Proximité, efficacité et innovation: la santé selon Boudiaf

Proximité, efficacité et innovation: la santé selon Boudiaf
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L’ambition du ministre de la Santé est d’adapter le Système national de santé aux nouveaux défis, en rapport avec les nouvelles maladies émergentes.

Le Système national de santé est l’une des fiertés de l’Algérie indépendante. Même si les Algériens ont tendance à y trouver beaucoup de lacunes, il y a lieu de relever que c’est bien grâce à la politique sanitaire de l’Algérie que la population algérienne est globalement en bonne santé et le taux de vaccination frôle les 100%, avec en prime une quasi-disparition de toutes les infections transmissibles. Pourtant, au lendemain de l’indépendance, la population algérienne était très insuffisamment couverte au plan sanitaire. Les indices en rapport avec la santé publique étaient catastrophiques. L’espérance de vie, la mortalité infantile, la mortalité des femmes à l’accouchement, la prévalence des maladies infectieuses et l’absence totale de structures de santé dans de nombreuses régions du pays, était le tableau que présentait l’Algérie avec son accession à l’indépendance. Le système colonial jugeait, sans doute, non rentable la prise en charge des populations «indigènes». Il faut dire que les résultats sur le terrain ont montré tout l’intérêt de la gratuité des soins adoptée par l’Algérie en 1974. Mais il a aussi été constaté la nécessité de la mutation du Système national de santé pour garantir une plus grande efficacité et surtout accéder à l’universalité telle que stipulée par l’OMS. Il est entendu que cette «mutation» devra être l’aboutissement d’une démarche initiée par le premier responsable de la santé, à partir d’une conviction que l’Algérie dispose des moyens humains pour réaliser un saut qualitatif dans la prise en charge des malades.

Un saut qui impose prioritairement le respect du malade, la bonne tenue des structures de santé et le sens du professionnalisme de tout le personnel de santé publique. Cela ne s’acquiert pas avec de l’argent, mais relève de la déontologie médicale. Le ministre de la Santé, qui a inauguré sa fonction à la tête du secteur par des visites-surprises, tendant à corriger certains aspects négatifs de la prise en charge des malades dans les structures sanitaires du pays, a également mis l’accent sur les facteurs limitant le développement de la santé en Algérie. Il est entendu que des problèmes objectifs de moyens, de leur optimisation ou encore de la nature même de certaines structures constituent des entraves réelles au bon exercice de la médecine en Algérie.

Adapter le Système national de santé aux nouveaux défis, en rapport avec les nouvelles maladies émergentes, dont le cancer et autres grandes maladies chroniques qui nécessitent une organisation plus efficiente de la santé publique pour mieux les gérer, n’est certainement pas une mince affaire. La nouvelle loi sanitaire, en débat entre professionnels depuis plus d’une année, apporte les réglages nécessaires et promet de faire faire le saut qualitatif que tout le monde appelle de ses voeux en Algérie. Car une chose est sûre, il n’est pas question de revenir sur le principe de la gratuité des soins, ni de brader la santé des Algériens. La volonté politique est on ne peut plus claire, mais la réorganisation du système est rendue impérative pour un maximum d’efficacité. Le ministre de la Santé qui dit avoir retardé la présentation de la loi au gouvernement dans le but d’associer tous les acteurs, entend donner plus de moyens et de responsabilités à la santé de proximité. Un travail qui ne sera pas aisé, puisqu’il faut réconcilier le citoyen avec la polyclinique qui, à un moment, ne jouait pas tout à fait son rôle. Abdelmalek Boudiaf entend également associer le secteur privé à la stratégie globale, histoire de mutualiser les efforts de l’ensemble des intervenants dans le secteur de la santé. L’objectif final de la nouvelle loi sanitaire consiste à placer le Système national de santé dans une perspective positive sur une longue période. En fait, il s’agira de donner au secteur les outils de son émancipation effective sur plusieurs années. Cela se verra dans la gestion des grandes structures de santé, à l’image des hôpitaux qui devront intégrer l’ensemble des spécialités médicales et traiter en interne un maximum d’interventions chirurgicales. En un mot comme en mille, et le ministre de la Santé l’a déjà régulièrement souligné, nos hôpitaux doivent se hisser au niveau international et apporter un service de qualité à tout point de vue et sur l’ensemble des actes médicaux. Il est question d’assurer une autonomie totale en matière de santé publique, un travail qui accompagne celui du secteur pharmaceutique qui ambitionne également de fabriquer un maximum de médicaments localement.