un véritable casse-tête. Il l’est d’autant qu’il n’existe qu’un seul axe routier à deux voies pour trois plages mitoyennes, à savoir Surcouf, El Qadous et Decca plage et où il faut compter avec les stationnements anarchiques et la présence des trabendistes et des maquignons sur les bords.

Cet axe routier rejoint la grande route Rouïba-Ain Taya au niveau du haouch « Inglad », un rond-point qui se signale par les concerts de klaxons d’automobilistes qui affichent ainsi leur impatience même pour quelques secondes d’attente.

C’est là en effet que les gendarmes canalisent au mieux le flux de la circulation notamment la grande pression quotidienne entre 18h00 et 23h00.

« Ce carrefour est stratégique pour la circulation dans tout Alger-est. On ne peut pas se permettre de le laisser sans surveillance permanente », assure-t-on.

Un camp de jeunes fermé depuis 2011

Pour l’été 2015, Qadous a bel et bien été dotée d’une forêt récréative, à l’entrée. N’empêche, c’est l’inexploitation du camp de jeunes offrant une superbe vue sur la plage et le lac de Réghaïa, qui reste en travers de la gorge.

L’APW d’Alger a déjà classé ce camp dans la catégorie des « infrastructures de loisirs détournées de leur vocation » à cause de la présence de ressortissants syriens, hébergés sur place depuis 2011.

L’APW d’Alger avait exigé que le Croissant rouge algérien (CRA) prenne en charge ces ressortissants dans ses propres structures d’accueil. A l’occasion du départ, mercredi matin, de 500 enfants algérois pour des colonies de vacances de deux semaines à Mostaganem, les responsables de la direction de wilaya de la jeunesse, des sports et des loisirs (DJSL), sont revenus à la charge.

« Le camp de jeunes de Qadous est un bijou pour la capitale. Le projet de sa réhabilitation existe, mais les travaux ne peuvent pas commencer à cause de la présence de quelques ressortissants syriens que le CRA doit prendre en charge dans ses propres structures », ont-ils déploré.

Dans la plage, les structures d’accompagnement sont toujours fonctionnelles, en dépit de quelques dégradations, notamment avec des lavabos arrachés dans les toilettes et les portes des vestiaires qui ont disparu pour « éviter que les fumeurs de drogue ne s’y cachent.

Malgré une affluence record, l’OPLA a installé une buvette qui ne propose que des boissons fraîches et des glaçons. Pour les plats et les sandwichs, il faut s’adresser à un restaurateur privé, qui tient le monopole.

Dans la gestion quotidienne de la plage, les gendarmes et les gardes communaux veillent à interdire les stationnements anarchiques tout en jouant au « chat et à la souris » avec les jeunes qui tentent de louer des accessoires de baignade notamment les parasols.

187 chaises, 64 tables et 90 parasols ont été saisis à Qadous, Réghaïa plage et Tarfaya, selon un bilan de la compagnie de Rouïba du Groupement d’Alger de la Gendarmerie nationale.

Vingt enfants égarés et retrouvés par jour

En soirée, ce sont les vendeurs et les consommateurs de drogue et de boissons alcoolisées qui sont dans le collimateur.

« Les gens veillent ici jusqu’à 23h00. Les personnes ordinaires s’installent tranquillement aux alentours des postes de la gendarmerie et des gardes communaux.

Ceux qui vendent ou consomment de la drogue, la bière et l’alcool se placent dans les extrémités de la plage et prennent la fuite au moindre mouvement dans nos postes », témoigne un gendarme affecté à Qadous.

Une autre préoccupation et non des moindres: les enfants égarés sur la plage. Selon les gendarmes, jusqu’à vingt cas sont enregistrés chaque jour.

Quand ils s’éloignent de leurs parents, pour aller se baigner ou faire un tour, les enfants se perdent facilement au milieu d’une forêt de parasols, a-t-on expliqué, mais les visiteurs finissent par les conduire vers le poste des gendarmes.

Le nouveau chef d’état-major du Groupement d’Alger de la gendarmerie nationale, Mokhtar Zeroual, a inspecté mardi soir le dispositif de sécurité en place à Qadous.

Il y a passé près d’une heure durant laquelle huit enfants égarés ont été conduits au poste des gendarmes avant que leurs parents ne se manifestent quelques minutes après avoir constaté leur disparition.

Il a d’ailleurs insisté sur la relation étroite qui existe entre le niveau de sécurité et le volume de la fréquentation de cette plage. « La fréquentation de la plage dépend de vous. Si vous veillez comme il se doit à la sécurité des lieux, les estivants y seront très nombreux, dans le cas contraire, ils disparaîtront », a-t-il dit en s’adressant aux gendarmes en poste.