Jamais l’opposition algérienne n’a paru aussi proche d’une réunification de ses rangs qu’aujourd’hui. Sur le fond, des partis comme le PT, le FFS et le RCD semblent d’accord sur le fait qu’il faut engager la refonte totale du système politique en Algérie. Mais chacun a sa conception de la manière dont il faut s’y prendre. Au demeurant le PT a des atomes crochus avec le FFS. Tous les deux réclament la mise en place de l’assemblée constituante.
Quant au RCD, il a adhéré à la Plate-forme pour le changement démocratique en Algérie défendue par la CNCD (Coordination nationale pour le changement et la démocratie) dont on peut supposer d’ailleurs qu’il en est l’un des plus principaux initiateurs. La proximité entre les 3 protagonistes se manifeste à différents niveaux.
Me Ali Yahia Abdenour, président d’honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme a joué un rôle important dans la création de la CNCD. Réputé proche du FFS, il se retrouve après l’implosion de la CNCD, dans l’aile où figure le RCD. De ce fait il se range dans le camp de ceux qui s’opposent à l’autre aile où siège Me Bouchachi, le numéro 1 de la LADDH, dont il est justement comme on l’a dit le président d’honneur.
Dans le meeting qu’il vient de tenir samedi à El Harrach, Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS n’a pas exclu de s’associer à une initiative pour la formation d’un pôle de l’opposition. Mais tout en émettant ce souhait il a tout de suite fait part de son scepticisme en évoquant l’absence d’un « contrat politique clair, fondé sur une éthique et des valeurs ». Au reste, le PT donne l’impression de surfer sur une ambiguïté royale.
D’un côté il se félicite de ce que le projet de réforme annoncé par Abdelaziz Bouteflika est un « programme ambitieux » qui selon lui est à même d’asseoir la « représentativité politique et sociale grâce à des élections démocratiques et transparentes » et d’un autre côté il se dit refuser des élections législatives pour l’année prochaine qu’entendent faire tenir les autorités.
La SG du PT Louisa Hanoune n’a pas donc hésité à réclamer des élections législatives anticipées pour l’année en cours. Le FFS plus radical refuse sans nuance de s’inscrire dans la feuille de route tracée par le chef de l’Etat.
« Nous attendons des actes concrets vers le changement afin de rétablir la confiance dans le pouvoir et dans l’Etat, et non pas du bricolage », a déclaré Tabbou lors de son dernier meeting. Autrement dit le doyen des partis de l’opposition ne croit pas à l’offre du pouvoir. Et en cela il rejoint le RCD qui lui aussi rejette en bloc les propositions de sortie de crise du pouvoir.
Mais le parti de Saïd Sadi dans le cadre de la CNCD a manœuvré de telle sorte à éviter la revendication de la constituante puisque cette structure a proposé un plan de sortie de crise à rebours de celle-ci.
La constituante implique un processus électoral libre devant déboucher sur la rédaction d’une constitution devant organiser le nouveau régime politique du pays tandis que la Plate-forme pour le changement démocratique prévoit la tenue d’une conférence nationale à laquelle il sera confiée la mission de désigner un conseil national de transition démocratique (CNTD).
Celui-ci devant procéder- à la dissolution de toutes les institutions élues, à la nomination d’un gouvernement de transition et- à la rédaction d’une constitution.
Mesurez la différence entre les deux propositions. La première choisit les acteurs chargés de rédiger la constitution, en recourant à des élections la deuxième opte pour la cooptation. C’est dire les angoisses et les peurs qui continuent de hanter l’opposition à la veille du changement.
Par : LARBI GRAÏNE