Qadiriya, le Calife général, en novembre prochain à Alger : Regain d’intérêt de l’Etat pour le spirituel confrérique contre le radicalisme

Qadiriya, le Calife général, en novembre prochain à Alger : Regain d’intérêt de l’Etat pour le spirituel confrérique contre le radicalisme

Écrit par Rachid Bouarroudj

Le Calife général de la confrérie Qadiriyya, El Hadj Mbou El Kounti, sera l’hôte de l’Algérie du 2 au 6 novembre. L’annonce en a été faite vendredi par le porte-parole de la confrérie au Sénégal et en l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Abdurahman El Kounti, lui-même reçu par Mohamed Aïssa, ministre des Affaires religieuses et des Waqfs.

Ce n’est pas la première fois que des figures confrériques de cette importance viennent dans notre pays, qui est un haut lieu de la confrérie musulmane, les zaouïas comme on les appelle communément chez nous. Aïn Madhi dans la wilaya de Laghouat, est le siège du califat général de la zaouïa tidjaniya et un des grands sites sacrés de pèlerinage pour ses adeptes. L’Algérie «est le berceau de la dynastie Bounaamiya Okbaouiya, où Oqba Ibn Nafi al-Fihri est considéré comme l’aïeul de ces familles qui se trouvent au Sénégal», a soiligné cheikh El Kounti. Le contexte, lui, est cependant différent. Il est marqué par un regain d’intérêt de l’Etat algérien pour le spirituel confrérique comme porteur de valeurs de tolérance et du vivre-ensemble contre le radicalisme et l’extrémisme dont la menace en Algérie reste présente.

Cet intérêt s’est caractérisé, pour la chronique journalistique, par la visite très remarquée qu’a rendue le chef de l’Etat, en mai dernier, à la confrérie Belkaïdia, à Alger, où il a inauguré son siège.

Cette visite a redonné aux confréries une plus forte visibilité et une audience dont on retrouve l’écho fréquent dans les interventions du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa. Leur consécration est toutefois venue après que les Nations unies aient adopté, le 8 décembre 2017 en Assemblée générale, la résolution 72/130 proclamant le 16 mai Journée internationale du vivre-ensemble en paix. Cette journée, dont a été célébré le premier anniversaire au printemps dernier, est d’inspiration algérienne et la paternité de la résolution qui la consacrée revient à l’Association internationale soufie alawyia (AISA), basée à Mostaganem.

Son chef spirituel Cheikh Khaled Bentounès joue un grand rôle dans le rapprochement des cultures et des religions et pour la défense d’un islam des lumières, tolérant et ouvert, opposé à celui véhiculé par les groupes djihadistes.

Pour les observateurs, il y a dans la faculté des zaouias à promouvoir un islam de savoir et d’apaisement, un lien fort à établir avec la ligue des imams et prêcheurs des pays du Sahel, engagés depuis avril 2013 dans l’information et la sensibilisation contre l’extrémisme religieux dans le continium Maghreb-Sahel. A ce titre, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs a indiqué que la rencontre avec cette délégation, qui représente la confrérie Qadiriyya au Sénégal et en Mauritanie, a abordé «l’éventualité de la coopération, de la formation et de la communication».

Cheikh El Kounti est également en Algérie afin de préparer la visite du Calife général qui le conduira à la confrérie Qadiriyya dans la région de Touat, dans la wilaya d’Adrar, en particulier. Une occasion qui se veut, selon M. Aïssa, «une opportunité pour consolider les liens de fraternité entre la confrérie Qadiriyya en Algérie, laquelle se prolonge jusqu’en Afrique et au Sahel». Au vu de l’espace géographique qu’elle couvre, ce rapprochement se veut aussi une manière de lutter contre l’extrémisme qui menace cet ensemble géographique en renforçant le rôle des confréries dans la prévention et la sensibilisation contre les idées extrémistes et radicales.